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4,25

sur 2061 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Complètement charmée par l'année de grâce que j'ai dévoré et qui m'a poussé à me relever cette nuit à 4 heures du matin pour finir les 15 dernières pages ! Cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Grande amatrice de dystopies, j'ai été comblée avec ce roman qui a su renouveler le genre en passant derrière les "Servante Ecarlate", "hunger games", "le Dernier jardin"...
On y découvre par le biais d'une héroïne de 16 ans, Tierney, une communauté où les femmes sont complètement bridées. Elles sont sensées être mauvaises, détenir une certaine magie (sous entendu sexuelle). Alors l'année de leurs 16 ans, l'année de grâce, les jeunes filles sont envoyées dans un camp sur une île pour briser cette magie. A l'issue de cette année, si elles en reviennent vivantes, elles devront se conformer aux lois du comté et soit épouser celui qui les a choisies soit partir travailler. Les jeunes filles comme les femmes n'ont pas de choix à exprimer. Comme dans la Servante Ecarlate, elles ne sont que des ventres. En cas de rébellion, les hommes n'hésitent pas à les supprimer.

Tierney est une jeune femme à laquelle je me suis rapidement attachée. Ce qui fait la force de ce roman, c'est que ce n'est pas seulement une dystopie mais surtout un roman d'apprentissage. On verra Tierney grandir, se révéler. Fille courageuse, réfléchie, volontaire, elle va lutter pour sa survie mais aussi celle des autres filles. Ce qu'il se passe pendant cette année de grâce, personne n'en parle c'est interdit. Les filles sont livrées à elles-mêmes dans ce camp où toutes les dérives deviennent possibles. Tierney essaie d'appliquer les enseignements de son père. Elle se montre là encore posée, travailleuse, courageuse. Alors que d'autres filles attendent que leur magie se libèrent. Cela m'a fait penser à sa Majesté des mouches où une bande d'ados est livrée à elle même. Les deux romans font froid dans le dos.

Autre point fort de ce roman, c'est la galerie de personnages. Les personnages secondaires sont vraiment beaux. J'ai adoré la famille de Tierney avec qui elle a des liens très fort mais aussi Michael qui est le personnage qui m'a le plus surpris et étonné après Tierney mais aussi certaines filles qui partagent l'épreuve de Tierney.

J'ai beaucoup aimé aussi l'utilisation de la symbolique des fleurs.

Enfin, ce roman est tout de même un roman d'espoir. Espoir d'un changement pour les femmes.

Ma lecture a été très fluide. C'est très bien écrit. J'ai ressenti beaucoup d'émotions et j'ai été agréablement surprise par des rebondissements. L'histoire est captivante et addictive. J'ai tremblé pour ces filles. Certains passages sont durs mais avec une retenue dans la description des violences. C'est plutôt suggéré. Ce qui est le plus dur et le plus frappant, c'est d'imaginer une société comme celle ci. Où les femmes n'ont plus un mot à dire, n'ont pas le droit de rêver, de choisir leur époux. Où les femmes peuvent être tuées sur un mot de leur mari (pratique quand on a envie de se marier avec une petite jeune).
Lecture dont on ne sort pas indemne.

L'année de grâce est un gros coup de coeur. Merci à Babelio et aux éditions Casterman pour cette belle découverte.
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« A Garner County, toutes les femmes sont coiffées de la même manière : les cheveux rassemblés en une longue tresse et le visage dégagé. Les hommes considèrent qu'ainsi, elles ne pourront rien leur cacher : ni rictus narquois, ni coup d'oeil furtif ou étincelle de magie. Les rubans sont blancs pour les fillettes, rouges pour les adolescentes en année de grâce et noirs pour les épouses. »

Tierney s'apprête à partir pour son « année de grâce » avec une trentaine d'infortunées de son âge.
Une année pour se débarrasser de leur « magie » et en faire de bonnes épouses à leur retour, enfin pour les heureuses élues qui ont reçu un « voile » de leur futur mari, déjà marquées par le sceau de la propriété masculine.
Une année entière confinée dans un camp sur une île hostile, sous la menace des braconniers à l'affût d'une proie à dépecer.
Les filles qui ont la chance d'en réchapper reviennent brisées, le regard éteint alourdi par une sombre omerta. Personne ne parle de son année de grâce.

