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Critique de miyaki2384


Quatrième tome de Camilla Lackberg, l'oiseau de mauvais augure est ma troisième lecture en trois nuits de l'auteur.
Après mon coup de coeur pour "le tailleur de pierre", j'avoue ici être restée sur ma faim. L'écriture est toujours aussi agréable, mais l'intrigue souffre ici de pas mal d'incohérences et de précipitations qui m'ont laissé un goût d'inachevé.

Après avoir demandé Erica en mariage et accueilli sa belle-soeur Anna chez lui, Patrick Hedstrom se retrouve face à ce qui ressemble à un banale accident de la route, produit sous l'emprise de l'alcool. En effet, la victime et conductrice sent l'alcool à plein nez et plus tard, son analyse sanguine révélera un taux de 6.1 grammes, un taux proprement hallucinant. Seul Patrick sent que cette histoire ne cadre pas tout à fait, mais il n'a aucune preuve et doit laisser tomber, bien que les proches de la victime affirment contre vent et marée qu'elle ne buvait pas une goutte d'alcool.
Le petit commissariat accueille en même temps une nouvelle policière, Hanna, venue en remplacement après le renvoi du pire policier de Fjällbacka, tandis que la ville voisine accueille elle, le tournage d'une télé-réalité impliquant quelques jeunes venus se biturer à l'alcool devant les caméras.

L'auteur distille toujours plusieurs portraits, en prenant bien soin de présenter tous les personnages que nous aurons à croiser par la suite. Les proches de la victime, le conseil municipal et ses requins à dents longues, les jeunes venus se montrer face aux caméras, Erica bien sûr, et sa soeur Anna, terrassée après avoir du tuer son compagnon en état de légitime défense.
Entre temps, nous découvrons les pensées d'un petit garçon qui semble être gardé enfermé avec sa soeur par une femme qui leur lit des histoires avec beaucoup de tendresse sans qu'ils ne sachent exactement pourquoi ils ne doivent pas sortir au dehors.

La recette ne change pas, mais contrairement aux volumes précédents, elle ne prend pas. Les jeunes de la télé-réalité sont bien retranscris, dans leur grande débilité et leur soif de célébrité, mais ils sont à peine esquissés. A part un qui décidera de rester, les autres quitteront la ville sans que l'on connaisse leur avenir. Je pense surtout à Joanne, une jeune fille très mal dans sa peau qui se scarifie à cause du désintérêt flagrant de ses parents qui se félicitent d'être médecins et de sauver le monde, sans comprendre comment elle ne peut accepter cet état de fait et demander sans cesse leur si précieuse attention. le meurtre de l'une d'entre eux les bouleversa à différentes degrés puis c'est tout. Ils sont en réalité une excuse pour planter le décor et expliquer la présence de la seconde victime, rien d'autre. Première déception sur ce point.

Ensuite l'enquête. Certes, nous ne sommes pas dans les Experts, et tout ne se règle pas en moins de deux heures, mais ici, c'est fortement ralenti. On voit Patrick dépérir à force de tourner en rond, puis soudain un indice arrive. Puis on retombe dans la morosité. Puis oh un autre indice ! Et ainsi de suite jusqu'à la fin. Surtout que l'auteur tente quelques twists qui sont censés nous faire saliver, expliquant que Patrick a l'intuition du siècle mais sans nous expliquer pourquoi en passant par exemple à un autre personnage. Ça marche une ou deux fois, mais au bout de la cinquième, cela devient agaçant. Deuxième déception.

Ensuite, la solution de l'enquête. Je n'ai absolument pas été surprise. Peut-être est-ce que je lis trop de roman policier, mais j'avais senti la responsabilité des criminels bien avant la révélation. Camille Lackberg met beaucoup trop d'indices tandis que l'histoire du petit garçon et ses histoires pour dormir ne sert à rien, si ce n'est à trouver des excuses au meurtrier.

Quant à Erica, elle s'occupe de sa soeur puis de son mariage, seule. Alors de ce côté, je comprends le besoin de l'auteur de décrire aussi la vie de famille, les enfants, les manques, le besoin de faire évoluer le couple dans leur vie privée (car on s'y attache et on a envie de les voir heureux) Mais le clivage scénaristique instauré entre Patrick avec son enquête qui lui bouffe absolument tout son temps (à part porter un costume, il ne fera absolument rien pour l'organisation du mariage) et Erica qui se contente de l'attendre quoiqu'il arrive tout en gardant un oeil sur sa soeur, devient agaçant. Tout comme les jeunes de télé-réalité, on a l'impression qu'Erica et sa fille deviennent une excuse pour écrire autre chose que l'enquête policière pure, pour faire des pauses en attendant de pouvoir expliquer l'éclosion d'un indice qui va évidemment se révéler incontournable.

Bref, j'ai été déçue sur le fond. La forme reste identique mais elle ici n'a pas eu les rebondissements, les surprises et les conséquences du "tailleur de pierre" qui m'avait fait vibrer. Les personnages sont toujours aussi bien retranscrits, attachés que nous sommes au couple Erica-Patrick, aux policiers comme Martin et Gösta qui nous touchent et qu'on aime voir évoluer, mais l'intrigue policière en elle-même souffre d'incohérences ou de trop grandes facilités.

Le cliffhanger de la fin donne envie de continuer sur "l'Enfant Allemand", même si j'ai une idée de l'intrigue après avoir vu l'épisode sur france 3 - le scénario ayant été repris par l'auteur elle-même. J'espère que les défauts vus ici seront balayés pour retrouver le suspens et les surprises des tomes précédents. Je ne désespère pas !
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