Une nuit d'octobre

Mehdi Lallaoui est un réalisateur engagé. de la commune de Paris à Jean-Marie Tjibaou, des "poilus d'ailleurs"à la banlieue, il s'intéresse à tous les laissés pour compte de notre histoire. Il est l'auteur de trois romans de la même veine : « Les beurs de Seine » (ed.Arcantères, 1986), « La colline aux oliviers » (ed. Alternatives, 1998), et enfin cette Nuit d'Octobre, (ed. Alternatives, 2001).

Cette nuit en question, il l'aborde dans les yeux du jeune Dadou, coursier, collectionneur de mobylettes, fils d'un manifestant du 17 octobre. Dadou tente avec quelques amis de faire éclater la vérité au procès que l'ancien préfet de police de Paris Maurice Crapon a intenté à un journaliste qui lui faisait porter la responsabilité du massacre. Au procès, Dadou croise la jeune Agnès, fille d'un policier à la retraite victime des attentats du FLN. Elle aussi, cherche la vérité. Ils partageront quelques péripéties.

Medhi Lallaoui s'appuie sur des faits historiques. Ses personnages avancent à peine masqués : Papon devient Crapon, Daniel Mermet devient Daniel Quermet. le journal le Monde devient le Globe. Quant fond sur lesquel il s'appuie, il s'agit du procès du 15 février 1999, dans lequel l'ex-préfet de la collaboration attaquait le journaliste Jean-Luc Einaudi qui avait écrit dans le Monde "que la répression policière de la manifestation avait constitué un "massacre" perpétré "par des forces de police agissant sous les ordres de Maurice Papon".

Le livre de Mehdi Lallaoui a le mérite de nous rappeler à la modestie relative de notre histoire. C'est à ce titre un roman engagé, honnête, et probablement utile. D'à peine deux cents pages, il se lit rapidement, peut-être un peu trop. Légitime (fils d'un manifestant du 17 octobre comme son héros), l'auteur m'aurait gagné s'il avait collé de plus près la réalité, évité quelques approximations judiciaires, certains personnages caricaturaux, des aventures rocambolesques. Il m'aurait conquis encore d'avantage s'il avait abordé toutes les responsabilités et n'avait pas scindé le monde entre des méchants très très méchants et des gentils vraiment très très gentils. Mais ça aurait été une autre histoire et il aurait fallu quelques pages de plus. Reste un livre assez léger sur un sujet grave, qui a le mérite de remettre quelques pendules à l'heure d'une époque où "une vie de bougnoule ne valait pas grand chose".