Tout comme dans la « Servante écarlate », la religion et les superstitions qui en découlent servent de prétexte aux hommes pour asservir les femmes et les maintenir sous leur joug. Gare à celles qui s'écartent du droit chemin.
La potence ainsi que l'arbre aux châtiments qui trônent sur la grand-place ne cessent de le rappeler.
Les femmes sont tour à tour vues comme des proies ou des rivales, terrifiées par la peur de vieillir et la honte de ne pas engendrer de fils.
Les soeurs des filles tombées en année de grâce sans être recensées sont quant à elles exilées dans les quartiers extérieurs où leur sort est peu enviable.
Mais cette année semble s'annoncer sous d'autres auspices. La révolte qui brûle dans les yeux de « Tierney la Terrible » suffira-t-elle pour affronter cette année où il sera avant tout primordial de survivre aux autres ?

Immersion dans un monde impitoyable où les femmes subissent la domination des hommes, où la soumission, la sauvagerie et la cruauté brident toute liberté mais également où les fleurs éclosent pour entretenir l'espoir d'un monde meilleur.
Dès le début, on s'attache à Tierney, à sa famille bienveillante et à Michael, son ami d'enfance. le huis-clos à l'intérieur du camp où la violence va crescendo est contrée par la détermination et le courage de Tierney, bien décidée à briser le cycle infernal.

Coup de coeur pour ce premier roman de Kim Liggett qui réussit un véritable tour de force avec cette dystopie à la croisée de la Servante écarlate, de Hunger Games et de Sa majesté des mouches.

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L'action de ce roman se déroule quelque part, à une époque indéterminée, dans une communauté qui considère les femmes comme des femmes dangereuses, des êtres magiques dont il faut se méfier, surtout quand elles ont seize ans c'est-à-dire l'âge où elles cessent d'être des filles pour devenir des jeunes femmes désirables. Pour tuer en elle toute magie, la communauté exige que, pendant un an, les jeunes filles de 16 ans soient exilées sur une île, dans un campement rudimentaire en pleine coeur de la nature, livrées à elles-mêmes, et condamnées peut-être à être tuées par des braconniers qui rôdent. Un an plus tard, les survivantes sont autorisées à rentrer et à se plier aux règles de la communauté.
Au vu du résumé et surtout après quelques pages, j'ai eu l'impression de retrouver l'atmosphère de « La servante écarlate » de Margaret Atwood mais aussi celle de « La lettre » de Nathaniel Hawthorne, un mélange de dystopie et de puritanisme du début du 17ème. Un contexte très particulier qui fait de la femme une ennemie qu'il convient de briser. Tierney, le personnage central de cette histoire, est une jeune fille qui étouffe sous le carcan de cette société autoritaire et patriarcal mais, naïvement, elle pense que le groupe exilé, une fois à l'abri du regard des hommes, va pouvoir vivre différemment, s'aider. Mais la vérité est que les filles reproduisent dans ce camp désolé, les mêmes règles, s'opposant les unes aux autres plutôt que de s'aider. Tierney en est d'ailleurs victime, ce qui l'oblige à affronter une nature hostile et aux multiples dangers. C'est aussi sa chance car elle sortira transformée de cette année de grâce.

Ce roman est certes une dystopie, mais c'est aussi un roman d'apprentissage, un roman féministe qui devrait amener les lectrices à s'interroger sur la place des femmes à l'heure actuelle, à s'interroger aussi sur les relations qu'elles nouent entre elles. Interrogée peu avant sa mort, Gisèle Halimi regrettait que les femmes ne soient pas plus solidaires : « Désunies, elles[les femmes] sont vulnérables. Mais, ensemble, elles représentent une force extraordinaire. Une force capable de chambouler le monde, sa culture, son organisation, en le rendant plus harmonieux. Les femmes sont folles de ne pas se faire confiance, et les hommes sont fous de se priver de leur apport. » C'est ce que dit à sa manière Kim Ligget dans « L'Année de grâce ».

