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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans un pays d'Afrique dévasté par la guerre civile, Séraphine voit sa famille et ses voisins massacrés par les rebelles.
Sauvée de justesse de la mort par un raid de l'armée régulière, elle rejoint Blandine et devient une lionne impavide, rejoignant une armée de femmes.
Au fil des jours et des rencontres, la résistance se transmet d'une femme à l'autre comme autrefois les gestes simples d'un quotidien que l'horreur a balayé.
Parce qu'elles découvrent que c'est possible : on peut refuser de vivre l'échine courbée, une terreur foudroyante rivée au coeur et au corps, on peut choisir de tout risquer si c'est pour ne plus être qu'une victime.

Dès les premières pages de ce roman extraordinairement puissant, très minutieusement construit et magnifiquement écrit, on épouse la cause de ces femmes, marchant dans la forêt à leurs côtés, ressentant leurs souffrances, leurs peurs, mais surtout cette immense force capable de soulever des montagnes.

Ce roman est un coup de poing, un de ces livres qui bouscule, dont l'écriture poétique et âpre de Céline Lapertot résonne encore longtemps après la lecture.
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Cécile Lapertot manie avec excellence une écriture dense et prenante, rythmée par des refrains sombres et cruels, à la manière de mantras récités pour se donner du courage, se déconnecter de la réalité et auxquels le lecteur s'accroche, comme envoûté.
Dans ce pays d'Afrique, la guerre fait rage, et si on n'agit pas, on subit. On se soumet au racket, aux tortures, aux mises à tabac, au vol, et pour les femmes, aux viols.
On le sait, le viol est une arme de guerre. Les miliciens qui saccagent le petit village paysan de Séraphine le savent bien. Une fois les maisons pillées et brûlées, les hommes égorgés, les enfants enlevés pour être enrôlés en tant que soldat - guetteur, les femmes sont violées. Toutes. Plusieurs fois.
Comment se remettre de ce crime?
Séraphine n'a plus d'avenir: plus de maison, plus de famille, plus de fiancé car celui qui lui était promis ne voudra plus d'une femme déshonorée.
La troupe des "Lionnes impavides", menée par la spectaculaire Blandine, sera la seule porte ouverte vers un futur possible: tuer pour ne plus être soumise.

Un roman captivant, difficile à lâcher durant les 150 premières pages, puis qui, malheureusement, perd un peu de son souffle, lors des passages reprenant les réflexions des personnages secondaires. Toutefois, Céline Lapertot posède un réel talent d'écriture que l'on rencontre assez rarement. Une auteure à suivre!


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J'avais tellement aimé ma précédente lecture de Céline Lapertot que j'avais découvert avec Ne préfère pas le sang à l'eau que je voulais découvrir les deux autres ouvrages qu'elle a écrit.

Celui-ci est son deuxième roman (le premier « Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre ») m'attend sur mes étagères mais je vais laisser passer quelques jours car on ne ressort pas indemne d'une telle lecture.

Dès les premières pages, comme précédemment, on entre dans le vif du sujet avec l'attaque du village de Séraphine et le massacre de sa famille : son jeune frère, sa mère et son père qui assistera à son viol avant de mourir.

L'action se déroule en Afrique, mais qu'importe le pays, elle se déroule là mais pourrait se dérouler ailleurs, dans un pays en guerre. Séraphine est une jeune fille de presque 20 ans, qui rêvait d'épouser Sumpun dont elle était amoureuse, les fiançailles étaient proches mais les miliciens qui vont croiser son chemin vont changer le cours de sa vie. Adieu les rêves, plongeon brutal dans la réalité d'une guerre.

Elle a échappé à la mort de justesse, mais n'aurait-elle pas préférer mourir, et va se trouver projetée dans une armée principalement composée de femmes, les « Lionnes impavides » qui ont toutes subies outrages et violences et qui n'a qu'un seul but, chasser et tuer les miliciens responsables de ses douleurs familiales, physiques et mentales.

Elle partira rejoindre Blandine, la chef de cette armée, celle qui était à son chevet et qui lui a insufflé l'envie de se lever, de marcher, de lutter et de rejoindre celles qui se battent. Elle sera son étoile, son modèle, celle qu'elle voudra devenir.

La marche est notre socle, le fondement de notre petite civilisation. Nous marchons pour vendre, nous courons pour fuir mais nous marchons encore pour tuer. (p22)

Séraphine n'a plus rien à perdre car elle a déjà tout perdu : sa famille, sa vie future car aucun homme ne voudra d'elle désormais et puis elle veut se venger : elle ne veut plus subir, si on la touche : elle tue, si on l'empêche de parler : elle tue, si on l'empêche de penser : elle tue. C'est une véritable machine de guerre.

