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3,87

sur 591 notes
Voici un thriller engagé qui nous montre les pratiques peu glorieuses des pays riches envers le continent africain. Les laboratoires pharmaceutiques soucieux de développer leurs nouveaux médicaments rapidement et à moindre frais n'hésitent pas à recourir à l'expérimentation humaine sur des populations frappées par la misère. le paradoxe est très douloureux car ces mêmes médicaments sont destinés à sauver à terme la vie d'autres gens. D'un point de vue très général un tel cynisme peu se défendre mais humainement il est insoutenable. Les gouvernements et tous leurs dignitaires ferment les yeux sur ce lucratif business allant même jusqu'à faciliter les opérations si besoin. Heureusement quelques individus courageux s'insurgent au travers d'associations humanitaires. le grand mérite de John le Carré est d'avoir porté le dilemme au sein d'un couple où Justin Quayle fera son examen de conscience de la façon la plus douloureuse qui soit après que son épouse ait été assassinée pour avoir trop fouiné dans les affaires d'un riche magnat local.

Sous des dehors de roman à suspense et engagé, John le Carré orchestre avec maestria la savante alchimie d'une histoire à l'échelle mondiale, à savoir le lobbying pharmaceutique et plus généralement la condescendance effroyable avec laquelle l'homme "civilisé" traite le "sauvage" africain, et de l'histoire personnelle de deux êtres, celle d'une histoire d'amour (manquée ?) entre un diplomate résigné et sa jeune femme aux idéaux humanitaires. de leurs instants rares d'intimité, comme volés avant que ne les rattrape la fatalité...Car c'est avant tout la psychologie des différents personnages qui fait la force du récit et entretient les ambiguïtés. le protagoniste principal, Justin, est le flegme britannique personnifié. Constamment calme et maître de lui-même, respectueux des règles de bienséance et de ses supérieurs hiérarchiques. Sa principale passion est le jardinage, prendre soin de ses plantes vertes, activité qui symbolise bien son désir de ne pas importuner autrui et de s'enfermer dans sa petite bulle de codes moraux, docilement et gentiment. Ce n'est qu'au moment où cet homme qui a passé sa vie à contrôler tous ses sentiments perd pied qu'il les extériorise enfin. Tessa, son épouse, est passionnée, engagée, c'est une idéaliste. Elle a des convictions et n'hésite pas à les faire entendre ni à agir en conséquence. Personnage fascinant, entier qui s'intéresse aux autres et rêve de justice. C'est donc le récit d'un couple dont l'avenir est sacrifié pour une cause humanitaire, où l'épouse portait la culotte et faisait des cachotteries à son mari pour le préserver. Heureusement, la mort de Madame Quayle agit comme un électrochoc sur son époux si bien élevé. Une passion évidente les unissait, le mariage était précipité mais c'est à la mort de Tessa que Justin apprend réellement à la connaître et à la comprendre. Enquête politique mais enquête humaine également et qui nous fait voyager à travers le monde en faisant un arrêt prolongé dans les magnifiques paysages du Kenya.

Un très bon roman donc, qui reflète bien le sujet et la problématique de la mondialisation, ses effets pervers et inégalitaires. Une passion pour une cause humanitaire qui se transmet au sein d'un couple, prêt à tout pour se protéger l'un l'autre. Une belle leçon d'humanité et d'amour.
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Le diplomate John Quayle débarque à Nairobi au Kenya avec sa jeune épouse Tessa, avocate. La vie de cet agent gouvernemental bascule dans l'horreur lorsque sa femme, révoltée par le sort des autochtones et militant auprès d'OGN est retrouvée violée, assassinée. Partie avec le docteur Bluhm, médecin africain très impliqué auprès de la population celui-ci a disparu. Effondré, Quayle doit néammoins prouver son innocence car la rumeur enfle disant que Tessa voyageait avec son amant. Dès lors l'homme effacé, discret va se faire violence pour faire la lumière sur l'abominable meurtre de Tessa. Et découvrir l'hypocrisie meurtrière de l'Angleterre qui cache la vérité pour protéger le lobby de l'industrie pharmaceutique. Les lecteurs coutumiers de le Carré seront surpris car ici, point de manipulation, de poker menteur, d'espions retournés, Justin est juste un homme blessé dans sa chair et son honneur, ,indigné et seul, il n'a qu'une idée, laver l'honneur de l'être aimé.
La charge de le Carré bien que fiction, fait bien évidemment penser aux scandales qui éclaboussent régulièrement les laboratoires pharmaceutiques et l'on ce dit que le réel est peut être dans ces pages.
La belle Tessa hante constamment le récit et l'on se dit que le combat pour rétablir la vérité coute que coute est une formidable preuve d'amour.
Passionnant, glaçant, captivant. le meilleur le Carré pour moi.


