« Quelque part en Afrique. Aujourd'hui. »
...où la guerre civile fait rage, brise des vies, décime des familles, violente, torture, achève, condamne, brise tout sur son passage, rêves, illusions, paisibles cocons familiaux, le petit nuage de coton doux et paisible dans lequel la vie aurait pu être si belle, si facile ... pour laisser place au chaos.
Ce récit est poignant, sidérant, cru, convoquant rage et colère face à tous ces actes immoraux et sanglants perpétrés ... au nom de quoi ? du pouvoir ?
Dominer pour mieux régner, sans loi ni foi, sans retenue aucune, sans états d'âmes, des dominants rebelles masculins, miliciens barbares, sauvages qui font naître la haine dans le coeur des femmes résistantes.
Face à la barbarie, la défense se met en place, incarnée par des "lionnes impavides", qui ont fait le choix de s'armer, de se battre, de tuer...dépassées par leurs actes "La vie échappe à notre contrôle, la vie au milieu de la guerre échappe à tout contrôle.", mais n'exprimant aucun regret "Les doutes sont pour les faibles. Les regrets, pour les femmes qui ont encore des choses à perdre.", poussées par une rage indicible, un besoin évident de justice, de vengeance, de lutter corps et âmes, de danser sous les bombes pour ne pas être réduites au silence, pour recouvrer leur dignité.
«Quiconque étouffe mes mots, je le tue.
Ce n'est pas que c'est facile, mais à présent ça a l'air tellement plus abordable. Tuer est devenu une nécessité. le sang glisse dans les mains, s'écoule entre les phalanges. On vomit son dégoût. Puis on avance.»
«Vous ignorez ce qui brûle, ce qui ronge, les muqueuses, la peau des cuisses. Vous ignorez les tambours du ventre quand les poings s'enfoncent. Vous ignorez, je vous envie. Je vous souhaite un quotidien sans encombre.»
La construction du récit est très intéressante : des femmes, des hommes témoignent, se confient à des journalistes, et ce procédé d'écriture renforce la dimension humaine de ce récit. L'auteure nous invite à mieux les connaître, les comprendre et c'est tout naturellement, que l'on se sent proche d'eux, que l'on s'y attache, que l'on partage leur haine, leur colère, leur dévouement pour leur pays.
La force des ces femmes est inouïe, leur engagement est remarquable, héroïque, force l'admiration, elles incarnent le courage et un amour infini pour la Vie.
Une image me hante encore, celle des enfants de la guerre, "des enfants qui n'ont pas dans la bouche
le goût de l'innocence.", enrôlés par la force des choses dans cette barbarie.
Un récit qui ne peut laisser indifférent, qui m'a transportée bien loin de mon quotidien, qui m'a émue aux larmes et résonne encore au fond de moi comme un très bel hommage rendu à ces combattantes, puissantes et héroïques face aux horreurs qu'une guerre civile inflige.
« Séraphine est une de ces femmes qu'on sous-estime parce qu'elles sont des femmes. On les peint fragiles et précieuses, mais on détruit ce qu'on pensait ériger au rang d'oeuvre d'art. »
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