Une immersion totale dans un petit village québecquois : notre dame des lacs.
Un petit village qui regorge de toutes sortes de personnes. le tome 1 va plutôt s'attacher à Marie : une femme frêle et serviable qui vient de perdre son mari mais qui va devoir faire face. Elle devra s'occuper du magasin familial, mais la clientèle aura ses exigences.
Cette BD est pour moi remarquablement bien faite : tout d'abord par le fait que les auteurs dessinent à 4 mains . On sent une complémentarité intéressante et très travaillée. Je trouve également très intéressant l'optique du scénario qui nous montre les gens comme ils sont et non comme ils devraient être. le côté psychologique est remarquablement montré du doigts et avec tellement de subtilité
Je suis franchement séduite par la formule que nous propose Loisel et Tripp, de plus le vocabulaire québecquois adapté a la France est truculent et j'ai lu cela avec un très grand plaisir.
C'est avec hâte que je vais filer lire le tome 2
Commenter  J’apprécie         562
Dans la paroisse de Notre –Dame –Des –Lacs, un village de la campagne Québécoise, le magasin général est tenu par Félix et Marie. Mais Félix a cassé sa pipe ; il est parti d'l'autre bord. Nous sommes dans les années vingt. le magasin représente le moteur du village. Alors la mort de Félix n'est pas commode pour les villageois ! Ceux-ci profitent de la bonté de Marie, la pauvre veuve. Malgré sa peine, elle tient la boutique ouverte, elle rend service à tout le monde. Elle a toujours été comme ça !
Il y a de vieilles chouettes insupportables, des gamins turbulents, un jeune homme simplet, des couples qui se bagarrent, des jeunes qui batifolent dans les fourrés, des draveurs qui reviennent des bois, un nouveau curé qui sympathise avec un vieux qui n'aime pas l'église, une fête de village très animée … et au milieu de tous , au milieu de cette vie qui fourmille ; Marie, qu'on aimerait consoler…Marie qui verse des larmes en silence, et qui sait « chauffer » aussi bien qu'un homme.
De belles images, des couleurs chaudes, des mots venus de loin, riches et savoureux, qui traduisent si bien les émotions. de la tendresse, de la détresse, de l'espoir et de l'humour…une tranche de vie dans un coin de campagne.
Commenter  J’apprécie         430
Le Magasin Général c'est le dépanneur* de Notre-Dame-des-Lacs, un village de la campagne québécoise, dans la fin des années 1920.
Ça pour dépanner, elle dépanne la Marie.
Pas le genre à faire de la façon*.
Son Felix est mort et Marie se retrouve seule à gérer la boutique de la petite bourgade tranquille où les habitants lui font une vie tout sauf tranquille.
On y trouve de tout dans c'te bicoque. Une vraie fouille à la foire de bric et de brac.
"- Tu vas-tu au magasin, toi aussi ?
- Oui, apparence que* Marie est allée à Saint-Siméon... Y va y avoir du monde à la shop* !
- J'espère qu'elle a pensé à ma commande de tissu
- Adèle, oublie pas mon tabac !
- Moi j'ai presque plus d'encre, pis de craie..."
Et pis la Marie elle est ben fine*. Tous les petits et grands services c'est aussi au Magasin Général qu'on les dégote.
Dire non, la Marie elle est "pô capabe".
"- ... Pis, le docteur m'a dit de revenir dans un mois et demi pour ôter le plâtre...
- Ouains... Comment c'est que tu vas faire pour y aller, hein ?
- Ben... Marie va m'emmener...
- Ben voyons, tu penses-tu qu'elle a rien que ça à faire, avec le magasin à s'occuper toute seule ?
- Ben... Heuuu..."
Loisel et Tripp s'associent en deux temps pour donner naissance à des personnages attachants, humains et chargés d'histoire.
La première étape par Régis Loisel en traçant son coup de crayon libre et désinvolte. Apparaissent sur le papier visages, silhouettes et perspectives.
Jean-Louis Tripp essaime ensuite ombres et lumières pour apporter les émotions nécessaires à une atmosphère animée et expressive.
Jimmy Beaulieu quant à lui facilite le language pour satisfaire les français sans délaisser les québécois.
Pour la touche finale, François Lapierre sort sa trousse et crayonne les dessins de ses couleurs.
"- Vous partez-tu, là ?
- Sais-tu chauffer* toi, Marie ?
