Edouard Fourcade, la cinquantaine sonnée (ou sonné par la cinquantaine, c'est comme on veut...) plante, au retour de vacances, femme et bagages sur un quai de gare pour s'en aller en forêt de Brocéliande sur l'instigation d'une petite vieille dame anglaise manipulatrice, déguisée en Miss Marple (soit dit en passant, d'une santé à toute épreuve puisqu'elle n'hésite pas à s'en aller courir le guilledou toute seulette car elle adore marcher pieds nus sur la mousse détrempée par la pluie....)
Du passé, faisons table rase pour se (re)construire un avenir à la hauteur de nos désirs et de nos ambitions se dit-il pour se déculpabiliser d'avoir abandonné la pauvre Armelle (Mme Fourcade dont il ignore encore à ce moment-là le degré de vénalité.....mais bon, passons, je ne veux rien spoiler !)
En effet, Edouard en avait ras le bol de la vie parisienne, d'une épouse peu encline aux mamours, de quoi vous pousser à la foucade (oh oh) en désertant le lit conjugal, sans parler de ce boulot inintéressant d'ingénieur-aiguilleur à la SNCF (mais, alleluja, il peut se permettre la démission puisqu'il vient d'hériter d'un pécule bienvenu qui le met à l'abri du besoin ! ouf !)
Adoubé par Denis, son ami d'enfance (psychiatre), qui avait depuis longtemps deviné son mal être, Ed se retrouve dans une chambre d'hôte au Doux Chemin au sein d'une petite communauté dont chaque membre recèle un secret.
Il y a là, outre Miss Marple indiscrète et agaçante au possible, Gaëlle, leur hôtesse aux petits soins dont la douceur n'a d'égale que la complaisance, son fils Gauvain, autiste mutique à la botte d'Adèle version fée Morgane gore, Raymond, le voisin bourru et facétieux mais sur qui on peut compter, le chien Nimbus, le chat
Platon et enfin Elise, un amour d'enfance sacrifié sur l'autel de l'autorité paternelle (mais à quoi s'attendre quand Papa est militaire, je vous le demande !)....et puis encore Christine et Robert, les parents de Delphine disparue et Raphaël, le gentil gendarme ami de collège de Christine qui en a vu des vertes et des pas mûres et comprend "tout à fait" le désarroi de Christine, mère éplorée et épouse rudoyée par son aubergiste de mari.
Que de malheurs ! Mais je n'en dévoilerai pas plus pour laisser au lecteur le plaisir de la surprise....
On comprend tout de suite que Edouard/Lancelot, preux chevalier des temps modernes (on est quand même à Brocéliande) n'est pas là par hasard et que par le jeu des circonstances, il va mettre les mains dans le cambouis et donner de sa personne (au sens propre et figuré) pour remettre tout ce petit monde sur les rails (ça ne s'invente pas quand on est chef d'équipe aiguilleur SNCF !)
Que vous dire ? Que j'ai failli jeté l'éponge à la trentième page ? Que j'ai levé les yeux au ciel une bonne cinquantaine de fois ? Mais non, j'ai persisté car c'était mon premier roman d'
Agnès Ledig et je n'aime pas chroniquer sans être allée au bout -écrire un livre, c'est tout de même un sacré boulot.
Donc 425 pages, des rebondissements à la pelle, des bons sentiments (des mauvais aussi), du sexe, des larmes, des bons petits plats, du drame et du rire, des automates, , des ikebanas...de la liqueur de pomme et des biscuits au caramel beurre salé (j'adore !)
C'est du feel good pur jus pour les amateurs que je rassure illico : tout est bien qui finit bien.
D'abord ampoulé, le style s'affine et se libère au fil des pages et en définitive...
Ah ! mince !! j'allais oublier Viviane.....la tortue....