Je vous recommande vivement ce roman jeunesse mais qui peut être lu par tout le monde et je remercie au passage Babélio et les Editions Casterman d'avoir pu le lire.
Challenge Multi défis 2020
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Avec plus de deux cents critiques, je ne vais pas à mon tour faire un résumé mais juste ajouter ma voix aux critiques élogieuses. C'est un roman que j'ai trouvé bouleversant, qui nous fait passer par plusieurs émotions au fil de la progression de la lecture : la révolte, la colère, la peur, la tristesse et l'espérance. Lu d'une traite, j'ai tourné la dernière page avec une petite larme, j'avoue. Il faut dire que les personnages sont attachants, la romance bouleversante et le sujet abordé, celui de la place de la femme dans la société, nous parle complètement. On y retrouve les thèmes de la servante écarlate et ce vent de révolte qui souffle nous emporte avec lui dans la lecture. Mais sans en faire trop, en laissant aussi la part belle aux hommes et ça c'est important. A lire, en sachant tout de même que ça reste du young adult et que ça se sent parfois et qu'il reste des questions que l'on se pose sur cet univers bien particulier.
Challenge Mauvais genres 2021
Challenge auteures sfff 2021
Challenge
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Tierney a 16 ans. Et à 16 ans, lorsque l'on est née fille dans le comté de Garner County, on part pour son année de grâce, une année dont aucune femme ne parle jamais. Cette année, durant laquelle les jeunes filles se retrouvent seules et livrées à elles-mêmes, est destinée à libérer leur magie. Car chaque homme à Garner County le sait : les femmes renferment en elles un pouvoir diabolique de séduction, de perversion et de corruption, qui culmine à l'âge de 16 ans. Pour devenir des femmes soumises, elles doivent s'en libérer. Car à 16 ans, on est également choisie par un homme de la communauté pour devenir son épouse. Si on n'a pas cette chance, on part travailler dans une maison de labeur. C'est toujours mieux que d'être bannie dans les quartiers extérieurs pour devenir une prostituée. Les deux soeurs aînées de Tierney ont déjà vécu ce rite de passage et sont désormais des épouses exemplaires. Mais Tierney n'est pas comme elles. Jeune fille indépendante et farouche, elle ne rêve pas d'un époux et refuse toute entrave. Ce qu'elle veut, c'est la liberté. Celle qu'elle veut, c'est choisir sa destinée.

Roman que je qualifierais de dystopie, sans précision de lieu ni de date ,« L'année de Grâce » délivre une histoire universelle portée par une héroïne inoubliable, Tierney. Garner County est un monde dirigé par les hommes pour les hommes : patriarcal, misogyne, tyrannique. Les femmes sont traitées comme du bétail, au mieux comme un bel animal de compagnie. Nul droit de parler entre elles, nul droit de se mouvoir librement,nul droit de rêver. Juste obéir et se soumettre.L'année de grâce est-elle ce moment qui peut leur offrir un peu de liberté ? Rien n'est moins sûr lorsque la rivalité et la jalousie l'emportent sur la raison. Mais Tierney et ses compagnes, tout au long de cette année faite de souffrances, de deuils et de luttes, vont découvrir au-delà de leurs antagonismes qu'elles seules, ensemble, peuvent changer le cours des choses. Tierney bien sûr, personnage lumineux, courageux, opiniâtre, en sera l'étincelle.
Je rejoins pour une fois ce que nous annonce la 4e de couverture du roman, à savoir un mélange de « La Servante écarlate, » de « Sa majesté des mouches » et de « Hunger games ». Rien que ça… Glaçant, bouleversant, addictif, «L 'année de Grâce » nous parle de survie, d'amour, de solidarité, de résilience et d'espoir. de féminisme également, tout en accordant à certains personnages masculins des rôles emblématiques et rédempteurs, porteurs d'espoir.
Des personnages captivants, une intrigue aux rebondissements multiples, des émotions et une lecture fascinante. « L'année de Grâce », on ne peut pas l'oublier.
Une de mes meilleures lectures en terme de littérature ado de l'année 2020. Coup de coeur !
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Mais comment vous faîtes vous tous, babeliotes pour parvenir à faire une bonne critique? Je viens de finir ce roman, je me dis "wouah ça mérite une critique, c'est balèze, allons-y" et me voilà, perdue à chercher mes mots.

Et pour cause : on n'est pas chez les bisounours.

