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Roman totalement addictif ! Une nuit de juillet 1986, deux camions remplis d'ammoniac destinés à une usine de tabac sont braqués par Muller, avec la complicité de cinq hommes armés. Les chauffeurs sont assassinés et les véhicules incendiés.
Une des originalités : le lecteur suit le déroulement des événements au long de deux décennies (de 1986 à 2007) tandis que la police piétine. L'enquête, confiée à Simon Nora de la Brigade financière, bien que longtemps dans le brouillard, est minutieuse et patiente. On prend connaissance peu à peu des rapports d'enquête, on suit les planques, les filatures, Nora épluche les bio des protagonistes, de leurs fréquentations avec incursions dans le monde du sport qui sert souvent de vitrine aux cigarettiers. Il décortique les quantités de cigarettes produites en regard des quantités vendues…Il pique des épingles sur une carte européenne et les relie par des fils pour tracer la "route de la nicotine". Des années pour transformer les soupçons en preuves.
Les principaux protagonistes sont l'entreprise European general Tobacco qui utilise les services de Fox et Reynold Consulting en charge de la communication et du lobbying dirigée par David Bartels. Lui-même confie la partie événementielle à l'entreprise Life events qui utilise les prestations de prostituées de haut vol, tandis que Muller, véritable homme main est chargé des basses oeuvres. Ce dernier, un des protagonistes essentiels du roman, dont on suit les méfaits, demeure Monsieur X pour Simon Nora qui ignore son identité et qu'il piste sans succès durant toutes les années de l'enquête. Un mystère et une obsession pour lui.
Une dizaine d'années après le braquage, Muller supervise la contrebande de cigarettes dans les Balkans. Brun, acolyte e Simon Nora, enquête sur les réseaux de prostitution et Nora est rattaché à la cellule européenne antitabac du procureur Scelci. Au fil du temps, Nora peine à convaincre Scelci et Bruxelles de l'utilité de son enquête sur les industriels du tabac (les gens continueront toujours à fumer !), Brun espionne le réseau de prostitution et remonte jusqu'au siège de BRS Conseil(ex Fox Reynold consulting, la société de Bartels désormais associé à Rojas). Des journalistes croates se mêlent à l'enquête de leur côté que Muller tentera de les faire taire. On découvre les rapports de force avec la mafia italienne et toutes sortes luttes de pouvoir.
Le roman est parsemé de différentes actualités françaises et internationales qui se déroulent durant les deux décennies ainsi que l'évocation de personnalités marquantes du journalisme, de la politique, etc.
On plonge dans l'industrie du tabac qui vend "du rêve et de la liberté" par tous les moyens imaginables au prix de corruptions, contrebande, prostitution jusqu'aux incursions dans des événements caritatifs ! Sont évoqués la fraude aux taxes, le marketing plus que douteux, l'intense lobbying parlementaire, principalement lors des lois anti-tabac qui se soldent par des petits arrangements, la grève des buralistes qui donne lieu à des opérations punitives, les luttes de pouvoirs, les rapports de force avec la mafia italienne etc..
Je n'avais jamais lu de roman de Marin Ledun. Excellente découverte ! Tout à fait prête à récidiver avec d'autres titres.
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C'est l'histoire d'un chargement d'ammoniac qui est volé et les chauffeurs sont tués de façon atroce.

C'est un livre bien écrit avec des chapitres courts. On se prend facilement dans l'histoire et on tient jusqu'au bout car on veut savoir si le procès aura lieu même si on en a déjà une petite idée. Les personnages sont noirs voir même écoeurants pour certains. Mais la souffrance est bien là et ne les quitte pas. Les thèmes principaux abordés sont le tabac, l'influence, la manipulation, le pouvoir et la mort. L'addiction est partout et les travers aussi. L'auteur nous relate l'histoire du tabac à travers les lois anti-tabac qui se sont mises en place petit à petit et comment les cigarettes ont pu rebondir. C'est un univers impitoyable où le plus fort écrase les autres pour arriver à ses fins. On passe un bon moment de lecture où l'univers du tabac est décrit comme la peste actuelle.

