David Lefèvre, en parallèle avec divers emplois alimentaires, est parti à travers le monde. Parmi ses nombreuses rencontres, un ami qui propose de lui prêter un terrain avec une cabane au bord du lac Huillinco, sur l'île chilienne de Chiloé, pour y passer plusieurs mois. Il y restera et tiendra un journal de bord de septembre à avril, du printemps à l'automne. La cabane nécessite une remise en état, et l'auteur se donne à fond dans les travaux manuels, menant aussi à bien la création d'un potager dans la forêt avoisinante. J'ai aimé sentir la nature qui entoure la cabane, les averses, voire les tempêtes qui la frappent, et les petites bêtes diverses et aussi plus grosses, qui signalent à l'auteur que c'est leur territoire.
J'ai un peu moins apprécié les réflexions philosophiques, enfin certaines d'entre elles me parlaient, mais pas toutes, ce qui est bien normal, et chacun devrait y trouver phrases à relever et matière à réfléchir sur son propre rapport à la nature.
La solitude, la proximité immédiate de l'environnement poussent évidemment à se poser des questions sur la vie, sur l'homme et la nature, sur la société de consommation, mais, et l'auteur note bien qu'il faut revenir à la réalité, comment croire que ce mode de vie puisse convenir à tout le monde et être extensible à l'infini ? Si j'imagine les forêts envahies de cabanes, et d'individus attirés par cette forme de pauvreté volontaire, je ne suis pas certaine que l'environnement et la nature s'en porteraient mieux. Cela fonctionne si ça reste assez marginal. Vu la population terrestre, éviter de construire et d'habiter les villes paraît une douce utopie.
Davantage que les considérations philosophiques, j'avoue avoir préféré les portraits des voisins du narrateur, à quatre pattes ou à deux, ces derniers n'étant pas forcément les plus civilisés, et aussi les évocations du climat et des paysages, côté lac, comme côté océan, et le cahier de photos à l'intérieur qui permet de se représenter les lieux. Pour moi l'aspect voyage immobile et le cadre unique de l'île de Chiloé sont un peu frustrants, mais j'en retiendrai de très beaux passages où l'auteur réussit vraiment à faire partager son expérience et sa réflexion.
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