Dans les trois premières livres de
Terremer, l'autrice nous conte la légende de Ged, l'un des mages les plus puissants de ce monde constitué d'îles. Dès le début, son destin nous est annoncé. Nous savons d'emblée que ce petit chevrier, qui semble insignifiant, sera amené à accomplir de grands exploits. Il n'y a donc pas de surprise sur l'issue des trois récits. Ged s'en sortira, il vaincra ses ennemis, reste seulement à savoir comment.
Par bien des côtés, le sorcier de
Terremer (le premier livre) ressemble plus à un long conte détaillé qu'à un roman. On ressent toujours une certaine distance avec Ged comme s'il devait rester une figure de légende, et donc inatteignable même pour les lecteurs. Malheureusement, cela m'a empêché d'entrer pleinement dans le récit. le contexte lui-même, quoique original et poétiquement décrit, est resté lui aussi une vision lointaine. L'immersion est donc ratée.
Je regrette aussi que l'autrice ait choisi de créer une société aussi patriarcale. Parmi les personnes capables de magie, seuls les hommes ont le droit d'étudier, les femmes se contentent d'être des sorcières de village, au pouvoir inférieur...
Le second livre, les Tombeaux d'Attuan, est mon préféré. L'histoire est cette fois racontée du point de vue de Tenar, une jeune fille qui a été arrachée dès la petite enfance à sa famille pour devenir l'unique prêtresse d'un culte malfaisant. J'ai préféré ce livre pour deux raisons. D'abord, l'immersion est ici réussie. Il n'y a pas de distance avec Tenar, on la suit réellement dans sa vie singulière au service de ce culte à vrai dire plus lugubre que satanique. Ensuite, le choix de narrer cette histoire de son point de vue est original. En effet, techniquement, c'est à nouveau Ged le héros de l'histoire. C'est lui qui brave le danger pour mener une noble quête, alors que Tenar, en tant que gardienne du labyrinthe, est d'abord son ennemie.
Dans le troisième livre, l'Ultime rivage, l'autrice donne un jeune compagnon à Ged, qui est désormais Archimage. le point de vue de ce compagnon, Arren, permet à nouveau d'amoindrir la distance qui s'impose toujours avec le héros légendaire. Mais l'immersion est moins réussie que dans le deuxième livre. le récit m'a semblé plus lointain, moins prenant, parfois à nouveau plus semblable à un conte. C'est d'autant plus dommage que j'ai trouvé l'idée au coeur de cette histoire et sa mise en scène vraiment intéressantes.
Au final, malgré les qualités indéniables de ces romans, je sors de ma lecture assez mitigée. Si je reste sur une bonne impression, c'est avant tout grace au deuxième livre et à l'idée au centre du troisième livre.