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EAN : 9782070140794
496 pages
Gallimard (28/03/2013)
3.59/5   11 notes
Résumé :
On connaît la rengaine, tant elle semble réaliste : richesse du monde, appauvrissement des existences ; triomphe du capital, liquidation des savoir-vivre ; surpuissance de la finance, 'prolétarisation' et unification des modes de vie, par l?industrialisation de la camelote kitsch et des produits jetables, interchangeables, insignifiants ? le capitalisme est une machine de déchéance esthétique et d?enlaidissement du monde.
Est-ce si sûr?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le monde il est beau, le monde il est gentil.

Dans la société suresthétisée, le consommateur-citoyen-être sensible, alias « Homo Aesthéticus », fait sa toilette du matin avec des accessoires dessinés par les meilleurs designers. Puis il mange des céréales dont les propriétaires ont ouvert des fondations d'art. Il démarre ensuite sa berline Picasso et écoute des livres audio dans les embouteillages, sur le chemin d'un travail où sa créativité est heureusement appréciée. Si cette vie décorative n'est pas exempte de stress, si l'absence d'horizon collectif produit du mal-être, et s'il n'est pas toujours facile d'allier le calcul rationnel et la nouvelle sensibilité généralisée, l'Homo aestheticus peut compter sur les « empires esthético-marchands », grandes marques et puissances éclairées, pour animer, ré enchanter la vie ordinaire – et relever demain de défi de « la qualité », nouvelle étape dans une évolution qi a aussi ses revers : l'inégalité, le superflu, le gâchis, la pollution. Cette vision bon enfant de ce qu'ils appellent notre « âge hypermoderne » est détaillée par Gilles Lipovetsky –sociologue amène, plus descriptif que critique, lancé dès 1983 par un essai best-seller chez Gallimard, l'Ere du vide – et le critique Jean Serroy, dans leur dernier opus, l'Esthétisation du monde : dans nos villes « franchisées », où chaque boutique se pense comme une galerie et chacun de nos gestes comme une partique culturelle, le nouvel « empire transesthétique » oeuvre à réconcilier, non sans tension, « la création et le loisir, l'art et la communication, l'avant-garde et la mode ». Vive le « capitalisme artiste, notre ultime chance de changer le monde ? cette synthèse sympathique n'en pose pas moins trois problèmes. Elle enfonce, d'abord, pas mal de portes ouvertes : on trouvait plus de profondeur théorique et d'audace politique dans les pages de Theodor Adorno, analysant la « vie mutilée » dans l'ère moderne aliénée (Minima Moralia, publiée en Allemagne en 1951), dans celles de Guy Debord, dénonçant nos vies « éloignées » devenues (une immense accumulation de spectacles » (laSociété du spectacle, éd. Buchet-Chastel 1967), ou celles de Fredric Jameson envisageant la pop culture omniprésente de notre époque « post-moderne » comme la logique même du capitalisme avancé (le Postmodernisme, publié aux Etats-Unis en 1992). Ensuite, ces trois-là avaient l'avantage, sur nos deux compères, d'aborder le rapport entre l'art et la société comme un rapport de force, un dispositif de domination, un effet du rapport de classes et de la logique de profit. Lesquels, ici, sont à ce point absents qu'on en viendrait à prêter effectivement à la « World Corporation » les plus vertueuses intentions du monde. Enfin, la subjectivité de l'individu « hypermoderne » est ici pour le moins atrophiée : elle cherche dans ce joli décor de quoi oublier ses malheurs, ne résiste ni ne s'insurge à aucun moment, et semble ne plus savoir ce qu'est la différence (des sexes, des origines, des classes, des conditions) ni la folie. Or, un sujet bougon, capable de répondre à cet état de choses par un beau bras d'honneur, prêterait plus à l'optimisme que les conclusions de nos deux observateurs. A un optimisme, en tout cas, nette plus combatif.

François Cusset Beaux-arts 348 juin 2013
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critiques presse (1)
Lexpress
30 juillet 2013
Cet essai fait l'inventaire du bric-à-brac de notre quotidien. C'est lumineux, parfois lassant. Car les auteurs se gardent de porter le fer, à l'opposé d'un Philippe Muray qu'ils citent pour s'en démarquer.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Exposant social, la consommation était empreinte de gravité, de sérieux, de rivalité symbolique. Au travers de l’achat des objets et de la décoration, il s’agissait non tant de s’amuser que de s’affirmer socialement. Avec l’escalade individualiste et hédoniste, ce modèle est en voie de régression. En s’émancipant des normes et culture de classe, l’ordre de la consommation s’est largement hédonisé et intimisé ; désormais, ce qui est acheté, c’est du plaisir, des émotions, du délassement : il s’agit moins de parader que de « s’éclater ».
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[à propos du kitsch] dans toute cette chantilly pâtissière et ces sucreries colorées passe quelque chose comme une part de nostalgie, de plaisir de l’enfance, de cocon douillet et de jubilation à retrouver des images enchantées. Il n’y a pas que les enfants qui adorent : les adultes aussi, qui y trouvent comme un univers enchanté qui se prolonge, un Noël d’autrefois qui se perpétue. D’où la stigmatisation immédiate : régression infantile et superficialité abêtissante.
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les constructions hypermodernes sont marquées par des référentiels faibles, délestés de grandeur et de transcendance : non plus la célébration du divin et le règne triomphal du monarque, mais la recherche pure de l’originalité et de la singularité, l’affirmation d’une image de marque dans la concurrence entre les villes. À l’hypertrophie de la forme ou du volume répond le minimalisme du contenu et des messages véhiculés : excroissance de l’image, rétraction du sens.
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Il s’agit de créer un spectacle à ce point prégnant qu’il en vient à capter l’attention plus que les œuvres réelles elles-mêmes, dans des visites qui, ajoutant du spectacle au spectacle, proposent proprement un hyperspectacle. L’expression symbolique de l’art et son aura ne sont plus suffisants : il faut élaborer une « ambiance » de séduction, un environnement distrayant, un spectacle complet, théâtralisé par excès.
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Avec le développement du capitalisme artiste les frontières traditionnelles qui séparaient culture et économie, art et industrie, se sont estompées : la culture devient une industrie mondiale et l’industrie se mixte avec le culturel. De plus en plus l’économie est dans la culture et celle-ci dans l’économie : à l’économisation croissante de la culture répond la culturalisation de la marchandise.
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Videos de Gilles Lipovetsky (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilles Lipovetsky
Comment définir le kitsch ? Qui décide de ce qui est de mauvais goût ? Pour en parler, le Book Club de Nicolas Herbeaux invite le philosophe Gilles Lipovetsky et l'auteur Nicolas d'Estienne d'Orves.
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