Je conseillerai ce livre à un public adulte aimant les romans noirs sur des faits d'actualité voire même historique.
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Les dessous du lobbying criminel...ou commercial...Ou quand on fait connaissance avec l'industrie du tabac et ses (énormes) travers. Roman policier noir, qui nous révèle les dessous d'une entreprise très lucratives pour les fabricants de cigarettes et les manoeuvres de ces derniers pour influencer les politiques, à tous les niveaux. On est surpris par les diverses manières de "convaincre" les influenceurs...la façon qu'ont ces entreprises gigantesques de retourner les actualités "anti-tabac" en leur faveur. le criminel n'est pas toujours celui ou celle que l'on croit. L'horreur de voir que l'on peut jouer avec les gens, les manipuler de diverses façons...séduisantes, effrayantes. Et...la fin est surprenante...pas forcément morale, ni heureuse mais étonnante.
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Leur âme au diable est un formidable polar, passionnant, haletant dont l'action se situe en Europe, dans les années 1990 et 2000, quand les mesures anti-tabac commencent à prendre de l'ampleur. Marin Ledun met en fiction les stratégies marketing et les manoeuvres du lobby pour valoriser l'acte de fumer.
Tout commence en juillet 1986, en Normandie, quand deux camions citernes contenant de l'ammoniac à destination d'une usine de fabrication de cigarettes se font braquer par un commando lourdement armé. Mais ce braquage se passe mal. Bilan : sept morts. Dès lors, la police judiciaire, la brigade financière et l'Office européen de lutte antifraude décident d'enquêter.
Style épuré, au rythme rapide, phrases au millimètre, dialogues acérés, qui privilégient l'action, les gestes et les comportements font de ce roman une parfaite réussite que je vous conseille !
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C'est un pavé de six cents pages qui se lisent d'une traite !
Une enquête qui se déroule sur une vingtaine d'années tournant autour de l'industrie du tabac et tout le joli gratin… C'est très prenant, on n'y apprend rien de nouveau mais c'est sympa…
À lire…
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France, les années 80. Un groupe comet plusieurs crimes pour le bénéfice de l'industrie du tabac. Ses méfaits vont de l'assassinat à l'évasion fiscal, en passant par le braquage de camions, le blanchiment d'argent, le proxénétisme (joliment appelé par l'auteur de "services d'un genre douteux"), chantage et corruption de Ministres d'Etat, sénateurs, députés juges, avocats etc. Ce groupe est caractérisé par l'auteur comme "le lobby du tabac".
France, Italie et le Balkans, début des années 2000. Les magnats du tabac et son "lobby" organisent la contrebande de cigarettes dans toute l'Europe en utilisant un réseau d'homologues basé dans les Balkans avec de branches en Italie. Curieusement, tous les bandits en dehors de la France sont de "mafieux" et pas de "lobbystes" ! Bien sûr, s'il avait une Mafia en France, on le saurait , n'est-ce pas ?
A part ça, ce livre est plus une exhaustive compilation de toutes les lois pour ou contre le tabac que un romans. Les personnages sont caricaturaux et il n'y a pas un que soit un peu sympathique.
Je remercie à Babelio et à Gallimard de m'avoir donner ce livre.
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« Leur âme au diable » de Marin Ledun : le plus dur, c'est la première…

