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3,03

sur 87 notes
Oulala, ça y est j'en suis venu à bout.
Quel étrange roman. de très bonnes critiques, une nouvelle « Éducation sentimentale » , un sujet original : Pénétrer en même temps que Jeanne dans La Tannerie, clone du vrai Espace 104 lieu pluri culturel, polyphonique et branché de Paris XIXe.
Alors on va vraiment la suivre de près , cette jeune bretonne à la capitale,pendant 380 pages étonnantes de futilité, vaguement flaubertiennes mais au total très ennuyeuses. On vous rassure tout de suite : il ne se passera rien. Par contre on saura tout sur ce type de lieu et la galère des jeunes en quête de CDI dans le monde de la culture.
Peut-être plutôt pour le lecteur trentenaire, nostalgique de sa post-adolescence et de ses années de célibat....
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La Tannerie de Celia Levi est l'un des romans de cette rentrée littéraire qui m'intriguaient le plus. J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture. J'ai trouvé fascinant la manière dont l'auteure a su saisir notre époque et le désenchantement d'une génération.
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Jeanne a grandi près d'Auray dans une famille d'agriculteurs. Après des études dans les métiers du livre, elle décide de quitter la Bretagne pour Paris. Elle va être embauchée en CDD pour travailler à l'accueil d'un lieu culturel en pleine évolution à Pantin, La Tannerie.
Ce roman se déroule sur deux années et englobe aussi tout le contexte social et politique sur cette période. On assiste aux manifestations, à l'effervescence du mouvement Nuit debout. On perçoit également la détresse des migrants qui installent leurs campements de fortune de plus en plus près de la Tannerie.
Pour l'image, la Tannerie va d'abord soutenir la cause des migrants, puis très vite, à mesure que les campements se rapprochent du Lieu, lui tourner le dos avant de s'y opposer fermement. Celia Levi exploite avec talent la frontière mince entre bien-pensance et hypocrisie. le fossé entre les employés de la Tannerie se creuse : entre ceux qui défendent corps et âme leurs idées, à l'image de Saïd, et ceux qui n'ont que leurs grands discours, ceux qui parlent creux, qui citent les grands philosophes à tout bout de champ et qui aiment surtout s'écouter parler. Celia Levi arrive à écrire tout ça avec une telle maîtrise et une telle justesse. C'est épatant.
Nous vivons tout ça à travers les yeux de Jeanne, ce personnage un peu desincarné qui s'efface encore plus derrière cette image de la parisienne à laquelle elle veut à tout prix ressembler, qui se prépare pour aller à une manif comme on se prépare pour aller à une soirée. Jeanne fantasme sa vie et particulièrement sa relation avec un collègue, Julien. Jeanne est un personnage très agaçant et pourtant extrêmement intéressant parce qu'elle incarne notre société axée sur les apparences. Jeanne se crée un monde, et finalement elle se crée un personnage, on n'a pas l'impression de la connaître vraiment, elle agit toujours dans l'intention de séduire. Même quand elle se rend aux manifestations, on se pose la question de l'écho que la cause a vraiment pour elle, tant on a l'impression qu'elle est là pour être là, pour plaire, pour exister aux yeux de ce Julien qui l'obsède tant.
La Tannerie est une chronique sur le cynisme de notre époque, sur les espoirs et les désillusions d'une génération. Un roman qui vise juste et bien.
"Le lieu c'est le lien."
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Jeanne voulait quitter sa Bretagne natale, sa petite vie étriquée. Il lui semblait que travailler à Paris allait l'aider à s'épanouir. La voilà donc à Paris, dans une colocation avec un CDD en poche. Elle sera "accueillante" à La Tannerie, friche industrielle réhabilitée en lieu de culture. Elle va avoir du mal à s'adapter, dans la compréhension de ce que l'on attend d'elle, dans le lieu même où elle se perd, dans ses relations avec ses collègues. Mais elle reste sans bien savoir pourquoi, avec l'espérance de jours meilleurs.
J'avoue que je n'ai éprouvé aucun plaisir à lire cette histoire. La qualité d'écriture ne suffit pas, je déteste les personnages de "loser". J'avais envie de dire à Jeanne : Va-t-en, ne reste pas là, bouge-toi ! Tout le long de l'histoire on se demande si elle va se jeter dans le canal Saint-Martin voire pire.
De plus, la fin m'a exaspérée.
Même si je sais que ainsi va la vie, j'aime trouver autre chose dans mes lectures.
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On suit le parcours de Jeanne, une jeune bretonne qui commence à travailler à ''la Tannerie'', une entreprise dédiée à la culture se situant à Paris. On la voit découvrir la vie parisienne, se lier d'amitié avec des personnes et s'éloigner d'autres, rêver et être rappelée à la réalité. En somme on suit le parcours d'une jeune jeune femme dans un environnement nouveau où elle ne connait personne. Bien que des actions politiques soient abordées dans ce roman comme l'évacuation de camps de migrants ou Nuit Debout, il s'agit, de mon point de vue, avant tout d'un roman sur les relations humaines. C'est pour cela que je pense que l'on peut tous se retrouver un peu dans Jeanne à travers les joies, les rêves, les tristesses et les déceptions qu'on a connus.

