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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Comme Imre Kertész, j'ai envie de dire : "Vous voulez entendre l'horreur, ça vous plaît ? Eh bien, je vais vous raconter autre chose". Parce que les gens ne nous demandent pas comment nous avons vécu pendant tout ce temps-là. Ils nous demandent : "Raconte-moi les horreurs. Ils te battaient ? Et comment ? Et qu'est-ce qu'ils te faisaient ?" La seule question de ma mère, c'était : Est-ce que tu as été violée." La seule chose qui vous intéresse c'est l'horreur. Mais ça suffit. Vous ne comprendrez rien, vous ne voulez pas comprendre, vous ne faîtes pas l'effort. Et l'horreur que je vous décris, ce n'est pas l'horreur, pour vous, puisque ça vous régale. Autant vous parlez du bonheur des camps".

Voilà ! Ça c'est dit ! Maintenant vous pouvez ouvrir ce livre et mesurez la force incroyable de ce petit bout de femme ! Elle en a fait grincer des dents, Marceline, jamais la langue dans sa poche, toujours un mot plus haut que l'autre. Rebelle et indignée. C'est peut-être cela sa revanche, prendre toutes les libertés, même et surtout, celles qu'on lui refuse...

Elle évoque ses souvenirs, les hommes de sa vie, ses combats et bien sûr les camps. C'est une révoltée, une rebelle, Marceline. Insaisissable, toujours en mouvement : une valise toujours prête au cas où, ses marches folles jusqu'à l'épuisement et ce désir de foutre le camp ! "Oui, foutre le camp, comme dit Myriam dans la petite prairie aux bouleaux", ce film qu'elle a tourné avec Anouk Aimée que j'aimerai tant découvrir... Et cette femme après la projection qui lui demande si elle en a fait exprès d'utiliser cette expression "foutre le camp". "Vous vous rendez compte ?" Non elle ne s'était pas rendu compte...

On connait tous son amitié pour Simone Veil : les pages qu'elle lui consacre sont emplies de sobriété et de pudeur. On y découvre Simone comme elle aimait la raconter. Et d'autres anonymes également, auxquels elle tente de rendre justice, avec cette peur et cette tristesse que sa mémoire n'y suffise plus...

L'âge lui vole ses souvenirs, elle s'en plaint à la fin du livre, mais certainement pas sa détermination et son indignation ! Ma vie balagan n'est pas un mémorial où reprendrait vie ceux qui ne sont plus, ma vie balagan est une formidable ode à la vie, à la détermination et à cette ténacité qui fait que vivre, c'est ne rien lâcher, ne pas plier. Tenir bon ! Toujours !

"Je pense que la mort arrive à un moment du chemin où ça va comme ça. Ça suffit. Mais je n'en suis pas sûre non plus. Il y a des gens qui ont très peur de mourir. Moi, je ne peux pas dire que je n'ai pas peur. J'aimerai encore simplement être. C'est tout. Pas faire. Être."
Lien : https://page39web.wordpress...
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Bonjour les lecteurs ...
"Balagan" mot d'origine russe signifiant " désordre, bordel".
Elle, c'est Marceline Rozenberg.
Elle, elle est juive, gauchère rouquine et minuscule.
Elle, elle se raconte, de façon balagan
Elle, bien entendu, évoque la déportation, les camps, l'horreur. Mais pas seulement ...
Elle, elle parle aussi de l'avant et de l'après, de sa famille meurtrie.
Elle raconte qu'on n'oublie jamais, que pas un instant ne passe sans qu'on y pense .
Elle, elle a eu du mal à se reconstruire .. y est-elle seulement arrivée ?
Elle, elle s'est affichée pour l'avortement, contre la guerre d'Algérie.
Elle c'est l'éternelle rebelle au caractère bien trempé.
Elle, elle raconte ses souffrances, ses regrets, ses ravages de façon " destroy" , de façon balagan.
Elle qui n'a plus voulu s'appeler Rozenberg, trop dur, trop difficile.
Elle, c'est Marceline qui est partie il y a quelques semaines vers d'autres cieux
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Ma vie balagan, c'est la biographie de l'illustre Marcelline Loridan Ivens. Pourquoi Balagan ? Car en hébreu, « balagan » c'est chamboulé, désordonné. Un peu comme le fut la vie de Marceline. Cette biographie est construite autour de deux éléments fondamentaux pour elle. Les camps, qu'elle conserve en elle physiquement et surtout psychologiquement. Elle ne s'en est jamais remise. Dans le fond, sa vie est déterminée par cette douloureuse expérience. Puis la sortie du camp de Bergen-Belsen et sa réinsertion difficile dans la société d'après-guerre. C'est l'époque où elle rencontre le cinéaste Joris dont elle deviendra éperdument amoureuse. Et c'est cette rencontre qui concrétisera son rêve de cinéma mêlé de voyages et de rencontres. Avec lui, elle s'embarque en Asie, celle des révolutions communistes. Ils tentent alors, tous deux, d'en être les témoins même s'ils arrivent à entendre les silences, les non-dits d'une révolution qui cache d'autres atrocités.
L'écriture est simple malgré la brutalité de l'expérience. On y vit les questionnements d'une dame qui estime avoir bien vécue. Une dame brisée par l'horreur des camps et des tâches qu'elle était obligée d'exécuter comme creuser des fosses toujours plus grandes pour y enterrer les dizaines de milliers de Juifs hongrois lors de l'été 44. Brisée également par la disparition prématurée des membres de sa famille. Son père d'abord, puis son frère, sa soeur, et bien d'autres. C'est aussi l'histoire d'une dame pour qui la vie doit être vécue pleinement. Car, on le voit, cette femme a du caractère et un côté très anar (elle nous avoue, en fin d'ouvrage, fumer, à son âge avancé, de l'herbe). Et c'est son côté très libéré qui l'a lié d'amitié pour Simone Veil, autre rescapée de Bergen-Belsen.
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Je suis donc assise sur mon petit banc à essayer de démêler mon collier. C'est balagan. Balagan, en hébreu, cela veut dire le bordel, la carta. le collier lui même est balagan, fait de bric et de broc, de faux brillants tout mélangés, bizarre. Il n se ferme pas, il faut le nouer, et après cela, il est tout embrouillé, je ne peux plus le dénouer. Mais finalement, il est bien comme ça. Balagan. Ma vie elle-même est balagan.