Nous ne sommes pas chez les bisounours, nous sommes dans un monde où les femmes sont, comme dans La Servante Ecarlate, condamnées à être soit des Epouses ou des travailleuses. Cela pourrait s'arrêter là.
Mais c'est bien pire.
Voilà que malheur de malheur, les adolescentes seraient pourvues de magies, magies qu'il faut bannir. Pour cela, elles sont envoyées pendant un an, l'année de grâce, sur une île pour se défaire de leur pouvoir si elles veulent vivre dans la communauté... C'est une idée de génie : les hommes les rabaissent, les dénigrent, leur font peur et en plus ils créaient une tension pour qu'elles se méfient les unes des autres, afin d'éviter de développer une solidarité entre elles. Afin qu'elles restent à leur place. Qu'est-ce qui va se passer sur cette île? Personne n'a le droit d'en parler. Mais elles voient les cicatrices sur leurs mères, leurs soeurs, certaines ne reviennent pas...
J'ai trop de chose à dire sur ce roman, qui derrière sa dystopie survivaliste féministe, me rappelle la vraie condition des femmes. Je m'arrête là et vous invite à le lire.
Je rajoute cette citation de Kaouther Adimi :" La mise en concurrence des femmes entre elles, créer une rivalité, empêcher toute sorte de sororité, tout cela nourrit évidemment le patriarcat."

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Les dystopies étant mon domaine de prédilection, je pensais avoir déjà brassé une bonne partie du genre … Je n'ai cependant pu que sauter sur l'occasion quand une amie m'a proposé cette lecture commune et quelle … claque !

Vous pensiez avoir tout vu ? Détrompez-vous !

Entre colère, beauté, pouvoir, magie, survie et rébellion, j'ai été happée pour l'histoire toute entière quitte à me demander moi-même si j'étais à ma vraie place dans la société, si moi aussi je devrais encore me battre en tant que femme … En réponse à ce questionnement, je ne peux que répondre dans l'affirmative…
Sous ce roman se dessine un alliage fort entre la Servante écarlate d'Atwood et Hunger Games. Entre féminisme et soumission, entre magie et nature, entre prédateurs et proies, entre cas de conscience et conscience collective, cet ouvrage brasse une société nouvelle où la place de la femme est plus que controversée.

Cette histoire, c'est celle de Tierney, Kiersten et toutes ces filles envoyées en année de grâce afin de permettre à leur magie de disparaître et de revenir aussi pure qu'un arc-en-ciel, afin de devenir la femme parfaite attendue, sinon les quartiers extérieurs vous attendent plus qu'impatiemment ... Cette histoire, c'est celle de ces filles dont toute l'éducation peut être remise en question. Cette histoire est une histoire de résistance et de solidarité !

La où réside la force mais aussi l'horreur des dystopies, ce que les desseins les plus sombres représentés sont en résonance avec notre propre réalité, nos propres travers, nos propres haines, mais aussi notre beauté intérieure et notre force de résister et d'avancer vers un monde unique et meilleur !

Si je vous conseille ce bouquin ? Les yeux fermés (Gardez-les bien ouvert lorsque vous serez dans le camp). Et n'oubliez pas, ce que je vois en vous, c'est l'espoir.
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Lors de sa sortie, « L'année de Grâce » a rapidement eu de bons échos, que ce soit sur la toile en général, chez les copines de Babelio ou encore sur des blogs auxquels je suis abonnée. N'ayant lu aucun mauvais avis, j'ai décidé de craquer et de découvrir cet ouvrage présenté comme un très bon mélange entre « La Servante écarlate », « Sa Majesté des mouches » et « Hunger Games ». Or, après cette lecture, je peux annoncer que la comparaison n'est pas fortuite. Ce one-shot m'a effectivement fait songer à ces trois oeuvres.

Avec effroi, j'ai plongé dans ce village où les Femmes ne valent pas mieux que du bétail : les hommes choisissent eux-mêmes leur future épouse pour enfanter leur descendance et celles qui n'ont pas de conjoint devront travailler pour la société. Les filles doivent accepter ce choix et ce, même si elles n'aiment pas la personne qui leur est promise… Mais le pire consiste à envoyer toutes ces vierges de seize ans en exil, afin de vivre l'année de grâce. 365 jours consistant à survivre seules dans un camp loin de la cité. 365 jours où elles seront livrées à elles-mêmes. 365 jours pour perdre leur « magie », un pouvoir que chaque femme possède, puisque le sexe faible est impie ! J'aime beaucoup les fictions mettant en avant les sociétés patriarcales et misogynes où les Femmes vont ouvrir les yeux sur leur quotidien, puis se révolter. le statut de ces héroïnes ne me laisse jamais indifférente et je sais d'avance que je ressentirai une myriade d'émotions pour celles qui oseront ouvrir les lèvres. Ce que va vivre Tierney et la trentaine d'adolescentes ne fera pas exception : j'ai été fascinée, écoeurée, furieuse, blessée et impressionnée. Plus j'en apprenais sur la ville, sur le camp et l'année de grâce, moins je restais insensible. Quelle société horrible, sombre et violente ! Heureusement qu'elle n'existe pas réellement… Cela dit, cette dystopie fait réfléchir sur notre propre monde, sur les combats féministes qu'il est important de défendre, sur l'oppression, sur les croyances ainsi que sur la place de la Femme ou des individus en général dans notre société. On est donc sur un chouette roman coup de poing qui pousse à la réflexion…