Sans être un coup de coeur, c'est un roman qui se lit bien et par lequel on se laisse porter sans se prendre trop la tête.
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Sa formation de libraire terminée, Jeanne quitte la Bretagne pour tenter sa chance à Paris. Carrière, amours, amitiés : tout un monde, aussi excitant qu'angoissant, s'ouvre à elle. Mais, dans l'incapacité à trouver un emploi stable, Jeanne va enchaîner les contrats courts à la Tannerie, lieu artistique alternatif implanté sur le canal de l'Ourcq. Dans ce microcosme dont les voeux d‘inclusivité dissimulent mal la précarité effective des employés, Jeanne fera ses premières expériences de l'engagement politique, apprendra les codes d'un entre-soi fondé sur la distinction culturelle, et tombera éperdument amoureuse.
S'il nous plonge dans un monde immédiatement contemporain, La Tannerie évoque plutôt, par sa forme très classique, les grands romans initiatiques du XIXe siècle. A la manière d'un héros de Flaubert, Jeanne court d'illusions en déceptions, et la narration indolente comme les dialogues très écrits permettent à Celia Levi d'épingler toutes les postures de ses personnages, sans jamais céder à une caricature trop facile. Analysant finement les mécanismes de domination sociale, La Tannerie dévoile ainsi, à travers l'expérience de la jeune ingénue qu'est Jeanne, les processus d'exclusion qui se jouent aussi bien à l'échelle des individus qu'à celle, plus large, de l'espace urbain gagné par la gentrification.

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La Tannerie de Celia Levi, un roman social qui dénonce l'imposture du monde du travail contemporain
J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix du Roman des Etudiants Télérama & France Culture, je fais en effet partie du jury pour cette édition ! Je suis ravie d'avoir découvert ce roman et cette autrice à l'occasion car je ne suis pas sûre que je l'aurais lu autrement.

