Dans cette dystopie loin d'être "fantastique", les adolescentes doivent passer l'année de leur 16 ans en exil, livrées à elle même dans une forêt barricadée. Cette année particulière est pudiquement nommée "
l'année de grâce", mais personne ne parle de ce qu'il s'y passe, et les jeunes filles espèrent en revenir, vivantes, survivantes, avec le moins de blessures possible...
C'est une dystopie simple et riche à la fois : de moins en moins manichéenne au fil des pages. Les ennemis ne sont peut-être pas là où on le pense... Les pires dangers ne sont pas ceux auxquels on s'attend le plus. En quatre saisons, les personnages gagnent en folie autant qu'en maturité...
Le roman fait la part belle à "dame nature" : dangereuse et salvatrice par essence ; et il met à mal la nature humaine et ses travers si cruels. Dans cette dystopie féministe, l'autrice met en scène le statut de la femme au sein d'une communauté très fortement patriarcale, dont les principes sont d'une grande violence à l'égard du "sexe faible". Ce dernier inspire tant de crainte aux hommes qu'ils doivent "endiguer leur magie", par tous les moyens, y compris les plus atroces... J'y décèle une certaine représentation du féminisme post mouvement #MeToo.
S'agissant d'un livre "Jeunesse", j'ai été étonnée par les quelques passages plutôt "sanguinolant" et par la violence souvent malsaine, surtout pour un ouvrage à destination d'un public adolescent (indiqué "à partir de 13 ans" par la maison d'édition). La narration est très bien rythmée, le style de
Kim Liggett est agréable, à l'exception de certains dialogues un peu poussifs qui manquent de fluidité ou de naturel. Je me suis rapidement plongée dans l'univers mais j'ai mis du temps à m'attacher à Tierney, l'héroïne, malgré son caractère tranché, original, rebel et intelligent.
Mon avis reste tout de même assez mitigé et dans ce style de dystopie, j'ai préféré
le passeur de
Lois Lowry, qui a plus attisé ma curiosité...