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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Harry Pendel est le Tailleur de Panama, le meilleur, l'unique et sublime confectionneur des élégances. Comme chez tout tailleur des beaux quartiers, on imagine les clients, tandis qu'il prend leurs mesures pour leur tailler de beaux costumes, passer leur temps à lui tailler, en retour, une bavette. Quand on vous aura confié que tout ce qui compte au Panama se fournit chez Pendel & Brathwaite, suivant en cela l'exemple fameux de l'ancien chef de l'Etat, le redoutable Noriega, qui, en bon boucher qu'il était, présentait toutes les références pour tailler de belles bavettes, vous vous direz, comme moi, que si l'ex taillait, l'actuel doit tailler aussi. Et (j'espère que vous me suivez toujours), de fil en aiguille… on pourrait ainsi s'autoriser à penser que des informations « de source sûre » et « de première main » transitent à Panama par le canal auditif du tailleur des éminences.
Les services secrets de Sa Majesté ont flairé le bon filon. Faisons chanter le tailleur et à nous les informations secrètes sur mesure et cousues main. le problème, c'est que le tailleur n'est pas tout à fait ce qu'il prétend être ou avoir été. Il manie bien le ciseau, mais ses armoiries sentent un peu le contreplaqué. Les bavettes premier choix n'étant en réalité que de vils bas-morceaux, notre tailleur se met à la broderie avec, il faut en convenir, un talent certain. Son officier traitant n'est pas très regardant, préoccupé qu'il est de trouver la façon la plus juteuse de puiser personnellement dans les fonds secrets destinés à rémunérer ses « sources ». Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, Londres est ravi, l'opération Boucan semble plaire à tout le monde. On songe à Graham Green et effectivement, à la fin du roman, dans les remerciements, le Carré revendique la filiation : « Ce livre n'aurait jamais vu le jour sans Graham Greene. Après la lecture de Notre homme à La Havane, l'idée d'un mythomane du Renseignement ne m'a jamais quitté. »
On s'amuse énormément tout au long de ce roman, où on a envie d'encadrer trois citations par page. Les scènes d'anthologie (le recrutement du futur espion ou celui de son officier traitant, l'essayage présidentiel, l'acquittement du juge ou la colère de l'épouse du tailleur) se succèdent à un rythme soutenu pour le plus grand plaisir du lecteur. Mais, comme toujours chez le Carré, derrière l'intrigue, derrière les mensonges de personnages tellement pittoresques (ils le sont tous : le tailleur, l'espion-escroc, l'ambassadeur, « el presidente », le journaliste, etc.), derrière l'humour tantôt pince-sans-rire, tantôt facétieux, va finir par apparaître une vérité bien tragique. La pourriture gagne les lieux de pouvoir et d'influence, l'appât du gain a pris le pas sur toutes les autres considérations, les responsables en titre ne contrôlent plus rien, hormis leur carrière et les revenus confortables qui vont avec, tandis que le petit peuple, abreuvé de mensonges et de propagande lénifiante, est chargé de régler les additions.
Et en me souvenant que Panama a laissé en son temps de cuisants souvenirs aux épargnants français tandis qu'une bonne partie de la classe politique de l'époque était compromise (euphémisme), il m'est d'avis que la gestion (c'est beaucoup dire) de type « politique du chien crevé au fil de l'eau », grâce à laquelle la pandémie du Covid-19 se répand si aisément dans notre beau pays en ce moment, pourrait avoir quelque chose à voir avec ce que décrivait le Carré, à propos du Panama et de son propre pays, il y a un peu plus de vingt ans.
« Dites-moi, Juan Carlos, j'ai cru comprendre qu'on allait vous confier la direction d'une importante commission parlementaire ? s'informa-t-il d'un ton sérieux. Je vais bientôt vous habiller pour votre inauguration présidentielle, si je comprends bien.
_ Importante ? répéta Juan Carlos avec un rire gras. La commission pauvreté ? C'est la plus minable de toutes. Pas de fonds, pas d'avenir. On reste assis à se regarder et à déplorer le sort des pauvres, et après on va s'offrir un bon gueuleton. »
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Le roman d'espionnage « le Tailleur de Panama (The Tailor of Panama) » se termine par une invasion américaine. Comme le thriller de John le Carré a été publié en 1996, il s'inspire sans aucun doute de l'histoire récente du pays et des appétits des différentes puissances économiques mondiales pour le contrôle du Canal.
Harry Pendel est le tailleur de Panama. Tous ceux qui comptent dans ce petit pays, du Président au Général américain, apprécient ses costumes parfaitement taillés à l'anglaise. Mais ils ignorent tous son passé moins glorieux : c'est, en effet, dans une prison anglaise que Harry a appris à couper des vêtements. Même sa femme américaine, Louisa, ne connaît pas ce détail. Andy Osnard, un jeune agent des services secrets britanniques, découvre le passé d'Harry et décide de l'exploiter en faisant chanter le tailleur. Celui-ci devra recueillir et susciter les confidences des puissants qu'il habille. En échange, Andy lui glisse quelques enveloppes généreuses et promet de ne pas révéler à Louisa les secrets de son mari. Harry se prend au jeu, et attiré par le gain, gonfle l'importance de ses révélations, avant de tout bonnement les inventer. Andy voit aussi comment il peut profiter de ce potentiel coup d'éclat dans sa carrière. L'affaire enfle au point que le MI6 se voit obliger de prévenir la CIA d'une tentative de soustraire le Canal au contrôle des Américains.
C'est un livre plus léger et satirique que les romans inspirés par la guerre froide de l'écrivain anglais.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Pour moi l'un des meilleurs romans de John le Carré. En plus interprété au ciné par Peirce Brosnan .
Une vrai histoire d'espionnage, d'intrigue, de trahison, de retournement de situation.
J'ai vraiment adoré ce livre en plus dans un pays que j'ai eu l'occasion de visiter.
Je le recommande pour ceux et celles qui aiment ce genre de romans, je pense que vous ne saurez pas déçus (en tout je l'espère)
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Très bon livre pour les amateurs d'espionnage.
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