Sans doute a-t-il été plus en homme d'État qu'homme d'Église, mais il a combattu l'aspect politique de la religion, son attitude a été celle de la tolérance. Il a dominé les problèmes de son temps et a pensé la politique à l'échelle européenne. Le refus de la prépondérance des Habsbourg en Europe l'a conduit, à regret, à engager la France dans la guerre. Il est parvenu à obtenir la supériorité militaire au prix d'une pression fiscale qui dépassait sans doute les possibilités du pays. La misère a provoqué des soulèvements chez les paysans. Richelieu n'a pas été aimé. La guerre lui a fait remettre à plus tard ses projets de réformes.
Homme d'Église, d'une vaste intelligence, d'une immense ambition, il a dû combattre tout au long de sa vie pour vaincre les obstacles multiples qui s'opposaient à son action.
Il ne faudrait pas croire que Richelieu se soit tout à coup substituer à Louis XIII. C'est bien le roi qui gouverne, ce roi qui, pour l'essentiel, partage les conceptions de son ministre sur la grandeur de la France et l'autorité de l'État. Louis XIII a le mérite d'avoir reconnu la puissance de travail et le génie du Cardinal et de l'avoir soutenu au prix, parfois, de lourds sacrifices. Richelieu a dû constamment lutter pour conserver la confiance de son maître, lutter contre des ennemis puissants, car parents ou proches du roi : la reine mère, le frère, l'épouse, les favoris qui soutenaient son éloignement ou sa disparition.
Mettre en cause le principe de la monarchie ne viendrait pas effleurer l'esprit du cardinal ; il n’est que le serviteur dévoué du roi, rien de plus. Quant à Louis XIII, brave et courageux, il est heureux à la guerre. Il partage les vues de son principal ministre, sait qu'il détient le pouvoir et fait avec conscience son métier de roi tout en souffrant de ne pas trouver chez les siens et dans son entourage la tendresse désintéressée dont il a besoin.
À la tête des affaires de la France pendant près de vingt ans, Richelieu a contribué à faire du pays une grande monarchie centralisée suivant un programme qu'il s'est fixé à son entrée au conseil : « Ruiner le parti Huguenot, rabaisser l'orgueil des Grands et relever le nom de la France dans les nations étrangères ». En réalité, ce programme n'apparaît aussi fidèlement réalisé que parce qu'il a été rédigé à la fin de sa vie.
La France de 1642 [l'année de la mort de Richelieu] n'est plus celle de 1624 [l'année de l'entrée de Richelieu au conseil du Roi]. Elle vient d'affirmer sa supériorité sur l'Espagne, la première puissance de l'Europe. Richelieu fait de la France un État « moderne » ; Louis XIV recueillera les fruits de son action.