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Critique de Kyuss


Kyuss
01 septembre 2015
Je ne sais pas par quel bout commencer... Je viens de finir cette biographie, et comme d'habitude avec les livres qui me touchent, ce n'est pas sans une certaine tristesse que je lis la dernière phrase, puis les dernier mots, jusqu'au point final, cette limite brutale qui met fin à la relation qui s'est créée entre Saint Louis, Jacques le Goff, et moi.

Cette biographie, épaisse, est l'aboutissement de l'ensemble des travaux menés par Jacques le Goff dans sa carrière, car cette "histoire totale de Saint Louis" se nourrit avidement d'autres de ses ouvrages : "La naissance du purgatoire" ; "Les intellectuels au Moyen-âge", et ce qui deviendra son "Saint François d'Assise". Je crois que l'on perçoit on ne peut mieux l'ampleur des apports de Jacques le Goff à l'Histoire Médiévale, à L Histoire, et aux sciences sociales en général.

Je ne me souviens pas de l'intégralité du livre de par sa densité, et sa longueur. Je tiens à préciser que je me suis probablement attaché à mes deux compères car la traversée a duré près de deux semaines, et que leur fréquentation quotidienne est presque devenue une habitude. Nous avons fini par nous tutoyer, la fin du voyage s'est laissée savourer, je ne voulais vraiment plus les quitter.

Jamais je n'ai lu plus belle biographie d'un personnage historique. Non seulement l'écriture se veut maîtrisée et juste jusqu'à la dernière page, mais la démarche en elle même est tout à fait passionnante. Il faut bien le talent et l'érudition de Jacques le Goff pour approcher l'individu, voir le "moi" de Louis. Il a bénéficié pour cela d'une période où l'écrit refait surface dans de multiples domaines, et où l'individu réapparaît lui aussi, à la fois physiquement et moralement. C'est notamment ce qui explique à mon sens la déception de certains à la lecture de biographies consacrées à des personnages d'époque antérieures (je cite pêles-mêles "Hugues Capet" de Yves Sassier, "Hadrien" de Joël Schmidt et le "Clovis" de Laurent Theis qui ne sont pas mauvaises pour autant!), où l'écrit était moins présent, et ce qu'il en reste nous donne surtout une vision des "canons" de l'époque. Je pense notamment aux fameux "miroirs des rois", évoqués par Jacques le Goff dans le présent ouvrage. Ainsi, l'auteur n'a pas tenu compte des avertissements de Pierre Bourdieu et son "illusion biographique", et a réussi la prouesse de faire ressortir des traits de caractère de Saint Louis à la croisée des sources. C'est d'autant plus important qu'il respecte scrupuleusement la "science historique" et échappe à la psychologie fictive que certains seraient tentés de faire, et qui correspondrait plutôt à la démarche du romancier, et non du scientifique.

En conclusion, je recommande cette lecture pour tous les passionnés d'Histoire Médiévale, pour ceux qui s'intéressent à la démarche du biographe en Histoire, d'autant plus qu'il s'agit aussi d'un livre d'écrivain, avec un style.
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