Le siège de Paris en 1870

Le siège de Paris au quotidien

A partir de près de 280 documents et après en avoir sélectionné 36, l'auteur a retenu les témoignages de 16 personnes représentatives pour nous raconter ce siège de Paris qui courut de la mi-septembre 1870 à la fin janvier 1871.

C'est à partir de ces écrits que l'auteur, après avoir divisé ce siège en plusieurs périodes distinctes, nous présente tel un journal, les principaux évènements ou tout simplement les difficultés rencontrées dans l'organisation militaire ou civile.

Pour chacun des faits marquants, Jean-François Lecaillon confronte cinq à six témoignages, ce qui permet d'avoir plusieurs versions différentes. Entre les personnes ayant participé et ceux qui colportent des rumeurs, ceux qui représentent la bourgeoisie, l'Eglise ou l'armée, les récits sont très différents et la confrontation de tous ces témoignages rend l'ouvrage passionnant même si ce type de livre ne peut éviter les redites.

Il est intéressant de voir, au fur et à mesure que la durée du siège s'allonge, que les comportements deviennent de plus en plus marqués, agressifs et que les différences entre les corporations s'affirment. Comme ce moment où des habitants des faubourgs, sous l'influence de Flourens, demandent (déjà) l'établissement d'une Commune. Les témoins choisis sont unanimes à refuser cette éventualité. Il faut dire que, comme le regrette l'auteur, à part le témoignage de Victorine Brocher qui participera à la Commune de Paris, il existe peu de narration établie par les habitants issus du milieu populaire.


Un ouvrage qui nous fait revivre ce siège de la ville au quotidien, qui n'occulte pas les dissensions, les erreurs dans les décisions militaires mais aussi dans l'organisation de la vie quotidienne des parisiens, les terribles périodes des bombardements, de famine. Mais il permet aussi de mettre en valeur la solidarité des habitants et malheureusement aussi leurs espoirs déçus, le sentiment d'avoir été trahis par la nouvelle république ce qui conduira, en grande partie, à l'avènement de la Commune de Paris quelque deux mois plus tard.