Pourquoi les appeler dissolues, ces vies en quête d'absolu ?
« Sur le clavier, voulant écrire « désir », mes doigts tapent « désert »… »
La chienne qui crève ne se convertit pas à Dieu - elle est Dieu.
Qui a déjà creusé la terre pour y enfouir un animal aimé me comprendra.
C'est quand même inquiétant, cette époque malade des mots qui tient absolument à chasser du langage le mot efficace, le mot frontal, le mot flagrant qui frappe l'esprit et fait claquer la langue, pour son pâle succédané, son mol ersatz - sa cornegidouille. P182
J'évitais d'en parler, de peur de blesser. C'est une chose que j'ai apprise très tôt, dès la parole, je crois : il faut faire attention aux autres, y faire attention par deux fois; c'est-à-dire qu'il faut prendre soin d'eux et dans le même temps s'en méfier. Surtout, ne pas les mettre dans la position difficile de te haïr. Toujours penser aux autres; c'est l'impératif mondain qui tant fatigue qu'on en devient ours, on fuit ou on fait la gueule.P146
Au-delà de la connivence potache, je me rappelle combien était vif le plaisir de partager avec quelqu'un qui comprenait ce savoir inutile, gratuit, enfantin. Savoir pour rien, pour la beauté du mot, pour la liberté de penser ou pas. P86
Les livres que j'aime ont ce pouvoir de me mettre à l'abri du ressentiment et des passions tristes. P42
J'aime ce musicien israélien à la vie fêlée comme l'est sa voix. Un garçon beau, brillant, éternellement malheureux en amour, qui ose ce que peu d'hommes osent de nos jours, surtout les plus jeunes : dire le chagrin de l'amour perdu, à moins qu'il ne soit introuvable, femme après femme, d'une illusion à l'autre. Asaf Avidan a survécu à un cancer à vingt ans - mais c'est de survivre au désir qui le déchire et qu'il chante. P67