Et ce ne sont pas que des mots, car sur sa route elle rencontrera Nerine qu'elle sauvera d'un viol et d'une mort certaine et devra passer aux actes en tuant son agresseur, elle sait désormais qu'elle peut tuer.

Ce que j'aime dans les romans de Céline Lapertot, et plus particulièrement dans celui-ci c'est qu'elle se glisse littéralement dans la peau de ses personnages et s'imprègne de ce qu'ils vivent : pesant le pour, le contre, analysant leurs sentiments, leurs réactions en fonction des événements, des rencontres.

La narration est faite à plusieurs voix, parfois face aux journalistes, comme un reportage. Chacun parle de soi mais aussi des autres ce qui permet d'avoir un regard extérieur sur chaque personnage, confrontant les différents points de vue,les différents ressentis : Séraphine, Blandine, le Docteur Basonga, Nerine, Mélusine avec qui elle nouera une relation oscillant entre doute, jalousie, amitié, car enrôlée alors qu'elle faisait partie d'un groupe ennemi et Kadhi, jeune homme troublé par Mélusine et qui donne une note d'espoir dans toute cette noirceur.

Chacun sa vision : la blessée, la chef, le médecin, la rescapée. Celle qui commence, celle qui sait, celui qui soigne et celle qui n'avait peut être pas le choix.

Il y a la violence, la haine, la détermination de ces femmes qui n'ont plus peur de rien : ce sont les « lionnes impavides » que peut-il leur arriver qu'elles n'ont déjà subi : les larmes, le sang elles savent ce que c'est, on les a amputés de leur vie de femme, parfois d'une future vie de mère, elles n'ont plus rien à perdre que leurs vies et tant qu'elles avancent elles ne pensent pas au passé, elles sont encore en vie.

Les phrases sont courtes, les mots sont durs et implacables, le rythme est soutenu. Pas de faux-semblants, pas d'édulcorant on est dans le vif du sujet, face à ceux qui violent, qui égorgent et qui humilient.

Il y a Blandine, la meneuse, la guerrière, qui détecte au premier regard ceux qu'elle va enrôler dans son armée et qui fait preuve de discernement dans ses choix. Elle se tient droite, elle sait où elle va et qui elle emmène avec elle.

La haine exige tellement moins de force que le pardon. (p159)

Mais elle peut être aussi un colosse aux pieds d'argile car pour tenir ce poste il faut être solide, entière et le combat est rude.

Les femmes dansent sous les bombes mais leurs corps et leurs âmes ont tellement soufferts que la danse n'est pas tendre. Elles sont broyées, blessées mais elles deviennent de vraies guerrières. Elles dansent ensemble, la douleur les unit.

C'est avec le même souffle que j'avais trouvé dans Ne préfère le sang à l'eau que l'auteure nous parle de l'injustice, de la violence, des femmes mais aussi des enfants pris dans la tourmente de la guerre, jeunes, très jeunes, trop jeunes et qui deviennent également des armes de guerre.

Les deux romans que j'ai lus de Céline Lapertot sont des cris sur notre monde, sur sa brutalité, sur les innocents qui payent le plus gros tribut, parce que plus faibles.

Quelle force l'auteure met dans ses récits : on ouvre le livre et malgré les horreurs décrites, on est happé par le récit, on tourne les pages, oscillant entre émotion, douleur et admiration, oui admiration pour ces femmes qui se battent afin d'obtenir, non pas réparation car rien de ce qu'elles ont subi n'est réparable, mais justice pour le mal qu'on leur a fait.

