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EAN : 9782367190181
246 pages
Tristram Editions (02/01/2014)
2.75/5   18 notes
Résumé :
L’histoire se déroule dans ces faubourgs miséreux du Shanghaï contemporain, où les habitants vivent dans la peur d’être expulsés de leurs immeubles délabrés, voués à être rasés par les promoteurs. C’est la Chine de la croissance à deux chiffres, vécue du côté de ceux qui aimeraient croire au miracle économique, mais n’en seront jamais que les laissés pour compte.

Le personnage principal, Xiao Fei, est un jeune homme vivant avec ses deux sœurs et sa vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Celia Levi a séjourné un an à Shanghai pour améliorer son chinois, la langue de sa mère. de ce séjour est né ce roman, un récit sur la disparition de la Chine d'avant et sur la cruauté de nos sociétés contemporaines entièrement soumises au pouvoir de l'argent.

Xiao Fei vit avec sa vieille mère, qui devient attachante en devenant sénile, ses deux soeurs Mei Mei et Bei Bei, et son neveu, rivé jour et nuit à son ordinateur, dans un quartier insalubre de Shanghai voué à la destruction.
Xiao Fei, rêveur désoeuvré et immobile, est incapable d'agir dans ce monde qui lui échappe ; alors il échafaude des rêves de grandeur ou d'amour -être reconnu comme un lettré, admiré pour ses calligraphies ou en tant que héros résistant face aux spéculateurs qui menacent le quartier, être aimé de sa cousine exilée en Amérique et qui revient en Chine pour étudier la langue-, et il oscille entre ses fantasmes et la colère ou l'humiliation de ne rien accomplir.

"Il ne savait pas de quoi il faisait partie, de rien sûrement, il n'était ni un prolétaire ni un bourgeois. Il sentait pourtant son âme tendre à de grandes actions, à de grandes idées."

Avant l'arrivée des communistes au pouvoir, ses parents étaient des lettrés, déchus au moment de la Révolution culturelle. Xiao Fei se rêve en grand homme de cette Chine d'avant imprégnée de culture et respectueuse de la nature, le pays de son enfance et de la grandeur de son père, tandis qu'il en voit les dernières traces disparaître sous ses yeux.

"Tandis qu'il rêvait Xiao Fei aurait voulu être sur la barque de son enfance, une longue barque fine qui l'aurait ramené sur cette rivière intacte, il aurait regardé les poissons, les algues, la nature lui souriant. Aujourd'hui se disait-il, il ne devait rien en rester, si ce n'était une rive boueuse où les usines pétrochimiques et les incinérateurs crachaient leurs déchets radioactifs."

Alors que ce monde s'émiette, encerclé par les pelleteuses et les spéculateurs, le dernier rempart de la tradition reste la cuisine, jusqu'à ce que même les aliments deviennent inaccessibles (Dix yuans le kilo de concombres), au fur et à mesure de l'écrasement des plus modestes par la société marchande.

"Les raviolis étaient particulièrement réussis, le jus était abondant, il brûlait la langue et se répandait délicieusement dans la gorge. La pâte était délicate, elle glissait entre les baguettes. C'est cela le bonheur, manger de bons xiaolongbao, le reste n'a pas d'importance. Il pensa à la peinture, aux stèles, à L Histoire, et se souvint que son père lui avait appris que le bonheur ne pouvait venir des parties basses du corps mais du coeur et de l'esprit."

