Ce drôle d'oiseau, jouisseur né, épris de liberté, fuyant les diktats d'une société trop bien pensante, enfermée dans ses carcans de moralité et de vertu, fait naître chez le lecteur de réels sentiments contradictoires et chamboule tous les codes de la bienséance.
A travers une première partie dans laquelle le lecteur accède à « son moi profond », véritable introspection sans retenue, soutenue par une plume fluide empreinte de lyrisme et de poésie célébrant les atouts du charme féminin, le lecteur ne peut s'empêcher de s'attacher à cet écorché vif, ce solitaire dans l'âme, que tour à tour il fustige, déteste, aime, tout en jouissant avec lui, en savourant et en partageant son insatiable appétit de vivre.
La seconde partie sonne comme un rappel cruel de cette condition humaine qui finit par rattraper cet anti- héros, qui tente en vain de la fuir ne se donnant que « la petite mort » pour mieux échapper à la vraie, la définitive … Epuisé de stupre, cherchant enfin la rédemption en offrant son coeur à son double féminin, miroir d'une possible rédemption, l'auteur nous livre dans ce roman une réflexion sur les ravages de l'addiction et sur la solitude, à la fois cause et conséquence, des tourments de l'Homme de l'ère moderne.
Pierre Beaulieu incarne de manière incontestable ce genre de volatile, impossible à retenir et à enfermer en cage, emportant son lecteur sur les rives libertines de l'insouciance, loin des convenances et faisant triompher, comme un pied de nez, à la toute fin, la liberté , de celle qui nous permet encore de « voler de nos propres ailes » et de défier cette finitude inscrite en chacun de nous.
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