Oui quand on ouvre un livre de Céline Lapertot on part pour un voyage dont on revient bouleversé par le rythme et les mots, par la colère qu'elle glisse dans chacun, c'est une claque mais aussi une prise de conscience.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Dans ce roman, nous faisons connaissance avec les souffrances et la force de Séraphine, devenue une lionne impavide après le massacre de sa famille, avec Blandine, avec ces femmes qui, pour ne pas mourir, vont danser sous les bombes. Mais cette danse-là n'a rien de poétique ni d'imagé. Elles vivent au Congo, mais cela pourrait être en Afrique ou dans n'importe quel pays en guerre. Là où la vie d'une femme et son intégrité sont bien trop souvent de vains mots, quand les hommes, tous puissants, se servent, violent, pénètrent, éventrent, massacrent, tuent (les faibles, les enfants, bien sûr) mais surtout les femmes, premières victimes des violences et des exactions, partout et de tous temps. C'est aussi un roman qui monte l'indicible, les sentiments de honte, de peur, d'un père qui assiste au massacre de sa femme ou de ses filles, ce regard de désespoir que l'on peut ressentir et imaginer, tant les mots sont précis et forts.
C'est avant tout un hymne à la femme, résistante, confiante, courageuse, et cependant toujours fragile. Il y a infiniment de puissance dans ces lignes, de sentiments très forts, d'amitié, de confiance, de courage. Il y a aussi des peurs et des victoires, sur soi-même d'abord, puis sur l'autre, l'ennemi, le milicien, celui qui tue impunément le plus souvent, puisque l'acte de tuer, de se rebeller, de se défendre, n'est pas un sentiment naturel chez ces femmes. Elles donnent la vie, élèvent les enfants, cultivent la terre, nourrissent leur famille. Elles n'ont pas été élevées pour tuer, mais doivent se lever et se défendre pour vaincre le mal qui gangrène leur pays, leur tribu.
Écrit avec des mots superbes de justesse et de retenue, c'est un livre sur la passation du savoir, l'entraide, l'amour de son pays, l'amour de l'autre que l'on défend au péril de sa vie, sur les choix que l'on fait ou que l'on aurait dû faire et qui décident d'un avenir, sur le goût amer de la défaite aussi.
La construction est intéressante, présentant une alternance de personnages qui s'adressent à une journaliste qui filme et interroge. Mais ce n'est ni lourd ni répétitif, au contraire. Les chapitres sont courts et on s'attache rapidement aux différents personnages que l'on voudrait mieux connaitre tant leurs personnalités sont passionnantes. Un très beau roman.
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Un livre qui attendais d etre lu depuis un certain temps
Une petite déception, je ne connaissais pas cet autrice
C est l histoire des femmes dans certains pays d Afrique qui décident de s engager comme guerrières pour se venger de ce que les hommes leur font subir
C est assez sanguinolent ame sensible s abstenir
C est plus un récit qu un roman.
Je n ai pas réussi à sympathiser avec les personnages
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Séraphine est dans une forêt africaine lorsqu'elle entend des cris. Les miliciens massacrent les habitants de son village. Elle pénètre dans sa maison. le frère est mort, le corps de la mère est profané, le père agonise.
Violée par les sauvages, elle est sauvée par l'armée régulière qui l'emmène dans un dispensaire où un médecin attentionné la soigne et où Blandine lui fait promettre de rejoindre le mouvement de lutte des « lionnes impavides ». Elle y trouvera une nouvelle famille, elle qui a perdu la sienne. Elle y vengera l'honneur de son clan, de son père qui l'a vue se faire souiller.
Roman choral porté par les voix des femmes enrôlées dans un soulèvement patriotique et fraternel, « Des femmes qui dansent sous les bombes » prouve que Céline Lapertot, dans la lignée du bouleversant « Et je prendrai tout ce qu'il y à prendre », est l'une des paroles les plus singulières de la littérature actuelle.
Malgré la gravité et la violence du sujet, elle parvient à apporter de la légèreté à son récit en insistant sur l'amitié qui unit les combattantes.

EXTRAIT
- Quiconque les empêche de marcher vers la vie, elles les tuent.


Lien : http://papivore.net/litterat..
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Tout est dans la puissance de l'écriture qui magnifie ces femmes blessées, détruites, auxquelles la haine, la rage, donnent la force de rebondir, de se venger en devenant des lionnes intrépides dans l'armée régulière de leur pays en guerre fratricide.
Des passages incantatoires qui nous font les suivre en pensée, courir, voler avec elles.
La beauté du style ferait presque oublier un instant que ces horreurs, ces massacres, existent réellement.

"Ça rêve de quoi, dans cette petite tête.
Ça rêve des cris des hommes, des cris du frère, du père et de la mère. Ou alors ça ne rêve pas. Ça ne fait que trembler en s'accrochant aux lisières pour ne pas sombrer dans le néant. Parce que ça veut vivre, un jeune corps comme celui_là. Ça veut s'engager dans la bataille, survivre et se venger, qui sait."
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Histoire terrible mais qui n'est pas dénuée de force et de caractère. Un hymne à la liberté, aux femmes, au courage, à la force (putain ça fait cliché !). C'était beau.
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