Marceline Loridan-Ivens née Rosenberg, soixante dix-huit ans revient sur sa vie. Pas de façon chronologique comme sur un CV mais en suivant le fil des souvenirs qui reviennent.

Le 29 février 1944, Marceline quinze ans est arrêtée par la Gestapo puis déportée à Birkeneau. 1945, fin de la guerre, Marceline a survécu et est revenue. Pas son père. Elle retouve une mère qui ne veut pas qu'elle parle de « là-bas », "l'antisémisme était très fort après la guerre" et on ne parlait pas de ce qui était arrivé aux Juifs. Chez Marceline, il y a chez cette formidable envie de vivre et de croquer la vie. Marceline s'amuse et danse à Saint Germain. Puis, un premier mariage et un divorce. Femme engagée, durant la guerre d'Algérie, elle aidera le FLN. Plus tard, elle rencontre avec le cinéaste Joris Ivens de trente ans son aîné. Un second mariage. Ils iront au Vietnam sous les bombardements puis en Chine réaliser des films malgré le contexte politique. Femme avide de liberté, elle parle également sans tabou du suicide son frère Marcel et de ses démons qui l'ont conduit à deux reprises à vouloir mettre fin fin à ses jours.

En toute simplicité, elle explique ses choix de femme.

Je n'ai pas d'amertume, ni de regret. Je nerenies pas ce que j'ai fait. J'assume mes erreurs, mes dérives, je les inscris à chaque fois dans mon chemin et dans l'histoire d'une époque à laquelle laquelle j'ai été très mêlée.

Pas d'apitoiement dans ce livre ! Au contraire, il s'en dégage un dynamisme sur fond d'humour. Même si quand elle parle de sa déportation et des conditions au camp, c'est dur, très dur.

Ce n'est pas une leçon de vie qu'elle nous fait. Non, elle raconte juste sa vie balagan ...
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Souvenirs douloureux évoqués par une jeune femme de soixante-dix-huit ans qui a gardé son âme de quinze ans, l'âge de sa déportation à Auschwitz-Birkenau.

Elle y raconte sa vie « balagan », sa vie bordélique quoi…pendant et surtout après le camp, sans plaintes inutiles et même avec un humour acide et surprenant qui nous la rend infiniment sympathique!

Elle parle surtout de sa famille et de cette tentation du suicide qui semble contagieuse dans sa famille et son cercle d'amis et qui s'empare d'elle aussi parfois !

« Je vous demande pardon d'être né » est le dernier message d'un de ses frères avant son geste désespéré !
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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J'ai beaucoup aimé ce témoignage d'une femme hors du commun, combative, militante et forte. L'amitié de l'auteure avec Simone Veil (spécifiée en quatrième de couverture et en bandeau) n'est qu'un détail du récit - la politicienne y passe, rapidement, telle un fantôme à peine aperçu - et cela suffit. Non, l'intérêt du livre est bien ailleurs, dans la mémoire esquissée d'une époque, dans tout ce que l'on devine derrière ces silences qui jalonnent l'histoire de ces années de camp terribles, dans toute l'ardeur de cet après-guerre où tout était à reconstruire et à faire, différemment.
Le seul reproche que je pourrais faire à ce livre est son manque de densité. L'écriture de ce document m'a tellement plu qu'il ne m'aurait pas été désagréable d'en lire plus. Mais il y a ici une voix, indéniable, celle de Marceline Loridan-Ivens sans doute, celle peut-être aussi de la journaliste qui l'a aidée dans son écriture, Elisabeth D. Inandiak. Même conjuguée au pluriel, elle se dévoile bien belle.


Lien : http://antigonehc.canalblog...
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