Au début, je n'ai pas aimé ce roman, non pas parce qu'il était mal écrit, mais dans le sens où il je sentais que ça n'était pas une lecture plaisir mais plutôt politique, un peu froide et hermétique, car tout comme l'héroïne Jeanne, on se sent perdu et extérieur à l'action, comme si on était voué à échapper au coeur de l'histoire pour toujours. On suit en effet une héroïne qui est très romantique, en retrait de l'action et toujours dans l'observation. La narration, comme contaminée, paraît donc au début peu dynamique, empotée ou empêtrée, et assez endormie. Elle reste aussi impersonnelle finalement, bien que racontée du point de vue de Jeanne. le monde dans lequel elle pénètre, celui de la Tannerie, et par extension le monde du travail et de la ville, lui semble opaque et elle lui oppose une attitude un peu endormie, niaise, mollassonne. Jeanne a ainsi des difficultés à s'intégrer dans ce monde nouveau dont elle ne comprend pas les codes, et dès le début elle se perd, littéralement, et se sent fatiguée. Elle n'ose pas poser de questions de peur de se révéler inculte et de perdre sa place. Elle rêve d'amitiés fortes, mais a une fausse idée des liens qui l'unissent à ces collègues de la Tannerie. Sa solitude est lourde, pesante. de même, lorsqu'elle assiste aux spectacles avec ses collègues, elle ne les comprend pas et se retrouve de nouveau en décalage avec les autres. Finalement, elle ne parvient jamais vraiment à comprendre les codes, et est donc condamnée à répéter le même discours pour présenter La Tannerie aux visiteurs. En réalité, Jeanne est toujours extérieure à l'action, cantonnée à un rôle d'observatrice, et on ne sait jamais ce qu'elle pense. A travers elle, l'autrice Celia Levi souligne le décalage des codes campagne/ville et a fortiori avec les codes très parisiens des autres membres de la Tannerie, qui semblent à Jeanne extraordinaires de bon goût et d'élégance, lorsqu'ils ne semblent être que des attitudes très convenues et snobes.
Dans ma lecture, j'ai eu l'impression qu'il y avait deux parties dans le livre: une première durant laquelle je me suis un peu ennuyée, car je me suis sentie toujours en dehors de l'action, et une deuxième, qui m'a davantage embarquée dans l'histoire et où j'ai pris davantage de plaisir à lire ce roman. C'est en effet à partir du moment où Jeanne est intégrée dans le groupe des techniciens et des employés de la Tannerie qu'elle paraît un peu moins niaise, elle semble avoir davantage de recul sur certaines choses et comprendre qu'elle est en décalage avec les autres. Sa passion pour Julien, un de ses collègues, qui tourne à l'obsession, donne un intérêt nouveau à l'intrigue, même si elle ne fait que renforcer la naïveté de Jeanne qui se fait l'archétype de l'Emma Bovary de notre société contemporaine. Une héroïne plongée dans ses fantasmes toutes la journées et qui fait tourner toute sa vie autour d'une image idéale de la Tannerie, sans voir que derrière ce nouveau lieu culturel se cache toujours un espace déshumanisé de lutte, précarité, compétition, violence et brutalité. Jeanne, par son manque de clairvoyance et par ignorance des codes de la société urbaine qu'elle découvre, devient finalement la victime de ce système inhumain.


En conclusion, j'ai beaucoup aimé cette lecture malgré une entame un peu difficile, l'écriture de Celia Levi est très forte du fait de descriptions précises et d'une narration maîtrisée, elle sert parfaitement bien sa critique de la société et du système du travail absurde et vain, qui reste opaque à qui n'en maîtrise pas les codes. Je le recommande fortement !



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Comme dans les romans du XIXème, Jeanne monte à Paris, quittant la ferme de ses parents et sa Bretagne natale.
Elle trouve un emploi précaire à La Tannerie, une ancienne friche industrielle de 60.000 m2 au bord du canal à Pantin, transformée en centre culturel. La voilà dans un autre monde, celui de l'art et de la culture, sans en avoir les codes.
Son rôle d' « accueillante » consiste à renseigner les visiteurs perdus comme elle dans ce labyrinthe ! Cette première expérience se termine en fiesta après l'inauguration d'une expo réussie. La vie parisienne semble lui tendre les bras avec ses amitiés, ses sorties nocturnes, ses discussions de café, ses potins de toutes sortes. Il faut dire que La Tannerie est aussi une vaste entreprise où sont employés techniciens, artistes, agents administratifs, d'entretien, d'accueil. le patron, M.Leroy, fait de beaux discours d'homme de gauche pour valoriser « leurs » projets , tout en maintenant des emplois précaires, des bas salaires, des conditions de travail éprouvantes.
Jeanne observe, attend, s'éloigne des mal-vus et essaie de s'intégrer au groupe de Julien, son chef hiérarchique dont elle est amoureuse. Ce bel intello dragueur lui conseille Rohmer et Sebald. Il lui fait découvrir les rues de Paris. Elle rêve.
Quand des migrants plantent leurs tentes le long du canal près de la Tannerie, comme les autres d'abord elle compatit puis fait un détour pour ne pas passer devant eux, Elle participe aussi à Nuit Debout et prend part aux manifestations, parfois violentes, contre la loi travail. Sans bien comprendre le fond des choses.
Enfin on lui confie la formation de 3 jeunes du quartier dans le cadre d'un plan d'insertion en lien avec la mission locale. Elle pense gagner davantage et monter en grade : il n'en sera rien !
Dans ce roman l'autrice fait le portrait d'une époque.
Son écriture très classique suit les cheminements de la naïve Jeanne ce qui lui permet de dénoncer à distance l'hypocrisie dans les relations, la fausse bonne conscience du milieu culturel, la légèreté des engagements, la sophistication du langage de classe, la précarité des jeunes. Ses descriptions de l'architecture parisienne, des paysages maritimes ou des mouvements de foule sont absolument magnifiques.
Je ne peux que conseiller cette lecture à tous. Encore merci à Babelio et aux éditions Tristram pour cette belle découverte.