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489 pages c'est beaucoup... Et si je veux être plus sévère encore, je vais écrire tout ça pour ça! Bien sûr, il y a quand même eu quelques passages que j'ai appréciés, mais beaucoup trop de longueurs, dans la lecture de documents ou de mails, dans des échanges oraux... Beaucoup de pages à lire avant que le livre m'intéresse vraiment... Et puis une histoire qui fait la part belle à la voyoucratie qu'elle émerge de la fange ou qu'elle soit en col blanc! A quoi bon se battre puisque les méchants tirent toujours les marrons du feu?
Pas convaincue, je suis même plutôt déçue.
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Big Pharma ?
Je ne suis pas complotiste. Mais les complots cela peut aussi exister. Entre les délires que l'on entend tous les jours et une attitude naïve il y a de nombreux degrés. Ce roman est là pour nous le prouver.
Ce roman (magnifiquement adapté d'ailleurs au cinéma) dénonce la politique de certains grands groupes pharmaceutiques à un certain moment, en certains lieux. Et c'est un constat terrible. John le Carré est pour moi l'un des auteurs les plus importants pour comprendre l'histoire récente, qu'il s'agisse de la guerre froide ou bien sûr comme ici du chaos de l'après-guère froide.
le livre est magnifiquement écrit, l'histoire finalement romantique en diable (mais comme toujours en réalité chez le Carré), la fin tragique (si vous avez lu un le Carré qui finit bien, il m'a échappé !), et le réalisme au plus haut niveau. John le Carré enquêtait énormément pour ses romans ( il l'a raconté de manière plaisante dans ses mémoires).
Inconsolable de son décès, je regrette un écrivain qui nous aidait réellement à comprendre notre monde, quand d'autres nous aident à nous intéresser à leur nombril. Et puis il y a une écriture si singulière, une ironie puissante et un sens qui n'est presque qu'à lui des personnages.
La finesse et la puissance de son analyse sur bien de sujets nous manque. Pour ceux qui découvrent le regard de le Carré sur l'Afrique, on peut prolonger cette lecture par le magnifique Chant de la mission.
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Un diplomate mûr et dilettante, en poste au Kenya, a épousé une femme nettement plus jeune, idéaliste et affranchie. Malgré leur passion, ils vivent ‘'en parallèle'' : lui avec la distance et la componction issues de son milieu et de sa formation, elle avec l'enthousiasme et le culot des défenseurs des grandes causes. le roman est la quête du personnage principal pour éclaircir les circonstances de l'assassinat de son épouse : il va la découvrir petit à petit, son amour va grandir jusqu'à épouser la cause de sa défunte femme... une rédemption.
Outre cette enquête et cette histoire de couple, il y a une description détaillée et au vitriol des machinations des industriels pharmaceutiques dans les pays sous-développés (utilisation de cobayes humains, mafias, mercenaires), des milieux diplomatiques post-coloniaux (pour avoir vécu l'expatriation, je trouve que c'est criant de vérité) et de la real-politique des grandes nations (avec la cohorte de fonctionnaires dénués de tous scrupules ‘'pour le bien du pays'').

C'est dur, noir et très réaliste.

Pour info : Fernando Meirelles a porté ce roman à l'écran sous le titre éponyme ‘'The constant gardner'', film nominé plusieurs fois aux Oscars et à La Mostra
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Plutôt bien écrit ,avec une histoire qui peut paraître réaliste ,j'avoue que j'ai été surpris par ce livre .
Un récit qui est en fait un prétexte pour dénoncer les abus des laboratoires pharmaceutiques( même si l'auteur s'en défend en fin d'ouvrage).
Les fameux "labos" qui auraient tendance à utiliser le continent africain comme" terrain d'essai" pour leurs nouvelles molécules avant de les commercialiser en occident .
Je lirai certainement d'autres livres de john le Carre .
Désolé de ne pas l'avoir défendu mieux que cela, j'ai parfois du mal a trouver les mots, mais il méritait surement mieux .
Heureusement, certaines personnes sur le site (plus doués que moi ) l'on certainement déjà fait.
Il n'est pas possible que ce livre soit passé inaperçu .
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La découverte du cadavre de Tessa Quayle, assassinée alors qu'elle venait de passer la nuit dans un oasis dans le Nord du Kenya, avec un beau médecin belge d'origine africaine et qu'ils partaient vers le Turkana, produit des remous au Foreign Office. Il faut dire que la belle et jeune avocate était mariée à un des diplomates mais qu'elle menait de grands combats contre la pauvreté et les injustices en Afrique. Ce qui n'était pas toujours du goût des autorités britanniques. Mais alors que la Grande Bretagne veut étouffer l'affaire, Justin, le mari de Tessa veut au contraire faire la lumière sur le meurtre de sa femme qui, il le découvre, se battait contre de grands groupes pharmaceutiques.

