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EAN : 9782072776847
384 pages
Gallimard (08/03/2018)
2.81/5   55 notes
Résumé :
Jonathan Littell excelle dans l’élaboration de récits labyrinthiques et de mises en abîme vertigineuses.
Il semble cette fois s’être perdu dans le théâtre magique inventé par Herman Hesse dans Loup des steppes, lieu de tous les fantasmes, où chaque porte s’ouvre sur une réalité autre, plus conforme aux désirs et aboutissant aux délires les plus improbables. Et ce sont ici les bas-fonds de l’âme qui se reflètent à l’infini dans une inquiétante gal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ayant déjà lu d'autres titres du fils Littell ( Carnets de Homs et Les bienveillantes , le décor et le climat de ce dernier ouvrage m'ont paru familier de son vécu existentiel .

L'histoire se déroule sur une trame essentiellement onirique ou se succèdent différents épisodes soit crûment sexuels , soit en temps de guerre civile .

L'écriture est plaisante bien qu'éloignée de l'académisme littéraire et plus proche d'une écriture journalistique , ce qui en ferait un bon scénario pour des cinéaste tels que N . Winding Refn ( Drive ) , A . Tarkovski ou mieux encore David-Cronenberg ( Crash ) qui tous mettent en scène nos fantasmes refoulés .

L'homosexualité , le transgenre , tout ici est abordé dans des rêves souvent cauchemardesques et seules les échappées ( en forme de fuite ) de chaque fin d'épisodes permettent au lecteur de respirer entre deux séquences gracieuses ou trop pesantes ( viols , abus sur mineurs etc .... )

Au niveau du supportable , ce titre est moins dur que " Les bienveillantes " ou l'on était obligés de faire des pauses pour reprendre ses esprits . C'est moins pavé aussi (400 et quelques pages au lieu de 1400 ) .

Un auteur à connaître donc qui remet cruellement parfois nos convictions sexuelles à l'heure et dont ce dernier titre me semble le plus abouti . Toutefois âmes sensibles , s'abstenir .
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"Ce roman a un point commun avec Les Bienveillantes : il terrasse le lecteur" a dit Patrick Grainville, du Figaro littéraire. Je n'ai pas lu Les Bienveillantes, mais pour ce qui est de Une vieille histoire, ce roman m'a en effet terrassée, mais d'ennui...
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Une vieille histoire est un exercice de style, de la littérature comme il n'en existe presque plus de nos jours.

Un personnage, aux contours indéfinis (sexe, âge), à la personnalité floue et à l'histoire inconnue, sort d'une piscine, entre et court dans un couloir sinueux, passe des portes pour vivre une situation humaine, généralement une histoire de sexe, de guerre ou de famille, faite de violence et de domination (subie ou active), puis reprend le couloir pour passer d'autres portes, jusqu'à replonger dans la piscine.

Ce schéma, réalisé 7 fois (pour 7 chapitres), se répète dans la structure sans que les fragments d'histoire racontées ne soient redondantes, malgré l'abondance de détails, d'échos qui se répondent et dialoguent entre chapitres et même entre histoires au sein des chapitres. Vous les repérerez très vite: le chignon de la femme blonde, la pomme, le chat gris, le dessus de lit représentant des feuilles vertes sur un fond doré, les cicatrices sur le corps: ces motifs récurrents mais jamais répétés à l'identique semblent d'abord anodins, mais prennent au fil des chapitres des charges nouvelles - ou du moins le lecteur face à la variété des situations leur attribuera par tâtonnement une charge symbolique différente. Une deuxième voire troisième lecture du roman s'imposerait pour bien se faire une opinion de toute la richesse de ces symboles.

Jusqu'à présent, quelqu'un qui n'aurait ni lu ni même été renseigné sur le livre doit trouver cette description très générique. Mais le propos du livre est si universel, la liberté d'interprétation du lecteur si totale qu'il ne peut en être autrement. le style lui-même symbolise cette gêne, étant à la fois extrêmement précis dans les descriptions des moindres objets, des moindres gestes, mais rigoureusement générique dans la description de la situation elle-même: jamais un nom n'est mentionné, pas un nom de personne ou de ville, de pays, de lieu, de marque ne peut être retrouvée dans ce livre - à l'exception du Don Giovanni de Mozart. Seuls la description de quelques objets historiquement datés (gramophone, automobile) nous montrent que l'histoire doit se passer quelque part entre le XXe et le XXIe siècle.

L'on ne sait que peu de choses des personnages ; on le devine péniblement au fil des pages de chaque chapitre, comme plongés dans une obscurité presque totale, ne distinguant des contours qu'au bout d'une heure d'adaptation. Cette adaptation à peine commencée, le protagoniste rentre dans le couloir, ouvre une porte, se change dans le vestiaire et replonge dans la piscine ; c'est la fin de l'histoire - de sa vie de personnage.

De même, si les lieux, les situations voire les époques se devinent - guerre civile en Afrique noire, camp de concentration, narco-criminalité à la frontière américano-mexicaine -, jamais ils ne sont eux-mêmes décrits, commentés ou approfondis. Les personnages débarquent littéralement dans les situations, après avoir ouvert une porte, au hasard, dans le fameux couloir gris dans lequel ils courraient, et les subissent - généralement -, ou, quand ils sont plus chanceux ou violents, la maîtrisent et se contentent d'agir à leur guise, selon une logique absolument opaque.

