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Citations sur Dans la brume écarlate (50)

Après avoir consulté les fichiers officiels et n'avoir trouvé aucune trace de la jeune femme, Dossantos s'était naturellement tourné vers le plus gros fichier de données individuelles et personnelles dont disposait la police : Facebook. Le lieutenant sourit. Parce que si le quidam était prêt à hurler à la violation de sa vie privée à la première occasion, il livrait lui-même cette vie privée en pâture au public, affichant à longueur de pages les photos de ses enfants, de ses animaux, de son intérieur, détaillant ses activités, ses achats, ses déplacements, ses voyages, dessinant son réseau d'amis, ses connaissances professionnelles, jusqu'à ses émotions et sentiments concernant son emploi, ses collègues, sa famille. Une source inestimable pour l'enquêteur qui, en quelques clics, pouvait construire un portrait-robot assez détaillé et plutôt fiable de l'individu ciblé. (…) On avait beau mettre les gens en garde, se répétait Dossantos, l'égo était le plus fort. Alors ils disaient tout. Facebook et Twitter étaient devenus des confessionnaux planétaires où le virtuel s'accommodait d'une vérité embellie pour le prix d'un like, un pouce pour seul salut et l'indifférence comme pénitence.
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On va finir par croire que vous portez malheur… Si tous les flics de France tombaient sur autant de cadavres que vous, le pays serait désert en moins de deux ans ! Remarquez, je me plains, mais à ce rythme-là, je pourrais tout aussi bien ouvrir ma boîte, ma start-up ! Ma startopsie ! Startopsie, le numéro un de l’autopsie ! Vue à la télé ! Offre de lancement : deux autopsies achetées, une autopsie offerte ! Parce que vos proches ont droit à une autopsie de qualité !
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Elle se disait que, pour les femmes, rien n'avait finalement changé. À se demander même si les choses changeraient un jour : il y avait eu les Weinstein, les "MeToo", les "Balance ton porc". Le monde occidental avait découvert avec effroi, dans un bêlement planétaire, que les femmes du XXIe siècle continuaient de subir harcèlements, insultes, agressions sexuelles et violences à tous les niveaux de la société, parce qu'elles étaient femelles, parce que, depuis le jardin d'Éden, Ève la pécheresse et ses descendantes avaient servi de sac de frappe et d'exutoire fanatique à la moitié couillue de l'humanité, aux Adam revanchards et aux dieux masculins de toutes les civilisations. On avait dès lors posé sur elles tous les anathèmes et tous les tabous, de l'interdiction de paraître en public à celle de jouir de leur corps, de celle d'aller à l'école à celle de parler en leur nom. Ainsi en allait-il toujours de la domination de l'homme sur la femme, sur sa femme comme sur les femmes, au foyer comme au travail ou dans la rue, dans l'espace privé comme dans l'espace public. Il avait fallu qu'une voix célèbre, puis une autre s'élèvent à Hollywood pour que le monde s'offusque benoîtement de sa volontaire cécité. Se frotter aux femmes dans le métro, les insulter dans la rue, les harceler, les frapper, les violer, les opprimer ici ou ailleurs, c'était mal ; il ne fallait pas le faire. Puis le temps avait passé. Quelques championnes du féminisme, à l'acmé de leur ferveur, avaient clamé qu'on pouvait "jouir d'un viol" et "qu'un homme sur deux ou trois était un agresseur". L'outrance du propos et le scandale médiatisé avaient porté un coup fatal au débat attendu, éteint le vent libérateur, étouffé ce "printemps des femmes". Et Vincent Demagny avait pu de nouveau tabasser sa femme.
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Mehrlicht avait rangé sa clope en soupirant. On lui avait défendu de fumer sur terre, sous terre, et maintenant sur l'eau. Le monde, depuis quelques années, prenait un virage despotique terrifiant, abrogeait les libertés, multipliait les interdits. Une morale tyrannique et bécasse s'était installée, qui prônait le politiquement correct, le bio, l'écriture inclusive, la bienveillance, la vapoteuse à la barbe à papa, et bannissait l'opinion et le second degré. Il était aujourd'hui proscrit de se faire plaisir en buvant un verre, en fumant une clope et en insultant les cons. Pauvre monde ! Pauvres cons ! Qui les tiendrait informés désormais ? Ainsi en allait-il de nous, condamnés à l'explicite, à la concorde bêlante et aux licornes colorées, parce que prendre la parole, affirmer sa différence, c'était risquer de blesser quelqu'un, voire quelques-uns, et de subir un légitime lynchage, destin ordinaire des déviants, qu'ils fussent trublions, artistes ou fumeurs de Gitanes. L'époque n'était pas à la dissidence, et fumer restait un crime de social-traître.
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Dossantos se figea. Mehrlicht et lui qui tombaient d'accord, ça arrivait aussi rarement qu'une pensée sensée dans la tête de Luc Ferry. Certains anciens assuraient avoir déjà assisté à pareil phénomène, mais personne ne les croyait.
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Aujourd'hui on percevait encore le célibat d’une femme comme la dernière des tares, et chacun de ses proches s'ingéniait à proposer untel, l'ami d'amis, souvent Prince des Tocards ou Archiduc des Blaireaux, parce que à leurs yeux il valait mieux qu'une femme fût mal accompagnée que seule. Il en allait ainsi depuis la nuit des temps : la femme seule ne savait pas se tenir.
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Elle était habillée en noir de la tête aux pieds. Une large croix de vie pendant à son cou, que Mehrlicht avait d'abord prise pour un tire-bouchon. Plus rien ne le surprenait. Au point où en étaient la mode et la décadence généralisée de la société, pourquoi ne serait-il pas tendance de porter un tire-bouchon en pendentif ? Ce n'était finalement pas plus saugrenu que de s'habiller en suppôt du diable ou de se mettre des clous dans le nez. Indéniablement, Mehrlicht en connaissait un rayon sur la mode.
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S'échappe-t-on jamais de soi-même ?
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En une phrase, le type avait réussi à caser tous les éléments de langage chers à l’extrême droite, et à évoquer le grand complot antifrançais sans même parler de complot. En un tour de mots, les Français devenaient les victimes des envahisseurs migrants. Derrière lui, ses troupes continuaient de lancer des pierres et des boulons sur des familles à la rue, et raillaient les premiers blessés. Droit du sol, droit du sang. Où était le droit dans ce lynchage ? Ne restait que le sang sur le sol. Encore.
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Bien sûr, le petit capitaine qui approchait aujourd’hui les soixante ans avait le tempérament d’un rhinocéros bipolaire, une arrogance horripilante, le verbe gouailleur des titis parisiens, la mauvaise foi d’un pilier de bar qui promet d’arrêter... La liste de ses défauts était infinie et lui valait au sein du commissariat d’être détesté de tous.
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