Kim Liggett a très bien géré le rythme de son histoire. Bien que l'on soit dans un huis-clos, on ne s'ennuie jamais et on assiste à une succession de rebondissements ou de révélations. J'ai énormément apprécié tout l'aspect survivaliste de ce titre ainsi que la montée en puissance de la démence de certaines filles. Les personnages principaux sont plutôt bien creusés et nuancés, en particulier Tierney, Kiersten, Gertrude, Ryker et Michael. Certes, certains tempéraments ont une base classique (ex : Kiersten la peste violente avec son groupe de harceleuses) toutefois, leurs traits gagneront en complexité au fil des chapitres. Ainsi, la narratrice m'a beaucoup plu. J'ai été conquise par son caractère rebelle, rêveur, observateur, vif, attentif, débrouillard, honnête et solidaire. Ses raisonnements ainsi que son évolution sont très plaisants à suivre. de plus, toute la partie avant la rencontre avec les braconniers m'a transportée, car c'était intense et oppressant. La jeune fille a vraiment su faire preuve de cran et d'initiative face à ces nombreux dangers… Ces derniers ne me laissaient pas de marbre. D'ailleurs, il me tardait de faire la rencontre avec ces hommes traquant et dépeçant les adolescentes chaque année ! Seraient-ils des alliés ou des monstres sans coeur ? Ce passage a été intéressant, bien que long… En outre, il manque quelques éléments sur ces individus et leur fonctionnement. J'aurais adoré en savoir plus sur eux… Ainsi, je reconnais avoir préféré le début ainsi que le retour de l'héroïne auprès de ses consoeurs.

Si j'ai aimé ce roman au point de le dévorer en une ou deux journées, je dois néanmoins avouer ne pas le trouver parfait. Tout d'abord, je n'ai absolument pas retenu le nom de la majorité des personnages secondaires. Hormis les cinq cités précédemment, la vingtaine de protagonistes m'a laissée indifférente. Que ce soit en raison de leur nombre ou du manque d'informations sur eux, je n'ai pas spécialement été touchée par leur destin ou par la mort brutale d'une poignée d'entre eux. de plus, j'ai jugé quelques péripéties très prévisibles. Un peu de surprise dans ma lecture aurait sans doute balayé les autres défauts… Enfin, j'ai trouvé l'univers prometteur, mais survolé. Même en ayant terminé le livre, j'estime qu'il y a encore beaucoup de zones d'ombre et de choses à développer ! Or, si la fin plutôt ouverte ne m'a pas dérangée, je pense qu'il serait bon de proposer une suite à cet ouvrage. Je croise donc les doigts pour que l'auteure rédige un jour un second tome et vous recommande tout de même ce page-turner glaçant et immersif pour grands ados.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Une excellente lecture que celle-ci !! Je dirais à la limite du coup de coeur. Il s'en est fallu de peu… il m'a manqué un peu de quelque chose, ou il y avait trop d'autres choses. Je ne saurais dire. Mais bref, je ne peux qu'en conseiller la lecture. J'ai aimé suivre l'évolution du personnage principal, cette jeune fille de 16 ans, qui va aller subir son année de grâce. le principe est atroce : on envoie toute les jeunes filles sur une ile perdue, fortifiée, afin que la soit disant magie en elle s'en aille. En gros, la magie, c'est la féminité, les désirs, les pulsions, l'envie de passion, l'indépendance… Les filles doivent revenir ‘'formater'' pour être maintenant de bonnes épouses, qui ne dit jamais un mot plus haut que l'autre, et qui enfante, un garçon, de préférence. Ce livre heurte des sensibilités, notre féminité. Heureusement, des choses se trament dans l'ombre… Bref, un récit éprouvant, mais raconté de façon très juste. Beaucoup, beaucoup aimé cette lecture !
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Quelle claque ! J'ai été charmée par cette dystopie enivrante, à l'histoire originale et particulièrement passionnante. le prodige est encore plus louable lorsque l'on sait que L'année de grâce est le premier roman de Kim Liggett.

