L'amant russe

J'étais un peu fâché avec Gilles Leroy depuis que j'avais éprouvé toutes les peines du monde à terminer la lecture de Grandir. Pourtant je suis tombé sous le charme de ce très beau livre, dont l'édition brochée au Mercure de France est d'un beau bleu sobre comme je les aime. Téméraire et pas rancunier en littérature, j'ai tenté la lecture d'un autre Gilles Leroy, sans déception.

Dans l'amant russe, on suite un groupe de communistes français en visite officielle en URSS, lors d'un de ces voyages très encadré par des fidèles du Parti, où l'on s'efforce de montrer aux occidentaux que le régime en place rend le peuple heureux et prospère. Ennivrés par la vodka, ils ne cherchent d'ailleurs pas à voir ce qui se cache derrière tout ça.

Notre narrateur a seize ans, c'est un garçon vif et intelligent, amoureux des livres, et tombé sous le charme d'un des jeunes russes chargés de les accompagner pendant cette semaine de visite. Les beaux yeux noirs de l'amant russe et l'insouciante frivolité de l'adolescent français crééeront une histoire d'amour troublante de délicatesse, incapable de se vivre au grand jour, nourrie de regards discrets, de frolements, et osant jusqu'à l'impensable.

C'est un très beau roman sur le désir amoureux, l'émoi adolescent, le franchissement de l'interdit.

Coup de coeur pour l'histoire, coup de coeur pour les personnages, coup de coeur pour les émotions, coup de coeur pour les mots, coup de coeur, coup de foudre, coup d'amour... je ne sais plus trop, je n'ai plus les mots...

Dès les premières pages de la préface, le coeur fait boum. Il s'arrête, puis repart, un peu chamboulé.
Ce roman, c'est une sublime histoire d'amour, de désir, d'émois. Une histoire d'amour aussi belle que triste, aussi foudroyante qu'éblouissante. Une histoire d'amour dans l'urgence, dans le noir mais à la plus belle clarté du coeur. le piège funeste d'un premier amour.
C'est sec, c'est franc, raconté avec la plus belle des plumes, dans l'inéluctable destin du coeur brisé mais riche d'amour, marqué pour toujours.

Ce récit autobiographique est bouleversant. Il nous transporte en pleine Russie, au coeur d'un coup de foudre aux ombres funestes. le narrateur nous raconte sa rencontre avec Volodia, nous en décrit chaque sentiment, chaque frisson, chaque peur et chaque désir. Une rencontre poignante faite de non-dits, d'interdit, mais si violente, si vibrante, si urgente, que seul l'amour, le toucher, la peau, viendront quelque peu apaiser les tourments de notre narrateur. Un amour d'une grande beauté, nourri de regards, de frôlements, aussi dramatique qu'une lumineuse noirceur. J'ai aimé être aux côtés du narrateur pour ressentir chaque sensation, chaque sentiment qu'il a pu goûter, cette violence, cette peur et pourtant cet amour si grand, si fort, si essentiel, qu'il en deviendra rage, rage d'aimer, rage d'accéder à cet homme, à Volodia, Volodia si contradictoire et qui pourtant lui donne tout, lui offre tout, tout de lui, tout en préservant sa propre vie. Une dépendance dangereusement exquise s'installe. L'amour est né.

Au-delà de l'histoire magnifique, ce qui m'a marquée le plus, c'est la plume de l'auteur. Une plume bouleversante, magnifiée par la poésie qui s'en dégage, par les émotions, par cette évidence des mots pour raconter les maux, par cette sensibilité féroce de nommer. Une plume qui va bien au-delà de la simple écriture.

En bref, un énorme coup de coeur pour ce roman, pour ses protagonistes, pour ce récit qui marque profondément la chair et l'âme, pour cet amour troublant de délicatesse, pour cet amour violent de passion, pour cet amour interdit mais intense et bien en vie, inoubliable.
Merci à l'auteur pour nous avoir offert ce bout de vie, ce bout de lui, cette rage du sentiment adolescent, un chant tout en sensibilité et tendresse tel un véritable requiem d'amour.
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Un livre qui ne m'a pas spécialement touché. Certes, c'est une belle histoire : un adolescent français rencontre un jeune Russe à Leningrad, et ceux-ci tentent de vivre leur romance. Certains tournures de phrases sont un peu étonnantes, la ponctuation aussi, mais ça se lit d'une traite. Un peu déçu, je m'attendais à mieux sans doute.

Court roman écrit comme avec une sorte de hâte, un souffle pour expurger ce bref coup de foudre d'un encore adolescent français pour un jeune russe lors d'un voyage.
Passion électrique qui marquera le narrateur, douloureusement, violemment. Passage à l'age adulte aussi. Découverte du sexe, découverte des sentiments, découverte d'une tendresse cachée.
Gilles Leroy manie ici l'écriture au plus près du coeur et du corps du jeune narrateur.

Une histoire d'amour impossible entre un jeune Français de 16 ans et un homme russe de dix ans son aîné, sur fond de grandeur et de triste rectitude du régime communiste à Leningrad. Leroy y conte des émois qui se dérobent, se volent, se frôlent à peine dans une époque et un lieu qui ne tolèrent ce genre d'élans. Une belle histoire même si les digressions nombreuses sur le contexte politique ont à mes yeux quelque peu terni la poésie de l'ensemble.