Il y a quasiment un an jour pour jour, je faisais la découverte de
Jack London à travers le merveilleux et ô combien fascinant
Martin Eden. Depuis, ceux qui suivent les aventures des Coincés Chez Nous savent que j'aime revenir régulièrement explorer l'oeuvre de cet immense auteur américain. Pour ce premier anniversaire de notre rencontre, il fallait fêter cela! Aussi c'est avec un autre roman dit autobiographique (à l'instar de
Martin Eden) que j'ai poursuivi ma balade littéraire en terres londoniennes.
L'ensemble de ses romans n'est pas à proprement dit des autobiographies, mais plutôt des histoires inspirées des tribulations de
Jack London et dont les héros revêtent certains de ses traits de caractère. Il y a ainsi une parenté indéniable entre
Radieuse Aurore et
Martin Eden. On retrouve dans ce livre un être exceptionnel, courageux, à la force et surtout à la pugnacité hors du commun. Un homme frustre, mais qui par une inépuisable soif de conquête et une détermination sans faille va se forger un destin hors norme, dont il tirera une leçon de vie. Mais là où celle de
Martin Eden est tragique et crépusculaire, celle de
Radieuse Aurore sera bien plus solaire.
Radieuse Aurore est un surnom, celui de Elam Harnish, chercheur d'or du Klondike, qui aime se lever tôt et réveiller ses compagnons de route dans le grand nord pour leur faire contempler l'aurore radieuse qui naît chaque jour.
Radieuse Aurore est un homme de défis, qui aime le jeu. Il est prêt à faire des centaines de kilomètres avec ses chiens de traineaux pour gagner un pari. C'est un homme simple, loyal, honnête, droit, qui ne se méfie que d'une seule chose: les femmes qui pourraient accrocher une laisse à son cou et mettre à mal sa liberté, qu'il chérit par dessus tout.
Mais
Radieuse Aurore a aussi des rêves, lui qui parcourt le grand nord depuis si longtemps, se voit bâtisseur d'empire. Ses aspirations à la fortune, son instinct et son goût du risque sans limite vont le rendre riche et lui permettre de devenir un héros dans ces terres glacées. Habité par un appétit de conquête gargantuesque, il se rend alors à San Francisco pour se mesurer à un monde tout aussi impitoyable que celui du grand froid: la finance. Mais cette aventure ne le mènera pas forcément là où il s'attendait...
J'ai adoré la première partie de l'ouvrage, retrouvant les récits d'aventures dans le monde hostile et dangereux qu‘est le grand nord canadien, où London lui même a cherché de l'or et qu'il avait merveilleusement décrit dans des nouvelles comme
Construire un feu. La nature y est aussi belle que violente, aussi rude et meurtrière que terre d'émancipation et de dépassement de soi. L'homme doit lutter de toutes ses forces pour rester en vie et aller au bout de son périple. Les grands espaces glacés deviennent ainsi des lieux quasi métaphysiques où l'homme éprouve et découvre sa propre nature.
Puis du London-aventurier, nous passons au London-politique, lui qui était animé par des convictions socialistes fortes, il nous propose un portrait acide du monde de la finance et de l'esprit capitaliste, qui détruit les faibles et perverti les forts. Son oeuvre date de 1910, mais ce qu'il décrit n'a en rien changé en 2016 et nous connaissons tous les ravages de la spéculation outrancière, qu'il illustre avec brio et minutie.
La dernière partie de l'ouvrage, plus champêtre, m'est apparue plus naïve (trop?), mais finalement assez logique et juste pour coller à son personnage principal. C'est ici le petit défaut du livre, ce qui à mon sens, ne permet en aucune façon de comparaison possible entre
Radieuse Aurore et
Martin Eden. Là où Martin m'est apparu comme un être fascinant à la fois très éloigné de moi et très proche,
Radieuse Aurore, malgré son flair, son allant, son caractère bien trempé, m'a tout au long du livre semblé un peu benêt. Un homme trop simple, qui ne souffre d'aucun démon, qui finalement, même s'il comprend une leçon de vie à la fin de l'ouvrage, ne doute jamais, ne se remet jamais en question, contrairement à son lointain cousin de papier. Un grand livre doit avoir un grand héros.
Radieuse Aurore, bien que sympathique, n'est pas de cette race là. Voilà la petite faiblesse de l'ouvrage, qui vaut néanmoins le détour.
Tom la Patate
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