Tierney est une jeune adolescente qui entre dans son année de grâce. Chaque année, pendant un an, des jeunes filles sont obligées de se retirer dans un camp excentré au fin fond de la forêt et de vivre dans des conditions précaires dans le but de retirer toute la magie qui sommeille en elles. A l'issue, toutes celles qui auront surmonté ces épreuves pourront retourner au comté, épouser leurs promis pour celles qui ont été choisies, ou partir travailler pour les autres.

Cette dystopie est extrêmement bien amenée, puisqu'elle permet de pointer du doigt insidieusement des pratiques fâcheuses et de dénoncer une société parfois un peu trop branlante. Ici, les femmes sont clairement asservies et désignées comme le sexe faible. Elles existent et vivent uniquement pour procréer et servir d'esclaves aux hommes. Elles sont choisies par un mari qu'elles n'ont pas voulu, elles sont privées d'éducation, elles doivent se plier aux règles exigées par leurs pères et par le comté, sans jamais avoir leur mot à dire sur les décisions qui sont prises. Enfin, traitées comme des hérésies par des fanatiques religieux, une véritable chasse aux sorcières est mise en place, comme au temps de l'Inquisition. Elles doivent fuir les braconniers, qui attendent patiemment de les capturer pour récupérer leurs organes, soi-disant aphrodisiaques et pleins de vertus.

Tierney, surnommée « Tierney la Terrible » est une femme avant-gardiste et clairvoyante vis-à-vis de la situation dans laquelle elle est. Elle ne croit pas aux histoires de magie et entend convaincre les autres filles du groupe qu'elles ne doivent pas croit tout ce qu'on leur raconte. Malheureusement, instrumentalisées depuis leur plus jeune âge, il est difficile de les convaincre du contraire.

L'année de grâce est un roman assez noir, où la violence est souvent présente. Les tensions apparaissent et s'accentuent entre le groupe de filles, à coup de harcèlement physique et verbal ou de jalousie. Coupées de tout contact avec le reste du monde et en particulier avec le sexe masculin, dit le sexe fort, elles doivent se débrouiller seule pour survivre. Aussi, elles mettent en place des règles absurdes, celles-là même qu'on leur a enseignées depuis leur plus jeune âge et n'hésitent pas à rabaisser, torturer et s'opposer les unes aux autres au lieu de s'entraider. J'ai parfois été touchée et en colère devant le comportement de certaines filles devant d'autres plus faibles, sans voir jamais apparaître ne serait-ce qu'un semblant d'humanité, ou de coeur, tout simplement. Moquées sur leur physique, mise intentionnellement à l'écart, victimes de chantage pour intégrer le groupe… c'est ce qui s'apparente au harcèlement du XXIème siècle, celui dont on entend tant parler dans les médias et qui accroît de jour en jour.

Seules lumières d'espoir dans ce monde bien noir : les fleurs, qui éclosent à intervalles réguliers et contribuent à apporter des messages forts à qui saura les déchiffrer. L'amour apporte également un semblant de luminosité parmi toute cette cruauté. Avant son départ, pendant la cérémonie des voiles, Tierney a été choisie comme femme par son meilleur ami, Michael, alors qu'elle ne le souhaitait pas. Autonome, mais surtout fière d'être libre, de pouvoir décider de sa vie, de son corps et de son destin, elle ne souhaitait pas appartenir à un homme, quel qu'il fût. Enfin, une histoire d'amour inattendue mais particulièrement romantique naîtra sous nos yeux de lecteurs émus.

Beaucoup assimilent ce livre à La servante écarlate de Margaret Atwood, qui dépeint un monde gouverné par des fanatiques religieux dans lequel les femmes sont devenues des esclaves, obligées de procréer sous peine de mourir. La servante écarlate, tout comme L'année de grâce, peuvent être décrits comme des romans féministes, qui nous amènent à réfléchir sur la place de la femme dans notre société, sur les liens qu'elles nouent entre elles ainsi que sur la liberté individuelle et collective qui nous est donnée.

Une dystopie féministe impactante et émouvante, qui nous propulse dans un univers inédit, où la violence côtoie l'amour, l'asservissement rencontre la liberté, le harcèlement fait front à l'entraide. Un roman qui donne à réfléchir sur la condition de la femme et sa place dans la société : j'ai adoré !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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