Avec le développement du capitalisme artiste les frontières traditionnelles qui séparaient culture et économie, art et industrie, se sont estompées : la culture devient une industrie mondiale et l’industrie se mixte avec le culturel. De plus en plus l’économie est dans la culture et celle-ci dans l’économie : à l’économisation croissante de la culture répond la culturalisation de la marchandise.
Le monde qui vient s’annonce comme une accumulation de spectacles fonctionnant au sensationnalisme, à l’intimisation et à l’émotionalisation des écrans, de l’information et de la politique.
les constructions hypermodernes sont marquées par des référentiels faibles, délestés de grandeur et de transcendance : non plus la célébration du divin et le règne triomphal du monarque, mais la recherche pure de l’originalité et de la singularité, l’affirmation d’une image de marque dans la concurrence entre les villes. À l’hypertrophie de la forme ou du volume répond le minimalisme du contenu et des messages véhiculés : excroissance de l’image, rétraction du sens.
Il s’agit de créer un spectacle à ce point prégnant qu’il en vient à capter l’attention plus que les œuvres réelles elles-mêmes, dans des visites qui, ajoutant du spectacle au spectacle, proposent proprement un hyperspectacle. L’expression symbolique de l’art et son aura ne sont plus suffisants : il faut élaborer une « ambiance » de séduction, un environnement distrayant, un spectacle complet, théâtralisé par excès.
Exposant social, la consommation était empreinte de gravité, de sérieux, de rivalité symbolique. Au travers de l’achat des objets et de la décoration, il s’agissait non tant de s’amuser que de s’affirmer socialement. Avec l’escalade individualiste et hédoniste, ce modèle est en voie de régression. En s’émancipant des normes et culture de classe, l’ordre de la consommation s’est largement hédonisé et intimisé ; désormais, ce qui est acheté, c’est du plaisir, des émotions, du délassement : il s’agit moins de parader que de « s’éclater ».
[à propos du kitsch] dans toute cette chantilly pâtissière et ces sucreries colorées passe quelque chose comme une part de nostalgie, de plaisir de l’enfance, de cocon douillet et de jubilation à retrouver des images enchantées. Il n’y a pas que les enfants qui adorent : les adultes aussi, qui y trouvent comme un univers enchanté qui se prolonge, un Noël d’autrefois qui se perpétue. D’où la stigmatisation immédiate : régression infantile et superficialité abêtissante.