Cette écriture montre magistralement ce que peut dire la littérature sur les situations les plus universelles de la vie, dont le sexe et la guerre, sans le vernis du contexte, du social, et de la psychologie : la pure brutalité des faits.
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Il y a quelques années d'ici j'avais lu Les Bienveillantes du même auteur.J'avais vraiment apprécié cette brique.

Pour celui-ci, non franchement, j'abandonne. Je ne peux aller plus loin dans cette histoire où il n'est question que de sexe, de violence, de mort, de perversion.

Je ne peux subir cette abondance de dépravation de la part d'un être - je l'appelle être parce qu'à chaque chapitre, on repart de la même situation d'une personne qui sort d'une piscine après y avoir nagé plusieurs longueurs bienfaisantes. Il/elle se retrouve dans un couloir sombre, où il/elle se met à courir puis ouvre une porte qui le/la fait entrer dans un décor où l'attendent d'autres personnes. Il/elle entre en "scène", en ressort jusqu'à une autre porte.....

Le 4e de couverture ne m'avait pas donné cette impression.

Et de plus, je constate que ce roman a obtenu le prix Renaudot. Dorénavant, je regarderai ce jury sous un autre oeil.
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J'ai lu "Les bienveillantes" et j'ai été profondément marqué par ce livre. Certainement un de ceux qui m'a le plus touché de mes dernières lectures. Deux ans après il me hante encore.
Fort de cette expérience je retrouve le même auteur dans un autre registre. Mais quelle déception... Dans "Les bienveillantes" il y avait un contexte (la solution finale imaginée par le pouvoir hitlérien) et une histoire (celle d'un officier plongé dans cet enfer). Dans ces conditions l'écriture au scalpel de Jonathan Littell faisait merveille.
Ici on retrouve la même écriture mais on nage en plein délire; si les turpitudes de l'âme humaine sont décortiquées avec la même précision mais hors du temps et de l'espace. L'histoire se résume à une course sans fin qui conduit le.a narrateur.rice de cauchemar en cauchemar. du coup l'écriture perd de son efficacité et le lecteur (je parle pour moi) en arrive à se demander quand est-ce que ça va s'arrêter.
J'ai eu bien du mal à aller jusqu'au bout.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
***>Extrait d'un entretien de l'auteur avec la revue L'OBS ( mars 2018 ) ***

-- Pourquoi cette nouvelle version " D'une vieille Histoire " ?
-- Après " Les bienveillantes " , j'ai publié 4 livres chez Fata Morgan qui sont passés royalement inaperçus , et c'est très bien . Ça m'a permis d'être tranquille , de faire ce que javais envie de faire sans me poser de question, de développer des choses sans aucune pression . Parmi ces textes , il y avait
" Une vieille histoire " . Je l'avais publiée parce que je pensais qu'elle était aboutie et achevée . Puis je me suis rendu compte qu'il restait encore beaucoup de possibilités qui avaient été ouvertes par ce premier récit et n'avaient pas été explorées . Le récit a continué à travailler jusqu'à ce que je m'y remette .

--Vous auriez pu continuer ce texte indéfiniment .

-- le roman comporte 7 parties , mais pourrait aussi bien en comporter 20 .
C'est comme jouer des parties d’échecs simultanées . Chaque fois qu'on déplace une case , on bouge les systèmes de relations transversaux , les affects qui circulent , les pièces qui reviennent . J'ai du faire beaucoup de calculs pour ne pas me perdre avec les éléments récurrents ( Le chat , les pommes , l'électricité .... ) . Depuis " Les bienveillantes " , mes livres sont plus expérimentaux et formalistes . Ils ne fonctionnent plus selon des logiques narratives réalistes , mais selon une logique proche des rêves . ce qui m'intéresse ici , c'est la discontinuité dans les rêves entre le contenu manifeste et le contenu latent . J'ai voulu travailler sur les processus plutôt que sur les contenus qui sont , dans ce livre , presque interchangeables .
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Je ressentais envers cet homme et son corps une grande affection, mais cette affection elle-même s’était détachée de moi et, plaquée tout contre lui, vivait d’une vie autonome, me laissant isolée, pleine d’effroi, à l’affût de quelque chose dont je ne pouvais déterminer ni l’origine, ni la forme, ni le but.
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Le miroir ne reflétait que la partie inférieure de mon corps, qui, malgré la petite verge recroquevillée sur les bourses, m’apparaissait presque comme un corps féminin, image qui ne me causait aucune inquiétude mais bien plutôt un sentiment de plaisir diffus et caressant.
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Face au miroir, je me sentis tout d’un coup vieux : mon corps, le beau corps puissant et ferme de ma jeunesse, s’affaissait, fondait, s’en allait. Je me jetai de l’eau sur le visage et les cheveux, me coiffant à la hâte avec les doigts, et ressortis me rhabiller. La matière lisse et soyeuse du survêtement glissait agréablement sur ma peau, c’était réconfortant.
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Un grand bateau tout illuminé arrivait, avec deux hautes cheminées qui vomissaient une épaisse fumée noire, et le son des voix et d’une musique joyeuse étaient encore plus fort que le clapotement monotone de la roue à aubes qui brassait l’eau.
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Quel roman, le premier d'un jeune inconnu de 39 ans, a-t-il reçu le prix Goncourt au début du siècle et déchainé une controverse aussi violente que l'histoire qu'il raconte ?
« Les Bienveillantes », de Jonathan Littell, c'est à lire en poche chez Folio.
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