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Citations sur Les chars meurent aussi (44)

« TON NOM?
— LAU-RIE. TOI ?
— RO-MAIN.
— ROMAIN ?
— OUI ! »

Il a levé sa main blanche, l’air de dire « pas de ma faute ». Évidemment, les gars comme lui ne peuvent pas s’appeler Kevin. Ils ont de la classe jusque dans le baptistaire. C’était mon premier Romain, nonobstant ceux qui mangeaient des volées à la chaîne dans les Astérix.
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Nous vivions dans le ventre d’une poupée russe où le temps se multipliait avec les chapitres qui s’enchaînaient. Dans le monde des vivants, il nous aurait fallu des mois pour cumuler autant d’heures passées ensemble. Cette vie en marge de la réalité nous offrait quelques années de plus. C’était notre coup de pied au cul de la Fulgurance.
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Le temps est devenu une pâte informe qui rendait caducs tous les mécanismes qui avaient présidé jadis à l’organisation de nos vies. Nous vivions dans un tableau de montres molles, dévalions les rapides les mains attachées dans le dos, puisant notre air entre deux vagues, ne sachant ce qui, de la noyade ou du grand fracas, allait nous emporter.
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Juste comme je prenais le coude de la ruelle, j’ai aperçu la petite Cindy, la petite poquée, nouvellement débarquée dans le quartier, juchée comme toujours sur une improbable paire de souliers à talons hauts empruntés à sa mère. Les cheveux en broussaille, vêtue d’une robe sale qui lui découvrait les épaules, elle plongeait sa main crasseuse dans un sac de chips au ketchup tout en creusant derrière elle, petit tracteur de misère, de stériles sillons poussiéreux. Entre deux allers-retours dans le sac, elle prenait grand soin d’essuyer sa main sur son chandail, recto verso, pour qu’elle soit bien propre pour les prochaines chips.
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J'ai eu le vertige tout à coup devant toutes les questions que je ne pourrais plus lui poser.
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C'est quel cépage, ça?
Du sauvischtroumpf.
Ah. Pis le tien?
Grenouille-aligotée. Faut pas sauter de couleur, j'étais pas rendu à bleu.
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C’était plus joyeux de faire le chemin de croix à l’envers, Jésus gagnait en force au fur et à mesure qu’on s’approchait de la porte. Je me suis trempé les doigts dans le bénitier pour me rafraîchir le cou.
Sur l’allée de béton qui menait au parvis, mon père fumait tranquillement, l’autre main au fond de la poche, les pieds campés en biseau pour plus de stabilité. La plupart des gars du garage qui s’étaient présentés avaient préféré attendre dehors, prétextant des allergies à l’encens ou à la poussière d’hosties. Le col empesé de leurs habits trop propres leur sciait le cou.
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J’ai pris deux minutes pour fermer le bureau et une bonne quinzaine d’autres pour essayer de me redonner un peu de fraîcheur avec du papier brun mouillé et un peigne édenté abandonné sur le lavabo – dont j’ai scruté à fond les dents survivantes pour m’assurer qu’elles n’hébergeaient pas de lentes. J’ai mis enlevé remis réenlevé et reremis du rouge à lèvres, épaissi mes cils avec ma petite brosse à goudron et souri un peu, beaucoup, énormément, à la folie à cette face cernée dans le miroir éclaté ; je ne pourrais rien de plus pour elle. J’ai imploré ma beauté intérieure de se déverser sur mes traits pour en magnifier la banalité. Le transfert opérait chez les femmes les plus ordinaires des livres de ma mère. Je le méritais autant qu’elles.
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La nouvelle de la maladie de ma mère avait sauté d’une oreille à l’autre comme des poux bioniques.
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Je regardais les jours tomber comme des couperets et je suppliais tous les dieux inventés par l’homme pour qu’ils lâchent ma mère et se rabattent sur l’un de ces nombreux centenaires désespérés de ne pas parvenir à mourir, convaincus d’avoir été oubliés.
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