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Critique de nicolaslaruaz


Jonathan Littell n'est pas un écrivain, mais trois - pour l'instant.
Connu d'abord pour les Bienveillantes, inoubliable épopée SS, ses publications ultérieures n'ont pas - à l'exception notable de “Le Sec et l'humide” qui d'ailleurs a été écrit pendant les recherches sur les Bienveillantes - poursuivi la veine 'fiction historique realistico-trash' de son chef d'oeuvre initial.
Se (re?)changeant d'abord en reporter de guerre (Carnets de Homs, Tchétchénie An III), Jonathan Littell a finalement paru en 2018 le merveilleux “Une vieille histoire” chez Gallimard, histoire décliné en 7 parties dupliquées aux ramifications complexes, et dont la veine expérimentale et froide a pu surprendre ceux qui n'ont pas suivi les quelques textes qu'il a publié chez Fata Morgana. Vu la confidentialité de la diffusion de ces textes, on ne pourra pas leur en vouloir.

Ce présent recueil est donc en collection Folio la reprise de l'itinéraire du troisième écrivain chez Littell, celui qui décrit sans expliquer, qui montre, qui expose crûment, sans sous-titre, qui élimine le moi et son histoire dans l'action humaine, qui réduit l'homme à ses pulsions primordiales pour mieux en montrer la force.

En toute honnêteté, tout ne vaut pas ici la maîtrise glaciale de son récit le plus abouti dans cette veine, qui est Une Histoire - dont les deux premiers essais sur les sept du roman final (2018) constituent les deux derniers passages de ces Récits de Fata Morgana. Les premières études en particulier montrent le tâtonnement stylistique mais surtout conceptuel. A partir du Récit sur rien, on reconnait bien la patte et le concept de Une vieille histoire, avec notamment l'errance des personnages qui agissent de façon opaque, et traversent des épisodes qu'ils ne maîtrisent apparemment pas. Dans “En pièces”, on retrouve même ce goût des motifs récurrents et entremêlés de “Une Vieille Histoire”, et déjà, nous y sommes : on ne comprend pas grand chose à l'histoire en question, on ne peut pas donner de cohérence à l'action du personnage, mais précisément ce n'est pas le but.

Donc recueil intéressant, de qualité inégale, mais de bon niveau moyen. Epurer à ce point l'intrigue, les personnages, le décor, pour ne plus se focaliser que sur une immersion en mode “point de vue” sans aucun indice de contexte, est un parti pris fort. Donc accrochez vous avant de commencer ce livre, habituez vous avec un peu de Nouveau Roman, lisez-en un peu après une bonne demi-heure de méditation, et tout se passera bien.
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