L'histoire du Tour de France regorge de légendes, vraies ou fausses... souvent vraies, de mythes où " les forçats de la route " tutoient l'Olympe.
Amédée Fario aurait pu être un de ces mythes, une de ces légendes.
En tout cas, Christian Lax fait entrer de manière crédible, réaliste touchante son personnage au panthéon des héros de la " Grande Boucle " et de " la petite reine " dans son album qui, à mes yeux, a valeur de chef-d'oeuvre.
En 1907 un jeune homme, Amédée Fario, fait son service militaire comme artilleur à Tarbes.
Enfant de la montagne, fils de guide, il est chargé ( pas de jeu de mots...) pour ses qualités physiques de force et d'endurance, d'acheminer avec quelques autres conscrits du matériel au sommet du Pic du Midi où s'achève la construction de l'observatoire.
Là il va faire la connaissance de Camille Peyroulet, le directeur du lieu avec lequel va se nouer une amitié indéfectible... nourrie par la passion commune du vélo et du Tour de France.
Rendu à la vie civile, Amédée n'a qu'une passion et un rêve : participer à la plus grande course du monde.
Pour ce faire, il lui faut une bicyclette à la hauteur de ses ambitions.
Pour acquérir cette " monture ", il lui faut de l'argent.
Le travail dans les champs s'arrête dès que vient la bise... Alors Amédée se fait porteur et par tous les temps ravitaille à près de 3000 mètres le Pic du Midi... où il retrouve Camille.
Le 24 décembre 2010, malgré une tempête de neige qui invite à la prudence,... Amédée fait, seul, l'ascension et ravitaille les gars du Pic qui vont pouvoir réveillonner et fêter Noël.
Il est invité à partager le repas de fête avec ses camarades et à passer la nuit avec eux.
Mais il a promis ; sa grand-mère, son frère et sa fiancée l'attendent.
Il repart. La neige, les bourrasques, le froid... il glisse dans une faille et se brise les deux jambes.
Amédée parvient à se refugier dans une cabane où il est retrouvé et secouru le lendemain.
En plus de ses deux fractures, ses dix orteils sont gelés et doivent être amputés.
Amédée ne peut plus marcher en dépit de sa volonté et de ses nombreuses tentatives pour retrouver l'équilibre.
Camille a une idée : lui faire des prothèses.
Amédée remarche.
Son rêve fou de participer au Tour est toujours d'actualité.
Je vous laisse découvrir la naissance de celui que la presse surnommera bientôt "
l'aigle sans orteils "...
Outre l'Auto, le journal à l'origine de la création du Tour, les champions sont là année après année. On suit l'engouement qui s'est emparé de la France pour ces géants que sont Petit-Breton, Émile Georget, Faber, Alavoine, Lapize, Garrigou, Wattelier, Lafourcade, Friol...
On assiste à la naissance en 1910 d'une étape cumulant l'ascension de trois cols... Peyresourde, l'Aspin, le Tourmalet... l'acension de chemins de montagne, pas de routes bitumées !
On vit dans cette France d'avant la Grande Guerre passionnée par ces nouvelles idoles que sont devenus ces champions qui ont ouvert la voie à d'autres possibles, d'autres rêves.
Le scénario est très beau, original, parfaitment structuré et maîtrisé. et ne devrait pas toucher que les amoureux du sport et du cyclisme en particulier.
Le graphisme, le coup de crayon singulier de Lax, ses couleurs ocre bleu(es), ocre jaune(s) sont d'un esthétisme qui capte et captive l'oeil du lecteur.
Cet album est simplement collector.