- Euh... J'suis pas sûre-sûre, mais veut, veut pas, va ben falloir !
- Le pauvre Jean-Baptiste s'est cassé la patte : il faut que je l'amène chez le docteur à Saint-Siméon..."
Friande des expressions queb', je me suis régalée ! Je connaissais plus de quatre-vingt pour cent des formules pour fréquenter des amis québécois et apprécier le cinéma franco-canadien. J'ai appris quelques nouvelles tournures bien savoureuses.
"As-tu eu des nouvelles de ton mari ? Tous les autres sont déjà rentrés... Y devrait plus trop tarder, à c't'heure... pour les draveurs*, la saison est toujours ben plus longue..."
Magasin Général est une série de 9 tomes dans laquelle un plan du village nous est dressé avec le nom des habitants. Famille Ouellette, les frères Latulippe, Gaëtan Payette, Alcide Choquette, Famille Massicote... et bien-sûr Marie Ducharme l'épicentre des rencontres et du commerce.
J'aime m'offrir plusieurs lectures avec les BD. La première où je m'approprie l'histoire en observant l'ambiance. Puis les suivantes pour savourer les détails.
Je découvre le chat qui passe et repasse ou qui guette curieusement pendant l'enterrement.
La cocotte qui prend la fuite en caquétant au bruit nasillard d'un char* et protège ses petits.
Le corniaud de sale gamin qui balance une pierre sur un oiseau endormi.
La petite choupette en jupette qui se colle au Gaëtan en le regardant avec les yeux du coeur.
Les feuilles d'automne qui virent et voltent.
Le chien qui reçoit des câlins la langue pendante. Ah le chat qui a chopé un piaf !
Les trois horribles rombières qui s'apprêtent à râler à l'unisson. Vieilles sorcières aux tronches en biais. Câlisse* !
"- C'est scandaleux mon Père !
- du temps d'l'abbé Gagnon...
- Ça serait jamais arrivé !
- Hmpf ! x3"
C'est qu'à la bourgade, y'a d'la joie et de l'humeur. Pour sûr qu'on s'y ennuie pas.
"- ... Et j'ai bien vu que t'as un oeil sur elle depuis que t'es rentré !
- Ostie* ! ... Arrête donc, Catherine...
- Elle est en famille* de six mois, t'as pas honte ! Pis c'est la femme à ton meilleur chum* !"
C'est ma deuxième rencontre avec Magasin Général l'ayant lu une première fois en février 2007.
Pour ne pas vous laisser pantois, voici une traduction de quelques mots insolites partagés ci-dessus. Tabarnak* !
*
- Le dépanneur : l'épicier
- Faire de la façon : faire des manières
- Apparence que : il paraît que
- La shop : le magasin
- Elle est ben fine : elle est très gentille
- Chauffer : conduire
- Draveur : métier qui consiste à charrier du bois sur un cours d'eau
- Char : voiture
- Être en famille de six mois : être enceinte de six mois
- Chum : ami.e, copain / copine.
- Ostie, Tabarnak, câlisse : jurons.
*
Une belle histoire digne des plus jolies fables sur la tolérance.
Magasin Général est un pur dépaysement pour un voyage dans le temps et vers des contrées fort lointaines.
Lu en février 2007 et en mai 2020
Suite : Tome 2 - Serge
Commenter  J’apprécie         349
Il vient de décéder, Félix, le gérant du "magasin général" de Notre-Dame-des-Lacs. Marie, sa femme, va tenter de tenir sous la charge de travail, mais va-t-elle y parvenir, elle qui ne sait même pas chauffer le char ?
Félix est là-haut, et il la regarde. Il les regarde tous.
---
Le duo Loisel et Tripp nous offre une tranche de (mode de) vie perdu(e), les pieds sur et dans la terre.
Ce premier tome place le décor, le contexte et les personnages : Canada, années 20, petit village, vie centrée sur la communauté et articulée autour des saisons (trappe, bois, récolte etc.), de l'église (en perdition), de ses traditions, et du magasin général...
Rien de rocambolesque, rien de glamour, rien de grandiloquent ni d'extrêmement drôle, c'est la vie de tous les jours, ses joies (un mari qui rentre d'une saison en forêt, une lettre d'un gamin ayant trouvé "une job", la fête du village, une scie qui arrive enfin au magasin) et ses peines (la mort, la mort, la mort. Et si certaines sont envisageables, acceptables, logiques, d'autres sont plus injustes, et le lecteur pourra bien se faire prendre, comme moi, à vitupérer face à certaines cases où le texte aurait été superflu...)