Sur deux décennies débutant au milieu des années quatre-vingt, Marin Ledun nous propose un roman noir et policier autour du commerce des cigarettes manufacturées et de ses enjeux (financiers et sanitaires). Exprimé ainsi, le sujet peut sembler un poil rébarbatif, d'autant plus pour l'ancien fumeur que je suis et qui n'a réussi, pour l'instant, à soigner sa dépendance que dans le vapotage… Cela dit, il m'a suffi de risquer un doigt dans l'engrenage pour être aussitôt happé par une histoire dont la puissance narrative m'a souvent rappelé celle de « La griffe du chien » de Don Winslow (immense compliment, pour moi, tant j'ai apprécié ce dernier livre !). Les deux évoquent le marché de la drogue et les cadavres abandonnés dans son sillage. En fait, ils ne sont séparés que par une question de degrés. Car si, à la différence de la nicotine, le commerce de la cocaïne est réprimé, il n'en demeure pas moins que la nocivité du tabac engendre toujours plus de contraintes légales et de taxes qui ont également fini par rendre son trafic très juteux. Et quand il y a de l'argent en jeu, la corruption et les drames humains ne tardent pas à poindre… Ils se déploient en France, en Italie, dans le Monténégro et jusque sur les circuits de F1. Voilà pour le cadre.

Qu'en est-il des personnages ? Difficile d'en repérer des sympathiques, en fait…

Le principal, David Bartels et sa propension à consumer sa vie au rythme des cigarettes qu'il enchaîne. Toujours actif, voire hyperactif, flairant les bons coups pour le compte de ses clients, l'entreprise European G. Tobacco. Son but ? Accroître sa fortune et son pouvoir. Rien de bien répréhensible à l'époque du capitalisme débridé… Sa méthode ? le marketing flirtant avec la corruption. Plus précisément ? D'abord convaincre des scientifiques (un chèque dans une main, une prostituée dans l'autre, une matraque dans la troisième) à engager leur réputation pour contrer le discours adverse concluant en l'extrême dangerosité du produit. Ou encore infiltrer toutes les strates de l'État (ministère, parlement et j'en passe) pour retarder les mesures de santé publique visant à baisser la consommation de cigarettes. Pour cela, celui qui apparaît progressivement comme une sorte de Parrain (ou de Seigneur du ciel, référence à la Griffe du chien) s'appuie sur les services de Sophie Calder, alias Valentina, maquerelle à la tête d'une agence de relation publique, pour ne pas dire de putes de luxe. Et si la persuasion ne donne rien, il appelle Anton Muller, son pitbull dévoué. Dangereux, fidèle, efficace, ce mercenaire exécute ses ordres sans discuter. Sa seule erreur ? Épargner un témoin gênant quand il s'agit de régler son compte à Hélène Thomas, une gamine qui en sait trop et peut les relier au braquage des trois camions d'ammoniaque (et du massacre consécutif). Alors oui, notre tueur peut faire preuve d'empathie, il a sans doute trop visionné de Disney dans sa jeunesse. Et puis, il y a aussi Eduardo Rojas, l'associé qu'on a imposé à Bartels après son premier faux pas, un cadre de European G. Tobacco, un beau parleur intelligent et charismatique, commercial hors pair qui sait galvaniser ses troupes de représentants lancées à l'abordage des buralistes pour privilégier la marque qu'il sert, et parmi eux Raphaël, son préféré et amant, obsédé de sexe et de reconnaissance.

Face à cette mafia, les forces de l'ordre s'organisent en prenant leurs temps, peut-être un peu trop au regard des millions de victimes générés par cette industrie. Un moine-soldat les dirige, Simon Nora. Frustré par la déroute de sa première enquête, dans les années quatre-vingt, avortée grâce au génie de Bartels, il ne vit bientôt plus que pour l'abattre et, à travers lui, dénoncer les méthodes criminelles des cigarettiers. Nora ne s'est jamais vraiment remis de son premier échec et depuis il suit la fumée. Il ne s'arrête jamais, sacrifie tout à son sacerdoce, ne vit que pour lui. Il ne se doute pas qu'un second grimpeur escalade l'autre versant de la montagne de fric. le lieutenant Brun recherche d'abord la jeune fille disparue, dans les années quatre-vingt, puis il renonce à la ramener chez ses parents lorsqu'elle lui explique l'enfer vécu dans sa famille. Quand il la recroise des années plus tard en traquant un réseau de proxénétisme, il devient touchant dans sa propension à vouloir la protéger, quitte à menacer toute la résolution de l'affaire.