Xiaolongbao : raviolis à la vapeur, spécialité shanghaienne.
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Le père de Xiao Fei était un lettré, et sa famille a vécu confortablement et paisiblement jusqu'à l'avènement de la Révolution culturelle. Elle a alors été expulsée de sa maison, pour intégrer un misérable logement au sein d'un lilong -quartier fermé typique de Shanghai-, où il est décédé peu de temps après. Depuis, Xiao Fei y vit avec sa Vieille mère, ses deux soeurs, charmantes et de nature joyeuse, et un neveu accro aux jeux vidéo.
Habiter un lilong, c'est subir la vétusté, l'insalubrité, et la promiscuité, mais c'est aussi pouvoir compter sur la solidarité de ses voisins, et entretenir les souvenirs attachés aux lieux.
Toujours est-il que la destruction du quartier est prévue pour bientôt. La municipalité a assuré ses habitants qu'ils seraient relogés dans des appartements plus grands, au confort moderne, mais ces belles promesses tardent à se concrétiser...

Xiao Fei, autour duquel tourne le roman, est un individu perpétuellement insatisfait, qui vit dans l'amertume et les regrets. Il se languit d'une Chine d'érudits polyglottes et de sages philosophes. Il rêve de raffinement, d'élévation intellectuelle, mais ne se donne pas les moyens de réaliser ses ambitieux projets, paralysé par une constante indécision, plombé par une apathie quasiment maladive. Il supporte difficilement le comportement de la jeune génération, qu'il juge trop libre, et arborant des tenues trop dévergondées.

Il se pose en victime, et sans doute l'est-il en effet...
Héritier d'une culture considérée comme obsolète, il a reçu un enseignement inadapté à la vie moderne, et se sent décalé vis-à-vis des mutations qui bouleversent la société chinoise. Nostalgique d'un temps où la grandeur se mesurait au savoir, il n'a pas les moyens de se faire une place dans le nouveau monde, libéral et trépidant, qui se construit sous ses yeux.
Car l'opposition entre la Chine d'hier et celle d'aujourd'hui est tangible : Shanghai se pare, de manière irréversible, et parfois à quelques mètres des quartiers traditionnels dont les habitations sont faites de bric et de broc, d'étincelantes tours de verre, signes ostentatoires de richesse et de modernité.
Les tentatives de Xiao Fei pour prendre du recul vis-à-vis de sa situation, en s'essayant à une sagesse méditative, échouent : les soucis matériels, et ses préoccupations triviales -comme celle qui consiste à vouloir absolument épater sa cousine venue des États-Unis pour apprendre le chinois-, en s'imposant à lui, le ramènent constamment à sa piètre condition.

"Dix yuans un kilo de concombres" est un roman de la Chine d'aujourd'hui. Une chine post Mao, post révolution culturelle, qui mute, avec une précipitation effrénée, vers une économie de marché inique, en donnant l'impression de vouloir fouler, dans cet irrépressible élan, ses traditions et son identité séculaires.

Si le roman comporte quelques longueurs -dues à la personnalité de son héros, dont les tâtonnements et l'inertie donne le sentiment que l'histoire, parfois, tourne en rond-, j'ai dans l'ensemble apprécié cette lecture, et me suis attachée aux habitants du lilong, humbles individus écrasés par le rouleau compresseur du capitalisme...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Shanghaï de nos jours. Au milieu des quartiers pauvres, Xiao Fei vit avec sa vieille mère, ses soeurs, son neveu, la jeune cousine américaine en visite.
Issu d'une famille d'anciens lettrés il se sent humilié, déshonoré par un présent d'une situation sociale et financière qu'il subit.
Nostalgique, désabusé, il se raccroche à sa calligraphie et se perd dans ses pensées philosophiques et poétiques.
On découvre le quotidien des laissés-pour-compte de la société, c'est triste et frappant de réalisme. Décrépitude et misère. Une Chine meurtrie.