J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié ces passages où le texte est absent, où la vie suit son chemin, où le temps passe. Les parties avec dialogues sont également très bien, je n'ai pas dit l'inverse. le fait d'avoir usé d'un sabir franco-québécois afin de rendre le tout intelligible au plus grand nombre est très plaisant. J'avouerai qu'après avoir essayé de lire avec l'accent (c'était plus authentique ^^) j'ai vite dû abandonner l'idée, tellement j'ai été happé par cette histoire simple mais prenante d'une vie de village.
Mais attention à ne pas croire que l'on s'y ennuie, les situations sont nombreuses, il suffit de 2 gamins, 2 sarbacanes et 2 bourses de bouc pour foutre la zizanie dans le village. Et cet homme en panne, sur le chemin, ne pourrait-il pas offrir un peu de bonheur à une jeune veuve en perdition ?
Commenter  J’apprécie         310
Magnifique premier tome qui file comme l'éclair. C'est avec plaisir que j'ai découvert ce p'tit village perdu au creux d'un Québec d'entre deux guerres. Les textes sont fins, intelligents... Les personnages attachants, haut en couleurs... Et les dessins sont magnifiques. Vraiment une très belle BD. J'ai adoré ma lecture et heureusement, j'ai déjà le deuxième opus sous la main.
Commenter  J’apprécie         311
Quelle fabuleuse découverte que cette saga du Magasin Général de Loisel et Tripp !
Les deux auteurs de cette chronique sociale nous expliquent la naissance de leur collaboration en début de volume, en présentant de manière très parlante l'apport de l'un et de l'autre aux illustrations de cet ouvrage. Une oeuvre chorale en somme, puisque la mise en couleurs échoie à Lapierre et que Beaulieu à aidé les auteurs à donner vie aux personnages québécois grâce à un langage inimitable.
Les illustrations sont très belles. On reconnaît la patte de Loisel et on devine celle de Tripp dans les jeux d'ombres et de lumières. Un gros trait noir, un peu lourd parfois, prend place dans chaque case et lui donne un côté suranné qui convient très bien à l'histoire, celle-ci se situant dans un Québec rural d'entre-deux-guerres. Mention spéciale aux cases illustrant le temps qui passe, notamment la saison d'été : tout simplement magnifiques !
Mais, si les illustrations sont intéressantes, le scénario n'est pas en reste. Dans ce 1er tome, nous suivons Marie Coutu, gérante du Magasin Général après la mort de son cher Félix Ducharme (bien que tout le monde au village n'ait pas l'air de l'avoir porté dans son coeur).
On voit évoluer tout le village grâce au magasin général, et les personnages sont nombreux, très réalistes et très humains (y compris dans leurs défauts).
Ce fut un réel plaisir que de suivre ces habitants dans leur vie quotidienne, faite de peines, de labeur et de joies.
J'attends avec impatience de retourner à la médiathèque pour dévorer le tome 2 : peut-être y aura-t-il une explication sur ce mystérieux personnage que Marie prend en stop, dans la dernière vignette ?
Challenge BD 2017
Commenter  J’apprécie         292
J'adore Loisel et la découverte de cette nouvelle série ne fait pas exception à la règle.
Cette fois-ci, c'est avec un binôme ( Tripp ) que Loisel s' est lancé dans Magasin Général. Et pour l'instant, je suis complétement sous le charme de l'ambiance restituée par ce premier album.
Ici, pas de fantasy , mais un petit village au Canada dans les années 1920.
On partage avec les habitants de ce village répondant au charmant nom de Notre-Dame-Des Lacs une tranche de leur vie.
Le personnage principal est féminin. Il s'agit de Marie, qui tenait avec son époux le magasin général du village. Elle se retrouve veuve et evidemment tout le monde s'interroge quand à ses intentions au sujet de la pérennité du magasin. En effet, ce dernier n'est pas seulement un lieu qui approvisionne en presque tout les habitants du village, mais aussi un moyen d'apprendre des nouvelles, d'entretenir des relations et de maintenir un lien social.
J'adore les dessins, qui restituent à merveille l'ambiance de ce petit village ou presque rien ne se passe.
De plus, les expressions québecoises rajoutent un charme supplémentaire à cet album.
Commenter  J’apprécie         293