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Un tiers lieu contemporain, en filtre ironique, tendre et cruel d'une éducation sentimentale et d'une gestion quotidienne de l'utopie restant toujours à imaginer.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/09/17/note-de-lecture-la-tannerie-celia-levi/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ce qu'il y a de bien avec la toponymie, c'est qu'elle est souvent dépositaire d'une histoire qui, sans cela, tomberait dans l'oubli. La Tannerie que Celia Levi a imaginée dans ce roman fut autrefois un site de production ultra-moderne implanté à Pantin, que la désindustrialisation conduisit à la faillite, puis qui subit diverses transformations avant de tomber en ruine et d'être squatté.

Entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe, nombre de ces lieux laissés en friche furent réhabilités et métamorphosés en espaces culturels plus ou moins modulables dans le but souvent affiché de relancer un quartier ou une banlieue.

A la fois lieu d'exposition, salle de spectacle, offrant la possibilité de se restaurer, voire de faire du co-working, institution vouée à favoriser l'insertion des jeunes sur le marché du travail, figure de proue de la communication des élus locaux, la Tannerie est un de ces espaces tentaculaires et protéiformes traversés par nombre d'individus tentant avec plus ou moins de succès d'y trouver une place.

Après avoir quitté sa Bretagne natale, au terme de ses études, Jeanne y décroche un poste d'« accueillante » - en CDD, est-il besoin de le préciser - dans lequel elle se trouve propulsée du jour au lendemain, sans bénéficier de la moindre formation préalable. Elle devra se débrouiller par ses propres moyens - en comptant sur l'aide de ses collègues, son bon sens, son intuition et sa faculté de mimétisme - pour s'orienter et s'imposer au sein de ce milieu qui se révèle, en dépit de sa promesse, plus écrasant qu'épanouissant.

Mais la tâche n'est guère aisée pour Jeanne qui est une provinciale ignorant tout des codes du parisianisme ambiant - qu'elle souhaite cependant ardemment acquérir. Pourra-t-elle compter sur le séduisant Julien pour les lui enseigner ? Celui-ci a beau jeu de briller avec quelque formule enlevée ou une référence philosophique qu'il ne manque pas d'exhiber avec complaisance.

Je trouve parfois les titres des romans contemporains alambiqués, voire obscurs pour ne pas dire complètement abscons. Celui-ci, dans sa simplicité, s'imposait avec la force de l'évidence. Car c'est bien cet espace qui est au coeur du roman, tout comme l'était le grand magasin du Bonheur des dames magistralement évoqué par Zola. C'est lui qui impose ses règles, c'est autour de lui que s'organise la vie de tous ceux qui le traversent, c'est en son sein que se tissent les relations évidemment professionnelles, mais aussi sociales et affectives de ceux qui le font vivre. Broyant les uns, offrant la faveur d'une titularisation à quelques autres pour assurer son expansion, il est un lieu hégémonique auquel il semble difficile de pouvoir échapper.

A la manière des maîtres du roman réaliste, mais sans jamais sombrer dans un style désuet, Celia Levi brosse le portrait d'une jeune femme de notre temps, une jeune femme subissant des conditions de travail dégradées, parfois insupportables, enchaînant les contrats précaires dans l'espoir d'accéder enfin au graal d'un CDI dont les critères d'accès restent flous et soumis à l'arbitraire, recherchant dans les rassemblements de Nuits debout l'expression d'un collectif dont toutes les formes semblent avoir été éradiquées, et nous offre ainsi une photographie de notre époque, celle d'une génération sommée de se construire sur des fondations de plus en plus instables.


Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Un livre surprenant qui analyse notre monde du travail et notre société par le prisme d'une jeune provinciale qui arrive à Paris et commence à bosser dans un lieu culturel qui ressemble beaucoup au 104 ou au Palais de Tokyo.
Naïve et fraîchement diplômée dans les métiers du livre, elle cherche à tout prix à intégrer ce Parisianisme qui lui semble un Graal. Et ça va être dur et décevant mais l'amènera à trouver sa voie.
Bien écrit, très documenté et cultivé, jamais cynique ni dans les clichés. Un grand plaisir de lecture.
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