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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Parfois, à peine ma la lampe allumée, mes yeux s'ouvraient et cherchaient le nouveau livre d'Eric Laurrent, si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je suis éveillé. »... Ce beau début emprunté à Proust n'est là que pour signaler que l'un des auteurs les plus sous-estimés de ces quinze dernières années - au moins - a sorti un nouveau roman. Eric Laurrent avait déjà atteint des sommets dans l'autofiction avec Les Découvertes ; il nous avait aussi donné à lire un magnifique récit sur l'adoption - Berceau - il y a à peine un an et demi, et fut aussi responsable d'un très beau livre sur le décès de sa grand-mère (À la fin), pour ne citer que quelques exemples ; le voici revenu à une forme de roman plus classique, avec son penchant pour la grande phrase littéraire, harmonieuse, riche, musicale, une langue soignée à l'excès pour le plus grand plaisir du lecteur, et toujours court-circuitée par ce talent pour l'observation minutieuse des moeurs contemporaines (l'histoire se situant entre la fin des années 60 et le tout début des années 80), ce qui donne une tournure cocasse à certains chapitres. C'est qu'Eric Laurrent prend la littérature de vitesse tout en restant d'une concision rare et ce, probablement, grâce à un imaginaire fécond. S'il fallait le comparer (même si comparaison n'est pas raison, je sais), je dirais qu'il est dans la lignée directe de Jean Rouaud, De Balzac (pour ce roman en tout cas) ou même de Marcel Proust. Mais ce qui distingue particulièrement Eric Laurrent, c'est peut-être sa façon de décrire l'enfance, mais aussi l'adolescence et la découverte du corps (des corps parfois) et de la sexualité, avec un penchant pour la mélancolie post-coïtale peut-être ? Une fois la lecture terminée, on remarque cette ellipse parfaite, on reprend le premier chapitre, et on se surprend à relire Un beau début, entièrement - miracle ! c'est de la littérature, et de la grande.
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Une qualité d'écriture et une finesse psychologique à peu près incomparables à notre époque (pour le style, cependant, É. Chevillard est un rival sérieux, mais dans un tout autre genre), et l'on est d'autant plus abasourdi que l'auteur n'ait pas remporté de "grands" prix littéraires.

Dans le "Portrait souvenir" consacré à Proust, Paul Morand décrit la phrase de Proust comme "pleine d'incidentes qui soutenaient la phrase et l'empêchaient de retomber, qui soutenaient la phrase comme des ballonets d'oxygène et l'empêchaient de retomber", et je n'ai pu m'empêcher d'y songer en lisant se roman. À cela se combine en revanche une certaine économie dans l'intrigue, laquelle ne comporte que des faits qui concourent, d'une façon ou d'une autre, à sa progression (et l'on ne saurait en dire de "La Recherche").

Il serait trop long d'énumérer toutes les trouvailles de l'auteur, qui a le bon goût de les limiter à une ou deux occurrences: notes de bas de page fort drôles, révélation soudaine du point de vue du narrateur, concentration, un un ou deux paragraphes, de quatre ou cinq termes particulièrement rares - la langue est toujours précise, non précieuse, mais je pense que la succession des mots "vultueux", "paréidolie", "thérianthropes" aux p. 139-140 est voulue, car à moins d'avoir de bons souvenirs de grec et de latin, difficile de ne pas ouvrir son dictionnaire!

Je n'ai désormais qu'une hâte, qui est de lire: "Une fille de rêve", où l'on retrouvera l'héroïne de ce roman.
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Un très beau livre d'Eric Laurrent, d'une langue sophistiquée, proustienne, emplie de mots de rares, mais aussi parodique, donnant lieu à un décalage burlesque, souvent hilarant.
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Peinture sans pitié d'une frange de la société, de la classe inférieure, que l'on situe aujourd'hui dans les fameux - et méprisés - "territoires". Pas un seul des personnages n'est dépeint sous un jour positif. La jeune Nicole, qui a la chance d'avoir une belle paire de seins et les jambes bien tournées, en sera réduite à poser nue pour tenter de sortir de cette fange.

On pourrait croire à la énième histoire d'une célébrité qui est sortie de l'anonymat, mais le roman s'arrête justement à ce moment-là où toute biographie respectueuse d'un artiste commencerait: les débuts difficiles, la rencontre avec un dénicheur de talents, la gloire, les anecdotes croustillantes... Rien de tout cela ici.

On pense à Édouard Louis ou au Nicolas Mathieu de 'Leurs enfants après eux'. L'auteur n'éprouve aucune empathie pour ses personnages, il se contente de les observer comme un entomologiste regarderait un troupeau de fourmis, que dis-je, de mouches sur une bouse de vache.

Les phrases en sont longues, mais la lecture reste fluide. On peut certes en critiquer le style, le langage châtié, les termes peu usités employés par l'auteur. Mais il ne font que renforcer cette distance à laquelle il se tient, rendant par contraste l'existence de ces personnages, plus misérable encore. Qui sommes-nous pour juger?
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