J'ai longtemps cru que John le Carré écrivait d'ennuyeux romans d'espionnage jusqu'à ce que je voie quelques bribes du film tiré de ce roman et qui m'ont donné envie de le lire. Si ce n'est pas vraiment un roman d'espionnage, on se retrouve malgré tout plongé en plein coeur d'une intrigue où l'auteur nous montre comment humanitaire, politique, corruption, recherche médicale et quête du plus grand profit sont étroitement liés et ce au détriment des régions pauvres du monde dont la population paie encore et toujours la cupidité de ses dirigeants corrompus et des pays occidentaux. Rien de nouveau sous le soleil, cela ne fait que confirmer ce que je savais déjà de mes lectures et de mes recherches sur un sujet qui m'interpelle.

Dans ce cas-ci, la cible sont les industries pharmaceutiques qui testent des médicaments pas encore au point sur des populations du Tiers-Monde qui ne pourront pas se défendre en cas de problème. Les premiers effets secondaires indésirables se font rapidement sentir entraînant la mort de nombreuses personnes au Kenya mais ils sont occultés par la société qui compte mettre le produit sur le marché. Cependant Tessa et son ami Bluhm, le médecin belge, ne l'entendent pas de cette oreille, au risque de défier les autorités et ces multinationales sans foi ni loi. Ils le paieront de leur vie.

John le Carré signe avec La constance du jardinier un thriller passionnant et haletant qu'il est difficile de lâcher tant le lecteur a envie de découvrir ce qu'il est arrivé aux deux amis. Justin, le mari qui ignore tout de ce que faisait sa femme car sa position diplomatique empêchait Tessa de pouvoir lui confier ses recherches et découvertes. Il avait une confiance aveugle en elle et c'est pourquoi il ne supporte pas qu'elle soit salie par les ragots après sa mort. Les personnages de Justin et de Tessa sont tous les deux forts et passionnés mais chacun à leur manière. le romancier prend le temps de les développer et chaque étape nous permet d'entrevoir de nouvelles facettes de leur caractère.
Ce roman est beaucoup plus qu'un simple thriller et c'est peut-être la seule critique que j'émettrai. C'est que parfois il tire en longueur. Les narrateurs changent tout au long du récit et s'alternent. le lecteur découvre la vie du Haut Commissariat au Kenya et le rôle que les différents diplomates et donc que les politiques ont joué dans cette histoire. Mais parfois, cela regorge de détails un peu inutiles, selon moi.

Un roman passionnant que je conseille, certes pas optimiste sur l'état de notre monde, mais qui me permet de découvrir un auteur de grande qualité !
Lien : http://www.chaplum.com/la-co..
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Brillant, passionnant, on ne le lâche pas avant de savoir la fin.
Un roman qui part d'une histoire qui pourrait être vraie à l'heure de la mondialisation et des scandales sanitaires, et qui se lit comme un thriller palpitant . Les personnages sont très bien campés, sans caricature aucune , on comprend toute l'ambiance des milieux diplomatiques et des services d'espionnage britanniques que l'auteur a fréquenté dans sa vie réelle. Un énorme travail documentaire a été nécessaire. Magnifique histoire d'amour du couple central.
Le film qui en a été tiré est réussi également.
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Depuis le temps que j’entends parler de cet écrivain, enfin j’ai franchi le pas et je ne sais pas si je le renouvellerai une seconde fois. Des points de vue intéressants. Un diplomate anglais va enquêter sur le meurtre de sa femme assassinée au Kenya à cause d’un business de médicaments, donc pas de suspens. Les données sont intéressantes et décevantes quant à la fin on apprend que tout ceci est inventé. J’ai trouvé que l’ensemble manquait de punch et les personnages de profondeur.
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Un roman plus facile à lire que la série des gens de Smiley mais un peu moins intéressant à mon goût surtout si on le lit en ne voyant que l'enquête menée par le mari de l'avocate assassinée. On peut aussi y voir des sujets plus proches de l'actualité sur le pouvoir de l'industrie pharmaceutique, sur le mépris du tiers-monde ou sur le choix bénéfices-risques de thérapie. J'ai aussi voulu y voir une vraie histoire d'amour entre une belle avocate qui veut protéger son mari de ses activités et un mari qui est prêt à risquer sa vie en mémoire de son épouse sur fond de confiance mutuelle inébranlable. Tout ceci a fait une lecture agréable.
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