Si j'avais envie de profiter de l'intégralité de votre conversation avec votre directeur de thèse, je laisserais ma porte ouverte et je commanderais du pop-corn. Vous avez vraiment besoin de parler aussi fort ? (page 62)
Nous sommes seuls. Je ferme les yeux, en essayant de respirer, mais bien sûr, je ne sens que lui. Je ne veux pas qu'il soit avec une autre femme. Ce sentiment est si renversant qu'il me coupe le souffle. C'est terrifiant. Il peut me briser le coeur en un claquement de doigts.
Chaque mouvement, chaque contact, chaque mot et chaque baiser ont été partagés. Personne ne m'a jamais fait un tel effet. C'est comme si nos corps avaient été conçus l'un pour l'autre.
Le ventilateur au-dessus de mon lit comporte exactement 83 trous, 29 vis, 5 pales et 4 ampoules.
- Ton écriture s'est améliorée, dis-je sans avoir trouvé mieux.
- Ta gueule, me sourit-elle en faisant cliquer le bouchon de son stylo.
Ma bite durcit dans mon pantalon.
Venez avec moi », ordonne-t-elle en m’attirant vers le fond du magasin.
Elle me mène jusqu’à une cabine d’essayage. Elle doit être ici depuis un moment, si j’en crois les piles de sous-vêtements qui envahissent les chaises, les portemanteaux croulant sous le satin et la dentelle. Des haut-parleurs bien répartis diffusent de la musique, suffisamment fort pour que je ne m’inquiète pas de ses cris si jamais je l’étrangle. Elle ferme la large porte ornée d’un miroir, dans le coin opposé à une chaise recouverte de soie. Elle plante ses yeux dans les miens :
- Vous m’avez suivie jusqu’ici ?
- Pourquoi est-ce que je ferais une chose pareille ? m’exclamé-je.
- Donc vous étiez en train de vous promener dans un magasin de lingerie féminine, juste comme ça. Vous jouez au pervers pendant vos heures de loisir ?
- Remettez-vous, mademoiselle Mills.
Pour arriver en haut de l’échelle, il faut commencer par le bas.
Ce type serait parfait s'il consentait à garder la bouche fermée. Un peu de ruban adhésif ferait l'affaire. J'en ai dans un tiroir de mon bureau. Je sors parfois le rouleau pour le caresser, espérant lui offrir un jour le rôle qu'il mérite.
Non mais quel est son problème ? Claquer les portes comme
un adolescent, est-ce vraiment nécessaire ? J’attrape mon blazer
sur le dos de la chaise et je file, direction nos bureaux satellites,
situés à quelques blocs de là.
De retour, je frappe à sa porte. Pas de réponse. Je tourne la
poignée : la porte est verrouillée. Il devait tirer un coup rapide
de fin d’après-midi avec une princesse d’un quelconque fonds
fiduciaire, pendant que je parcourais Chicago dans tous les
sens comme une folle. J’introduis la chemise de papier kraft
dans la fente à lettres, en espérant que les papiers se répandront
partout et qu’il devra s’agenouiller pour les ramasser
lui-même. Ça ne lui ferait pas de mal. Et j’aime assez l’imaginer
à genoux, en train de rassembler les feuilles éparses. Mais
là encore, tel que je le connais, il ne manquerait pas de m’appeler
dans son trou à rats en environnement stérile pour que
je le fasse à sa place, en me regardant, moi, à quatre pattes. Et
en ricanant.
Non, c'est plutôt comme si elle était mon joujou à moi et que je ne voulais pas que les autres garçons du bac à sable s'amusent avec elle. C'est malsain. Si elle m'entendait dire ça, elle me couperait les couilles et me les ferait manger.