(Lecture interrompue au tiers.
Déçue j'aurais aimé apprécier le style, la narration, mais pour le moment, je n'y parviens pas. le sujet m'intéresse. Peut être reprendrai-je ultérieurement).
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A Shanghaï, le lilong de Xiao Fei et sa famille est cerné par la prolifération d'immeubles alentour et les bulldozers, qui vont bientôt détruire aussi sa maison... mais il faut continuer à vivre quand même, à rêver un peu malgré tout, à manger, à dormir, à survivre...
L'argent, les voitures, les buildings, les autoroutes envahissent le paysage chinois au détriment des plus démunis, qui sont sensés être relogés, sans savoir où ni quand...
Célia Levi dresse un portrait amer de la Chine contemporaine en pleine mutation, en décrivant dans un style très asiatique, la détresse de tous ces gens déplacés par la force du destin, perdant un pan de leur histoire déjà complexe; un beau regard cependant et une lecture non dénuée d'intérêt.
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Une famille... Shanghai... la misère et la pauvreté des laissés-pour-compte... Les ingrédients étaient là pour faire un bon roman...
Mais l'auteur prend le parti de tout décrire sous le regard de Xiao Fei, l'homme de la famille, qui n'est pas porté sur le travail manuel mais plutôt intellectuel. Ou tout du moins c'est ce qu'il croit et souhaite avec ferveur !!! Il est humilié par la situation dans laquelle est plongée sa famille mais il fait bien peu pour y remédier... Il m'a agacé au plus haut point et finalement l'histoire a pris un goût amer à mes yeux...
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critiques presse (1)
Telerama
29 janvier 2014
Redoutable portrait de la Chine contemporaine, violente, impitoyable aux faibles, formidablement inégalitaire, ce roman, aussi sensible qu'énergique, froid et brûlant tout à la fois, est plus généralement celui de notre monde globalisé, où l'homme a cessé d'être la référence.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il se montait la tête; sa colère enflait et cherchait un exutoire. C'était la nouvelle génération. Ils ne connaissaient rien. Ils n'avaient pas vécu la Révolution Culturelle, ils étaient gâtés, alors que lui n'avait rien eu, maintenant c'était trop tard. Il était comme ces machines que l'on jetait à la casse. Il n'avait aucune compétence, aucun diplôme. Il comprit qu'il ne s'appartenait pas, il faisait partie d'un tout, son pays, une structure sociale à l'intérieur de laquelle il devait exercer une fonction. (...) il n'avait même plus assez de force pour comprendre quelles étaient ses aspirations. (p. 37)
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Le Fou

Je suis l'Histoire que les hommes ne voient pas, je suis la haine que chacun porte en soi, je suis les enfants qui rient au bord des sources claires et je suis ces vieux qui meurent dans les hospices. Je suis sale comme une grande ville, les stigmates de la misère humaine sont ma sanctification, je suis fier car je ne suis rien mais je suis tout. (...) (p. 11)
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Une vie à bricoler, à remplir des tâches ménagères, c'était une vie perdue.Le cours rapide des choses l'avait emporté sans qu'il ait pu dire un mot.Il avait été jeune un jour. Qu'est-ce que ce jour avait de différent d'aujourd'hui,puisqu'il était la même personne?Son avenir alors semblait ouvert; il n'avait pas pensé au destin.Il ne s'était pas dit que tout se refermerait inéluctablement sur un quotidien qui n'était ni la vie ni la mort.(...) Le constat de la dissolution de sa vie et de son incapacité à y remédier le plongeait dans un état d'hébétude plus que de désespoir. Le désespoir lui eût peut-être donné cette force qui s'empare à certains moments des âmes faibles et leur insuffle l'instinct nécessaire à leur survie.
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Il passa devant la synagogue. Les juifs sont comme nous, ils ont eu Hitler, nous avons eu Mao, ils ont dû se cacher, fuir leur patrie. (p. 19)
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Il prendrait un taxi, au diable les économies. Il en arrêta un, un jeune homme lui passa devant. C'était comme dans la vie, il y avait toujours quelqu'un pour lui passer devant.
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Videos de Celia Levi (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Celia Levi
Celia Levi vous présente son ouvrage "La Tannerie" aux éditions Tristram. Rentrée littéraire automne 2020.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2425626/celia-levi-la-tannerie
Note de musique : YouTube Audio Library
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