Parlons à présent de la manière : dans un style épuré, Marin Ledun mitraille son histoire. Chacune de ses phrases évoque une rafale de kalachnikov propice à créer rapidement une ambiance hallucinatoire. Un peu comme un boxer à la limite du KO ou un junkie flirtant avec l'overdose, l'enchaînement des chapitres m'a placé dans une transe rappelant celle offerte par cette substance au coeur du récit, la nicotine, quand je la consommais sans modération, certaines nuits, entres potes puis en boîte, une cigarette entre les doigts tout en sautant sur la piste de danse en gueulant les refrains de L'Homme pressé, m'instillant ainsi ce surplus d'énergie nécessaire à me transporter jusqu'à l'aube, heureux mais enroué. Tout ça sans baisser de régime pendant 608 pages. Bref, ce roman m'a pris à la gorge dès l'entame, m'a poussé dans les cordes, et j'ai bien failli défaillir, puis il est devenu très rapidement addictif. Un point pour lui. Un livre dont le sujet s'accorde à la forme, ce n'est pas si commun. Et surtout, ça fleure bon la grande littérature !

Stéphane Furlan

Lien : https://noiraucarre.com/2021..
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Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un polar. Ce n'est pas un genre que j'affectionne particulièrement. Je trouve les intrigues souvent redondantes et les castings "tous pourris" ne satisfont pas mon goût pour le doux amer. J'en ressors trop souvent avec une saveur de cendres et de sel sur le palais et une impression de temps perdu à la mesure de mes désillusions.

Quand j'ai vu sur les présentoirs de la bibliothèque celui-ci, je me suis dis que foutu pour foutu autant ne partir avec aucun espoir en poche. Fils de fumeur et fumeur depuis une décennie avec quelques pauses dont une de plus d'un an, je n'ai aucune indulgence pour ce poison. Je sais quelle merde c'est, et je regrette chaque taffe lorsque j'écrase mon mégot. Je n'avais donc rien à perdre.

C'est un très bon polar selon les codes du genre. Bien rythmé malgré une légère longueur finale, les dialogues sonnent justes et frappent fort, et les personnages qui se servent ces répliques sont, bien que toujours caricaturaux, malheureusement crédibles (ce n'est pas un paradoxe à mon sens, beaucoup de nos congénères ressemblent davantage à des archétypes qu'à des personnes, moi y compris en bon critique qui vous raconte sa vie).
C'est surtout un bon faux documentaire. le témoignage d'une époque qu'on s'efforce de corriger, et les rouages d'une machinerie qui ne semble pas décider à rouiller.

Le dénouement me laisse cependant un peu blasé. L'ultime rencontre entre Calder et Bartels apparaît comme une rencontre au sommet entre deux monstres essoufflés, et j'aurais préféré un virage plus brutal. C'est finalement là une digne représentation du crépuscules des infâmes, dans un parfum aigre de tabac froid.
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Le livre démarre sur les chapeaux de roues avec un braquage non loin du Havre en 1986. On est dans le vif du sujet dès les premières pages et on comprend vite qu'une marchandise précieuse est en jeu dans ce braquage.

La suite prend la forme d'un grand roman noir très bien documenté, qui questionne la place et le rôle de la cigarette dans nos sociétés. On y découvre les discours hypocrites des grands dirigeants mais aussi tous les politiques et magouilleurs qui gravitent autour et qui en profitent. La seule logique est celle du profit.

Marin Ledun écrit un de ses romans les plus aboutis je trouve. On se remémore les événements marquants des trente dernières années au fil de l'histoire (les différents rôles de Chirac en politique, l'impact d'événements sportifs, le vote de certaines lois, etc.). Un véritable tour de force ce polar.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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