Comment le deuil d'un homme peu aimé devient libération pour la famille.
Augustine, la mère, et ses trois filles Térésa, Anne et Alyssa assistent au dernier souffle du père, un homme dur, peu loquace qui ne s'est jamais remis du décès de sa première femme.
L'auteur expose les états d'âme de chacune, leurs réflexions sur le sens de leur vie. Faut-il sauter le pas, prendre le tournant qui s'opère ou continuer à vivre ainsi dans un quotidien qui ne convient pas vraiment?Le deuil est l'occasion d'une remise en question de leur présent à la lumière des souvenirs du passé, un passé qui prend fin avec ce décès. Il s'agit de s'affranchir d'un passé douloureux (trop) souvent subi. Les prises de décision vont bouleverser leur vie, chambouler le quotidien de ces femmes et de leurs proches.
Leurs pensées nous sont dévoilées sans atermoiements, sobrement. On suit leur évolution, on observe les changements qui s'opèrent, pudiquement, avec une certaine distance.
L'écriture décortique l'état d'esprit sans jugement mais avec finesse. J'ai beaucoup aimé ce style assez épuré et j'ai d'ailleurs noté une dizaine de citations, des phrases simples mais efficaces et juste.
Une belle lecture à découvrir!
Pour ma part je poursuivrai l'aventure avec cette auteure.
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Il était intolérant au bonheur qui l'agressait comme une insulte à son propre malheur.
p. 23
Elle est de ces personnes incapables de passer du temps avec elles-mêmes, toujours accrochées aux autres parce que leur seule présence évite un face-à-face avec des creux intérieurs impossibles à combler. Elle a besoin des hommes pour lui rappeler qu’elle est belle et aimable. Elle s’impose sa beauté sculptée au couteau parce qu’elle a infiniment besoin des hommes pour la remplir de ce qu’elle croit être l’amour, mais qui, pour eux, n’est en fait que du sexe sans importance. En tout cas, du sexe pas assez important pour être ou même devenir l’ombre d’un amour.
Quand elle danse, Anne voudrait tout oublier, la haine, l’amour, le pardon. Elle laisse son corps suivre la musique et ses pieds font le reste, puis ses hanches, puis ses bras. Ses yeux, aussi. Elle tourne, elle saute, rien n’a de poids. Ça lui permet de retomber sur ses jambes sans qu’elle ne se fracasse complètement sur le sol dur de la scène.
Assez d’argent pour les faire vivre bien. Ça compte quand même, quand on est enfant, bien vivre, manger à sa faim, s’habiller à son goût, posséder des jouets. Ça compte aussi pour la mère qui n’a ni travail ni argent et qui endure tout, pour assurer la sécurité matérielle de ses filles.
Les gens n’aiment pas se creuser la tête et les sens. Ils aiment les chanteurs et les humoristes, pas les danseurs contemporains qui s’emparent de la scène comme on va à la guerre, le cœur au ventre et le corps en déroute calibrée.