Citations sur Méditations poétiques : Nouvelles Méditations poétiques (58)
Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur
Aimons donc, aimons donc !
De l'heure fugitive, hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a pas de rive ;
Il coule et nous passons !
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
« Le livre de la vie est le livre suprême
Qu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir
à son choix ;
Le passage attachant ne s’y lit pas deux fois.
Mais le feuillet fatal se tourne
de lui - même ;
On voudrait revenir à la page
où l’on aime .
Et la page où l’on meurt est
Déjà sous vos doigts » …
Qui chérit la nature est deux fois citoyens !
Et qu'est ce que la vie?un réveil d'un moment!
De naître et de mourir un court étonnement!
Un mot qu'avec mépris l'Être éternel prononce!
Labyrinthe sans clef!question sans réponse,
Songe qui s'évapore,étincelle qui fuit!
Eclat qui sort de l'ombre et rentre dans la nuit,
Minute que le temps prête et retire à l'homme,
Chose qui ne vaut le mot dont on la nomme!
(Au créateur)
Sans t'épuiser jamais, sur toute la nature
Tu pouvais à longs flots répandre sans mesure
Un bonheur absolu.
L'espace, le pouvoir, le temps, rien ne te coûte.
Ah ! ma raison frémit, tu le pouvais sans doute,
Tu ne l'as pas voulu.
(Le désespoir)
(Réponse du créateur)
Quand les voiles de ma sagesse
A tes yeux seront abattus,
Ces maux, dont gémit ta faiblesse,
Seront transformés en vertus.
De ces obscurités cessantes
Tu verras sortir triomphantes
Ma justice et ta liberté.
(La providence à l'homme)
Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?
Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...
L'automne
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Les voiles
Quand j'étais jeune et fier et que j'ouvrais mes ailes,
Les ailes de mon âme à tous les vents des mers,
Les voiles emportaient ma pensée avec elles,
Et mes rêves flottaient sur tous les flots amers.
Je voyais dans ce vague où l'horizon se noie
Surgir tout verdoyants de pampre et de jasmin
Des continents de vie et des îles de joie
Où la gloire et l'amour m'appelaient de la main.
J'enviais chaque nef qui blanchissait l'écume,
Heureuse d'aspirer au rivage inconnu,
Et maintenant, assis au bord du cap qui fume,
J'ai traversé ces flots et j'en suis revenu.