Dans la vie, les réponses sont souvent claires, mais parfois il arrive que même les questions ne le soient pas.
Pris par l'ambiance, je riais avec tout le monde, puis j'entendis tout à coup un gloussement grossier au fond de la salle. Je me retournai. C'était le vieux concierge noir debout près de la poubelle dont émergeait le manche d'un balai. Il se bidonnait tellement que j'avais l'impression qu'on allait devoir l'assommer pour le faire taire.
Et soudain, quelque chose bascula en moi. Je pensai : voilà un noir qui trouve ça drôle. Qui croit que c'est de l'humour que de se moquer de sa race et de lui-même.
Du coup, je cessai de rire. Et ça n'avait rien à voir avec de la résistance. A partir de ce moment-là, rien de ce qui se passa sur scène, tout le reste de la soirée, ne me parut pas marrant.
Bref, en ce qui concernait mes expériences estivales, il ne manquait plus que les soucoupes volantes et le monstre du Loch Ness.
Buster n'avait pas toujours raison, et il n'était pas sûr de lui tout le temps, mais ce que j'ai retenu -et qui m'a, depuis, semblé vrai-, c'est ce qu'il m'a expliqué sur la vie : elle n'est pas toujours satisfaisante, et au bout du compte, la chair et la poussière finissent par ne plus faire qu'un.
C'était un projet ridicule, mais les adolescents sont coutumiers du fait.
- J’sais pas s’il aime quelqu’un. Y s’aime pas lui-même. Et, m’sieur Stanley, faut s’aimer soi-même avant d’être capable d’aimer quoi que ce soit d’autre. Même si c’est qu’une fleur ou qu’un simple buisson que tu cultives.
Sûr que si j'avais été capable de traduire le langage des chiens, je n'aurais pas osé répéter ce que Nub balançait à ce fichu rongeur. Et ce que celui-ci lui couinait en réponse n'était sans doute pas moins incendiaire.
- Pas ce soi, Nub. Couché !
J’entrouvris la porte, puis, me retournai pour lui jeter un coup d’œil. Il s’était rallongé et me lança ce genre de regard triste ont seuls les chiens ont le secret.
Y'a des gens comme ça, y sont comme les kakis : amers à la naissance, doux pendant pas très longtemps et après, ils pourrissent vite.
[...] ... - "[Le fantôme] est de l'autre côté de la scierie," dit Richard [= meilleur copain de Stan]. "Il faut traverser la forêt pour rejoindre les rails. Je peux pas te garantir que tu verras quelque chose. Mais on raconte qu'il est là.
- Traverser la forêt ?" répéta Callie [= soeur de Stan.]
- "Exact," répliqua Richard en me jetant un coup d'oeil. "C'est pour ça que je voulais pas que tu ramènes une fille, Stanley.
- Ca veut dire quoi, ça ?" grommela Callie.
- "Ca veut dire que t'as l'air tout effarouchée. Ooooohhhh, la forêt ! Les ronces risquent d'abîmer ta mise en plis.
- J'ai pas dit que je ne pourrais pas le faire. Ni que je ne le ferais pas. Je t'ai juste demandé où était le fantôme. Je suis là pour en voir un, non ? Tu penses qu'une scierie en ruines et quelques sapins vont m'arrêter ?
- Stanley t'a prévenue que ce revenant n'avait plus de tête ?
- Si t'essaies de me ficher la trouille, laisse tomber. Si c'est vraiment un fantôme, alors je suppose que j'aurais la pétoche de toutes façons, qu'il ait une tête ou pas. ... [...]