Cinq an qu'il regarde cette femme faire la cuisine. Cinq années d'idylles fantasmées, de corps nus roulés dans la farine,de ménagère prise en levrette derrière ses fourneaux, de gâterie données à pleines bouche,massages coquins au beurre fondu.A peine une heure pour comprendre qu'il ignore tout de sa déesse et que le rêve est terminé.
Croustillant :Se dit pour les aliments qui craquent sous la dent mais aussi pour les choses légères ou rigolotes de la vie.
C’est un joli cadavre.
Du bout des doigts, Bill touche le ventre encore tiède. Le petit corps repose sur le ponton de bois craquelé où l’homme s’est assis, à côté d’une grosse pierre. Les jambes de Bill se balancent dans le vide au-dessus de l’eau grise. Ses talons se télescopent. Un à un, des morceaux de terre agglutinés sous les semelles de ses bottes en caoutchouc tombent dans l’étang. Bill ne porte rien d’autre qu’une vieille veste en daim marron doublée de fourrure et une paire de bottes usées.
Mais ce qui avait définitivement scellé leur amitié, c'était la bouffe. Et plus particulièrement les pâtisseries. Joey était né dans les gâteaux. Ses parents originaires de Sienne tenaient une pâtisserie sur North Beach "Il panettone". Le gamin avait grandi au milieu des "zeppole" et autres spécialités aux fruits, au miel, aux noix, aux amandes et à la ricotta. (p. 47)
Joey avait une passion pour les musiques de films. Il en faisait venir spécialement d'Allemagne et du Japon et connaissait par coeur toutes les filmographies des compositeurs, du plus célèbre au plus occulte. Elles étaient le nerf de ses conversations. Joey possédait l'incroyable faculté de pouvoir bosser sur un dossier tout en analysant la partition du film "Papillon" composée par Maurice Jarre. (p. 46)
Pourquoi Anne est-elle incapable d'éclairer son humeur ? Plus l'instant est doux, plus le contraste est fort. Plutôt que de la réchauffer, le soleil l'aveugle. S'il n'y avait Bill pour occuper son esprit avec des confidences culinaires, elle s'effondrerait sur la table.
Lorsque Bill lui a demandé pourquoi elle a choisi de faire de la cuisine son métier, elle a répondu : "pour remplir le ventre des autres". Puis elle a ajouté, toujours souriante :
- Parce que la colère est vaine lorsque le ventre est plein.