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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment vais-je pouvoir exprimer tout le bien que je pense de ce roman ?

D'abord, s'il se passe dans le futur, notre monde actuel y est bien présent, ne serait-ce que par l'héritage lourd de nos aberrations de consommation, par la pollution qui semble pérenne deux cent ans après le Grand effondrement de 2050. Des données que nous connaissons très bien, mais qui semblent si difficiles à prendre en compte.

Parmi les conséquences de notre inconséquence, la diminution massive de la natalité et un excès de naissances féminines, en lien avec les perturbateurs endocriniens. La Gouvernance tente de compenser ce déséquilibre en imposant aux femmes « périmées » pour la reproduction, un exil vers des contrées inconnues qu'on leur vend comme un paradis ! le but étant de ne pas nourrir des bouches inutiles...
Cela en dit long sur le statut des femmes qui ne semble pas avec le temps et les leçons du passé s'améliorer.

Mais ce roman n'est pas un simple support à une thèse féministe de plus.

Nous sommes dansun univers dirigé par une instance qui sait cacher son jeu, ce qui lui permet de contrôler dans ses moindres émotions chaque être humain. Un monde aseptisé où la violence semble avoir disparu, où l'on enseigne l'empathie dès le plus jeune âge, où les armes n'existent pas …

Pourtant dans ce monde idéal, pas de repos pour le lecteur qui se retrouve avec deux énigmes à élucider !

C'est donc un tourne-page qui nous fait osciller entre le désir d'en savoir plus et le souhait de rester le plus longtemps possible en compagnie de ces personnages si intéressants.

Merci aux éditions Belfond et à Netgalley.

528 pages Belfond 1er février
#SophieLoubière #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Dans une société actuelle conformiste, où éditeurs et auteurs ont de plus en plus tendance à rester dans leur même moule, qu'il est plaisant de voir une autrice reconnue sortir du cadre. Sophie Loubière n'est pas du genre à simplement répéter ses gammes, Obsolète en est une preuve éclatante.

Elle qui a fait une bonne partie de sa carrière dans le roman noir s'essaye à l'anticipation. Un genre différent, certes, mais toujours avec le talent et l'exigence qu'on lui connaît.

L'étonnement premier passé, on est vite happé par ce nouvel environnement. Si loin, si proche. Deux cent ans en avant, en 2224, à la découverte d'un monde qui se reconstruit.

Le Grand Effondrement de la civilisation fossile est passé par là, l'humanité a failli disparaître, avant de se stabiliser, bien loin des milliards d'humains actuels.

Vous vous dites d'emblée : ces histoires ont été racontées déjà maintes et maintes fois, à décrire un monde post-apocalyptique. Détrompez-vous. Non seulement l'autrice n'est pas tombée dans la facilité, mais elle a pensé et construit son univers dystopique sans jamais tomber dans les excès et la caricature, sans surjouer le catastrophisme à tout-va.

Ce monde d'après fait suite à nombre de douleurs. Mais il semble serein et stabilisé après les catastrophes. Empli d'espoir, du moins en apparence.

Des sociétés revenues à l'essentiel, proches d'une nature indomptable mais à laquelle il est possible de s'adapter. Des femmes et des hommes accordés à un monde de pénuries, revenus de l'hyper-consommation, détournés des gaspillages et de la dilapidation des ressources.

Un futur adaptatif qui semble serein, sans crime, sans violence. Avec une particularité cependant : le Grand Recyclage. Qui concerne chaque femme à l'arrivée de la cinquantaine.

De manière totalement intégrée dans les esprits, dans les règles de vie, toutes ces femmes partent de leurs foyers, envoyées vers d'autres cieux, dans le calme et l'acceptation.

L'objectif ? Repeupler cette terre pour enrayer l'extinction, ce monde où donner naissance est une complication, surtout à des enfants viables ou non déficients. Des hommes potentiellement encore fertiles qui se remettent en couple avec une femme plus jeune, pour le bien du genre humain. Avec cette idée de recyclage présentée comme un réel privilège.

N'imaginez pas comprendre d'entrée vers quoi l'écrivaine va tendre, ce serait faire injure à ses prétentions. Elle ne nous joue pas un banal remake de Soleil vert.

C'est un récit engagé pour les femmes, mais pas d'un féminisme à deux balles, d'ailleurs les personnages masculins y ont aussi une place de choix. C'est une vision lucide, mais pas un pamphlet écolo déconnecté des humains.

Au XXIIIe siècle, hommes et femmes portent un bracelet implanté très jeune, qui sert à réguler stress et autres émotions fortes. Gage d'une vie quotidienne sereine et sans tension, au risque d'affadir les traits de caractère.

Dans ce monde où tout se recycle, où il est commun d'utiliser encore des appareils antédiluviens, y compris électroniques. C'est autant un principe de vie qu'une nécessité.

Quelle richesse, quel travail, quelle merveille de texte ! Mon enthousiasme pour cette lecture est une bénédiction, tant j'ai été emporté et subjugué par le talent, l'inventivité de ce roman. Touché par la finesse et l'intelligence, transporté par les émotions. Obsolète est un bijou d'une belle profondeur, écrit et raconté avec une subtilité rare, pour bien tenir compte de la fragilité du quotidien.

Un livre différent, pour lequel il ne faut pas s'arrêter à son côté futuriste, se dire qu'il n'est pas fait pour soi. Au contraire, ce splendide et dense roman est matière à réflexions autant qu'une fiction emballante.

Avec une pointe de roman noir, puisqu'il est également question de la mort suspecte de trois enfants. Dans ce monde qui semble paisible mais aussi aseptique, et par certains côtés stérile, c'est un bouleversement inexplicable.

J'ai été fasciné par le travail réalisé par Sophie Loubière pour rendre ce futur crédible. L'autrice a toujours été une bosseuse forcenée, mais ici tout prend une dimension incroyable, chaque détail, chaque concept étant réfléchi et bien intégré dans un roman de 530 pages, varié et surprenant de bout en bout.

J'ai lu nombre de romans d'anticipation, la qualité de celui-ci est à saluer et le fait clairement sortir du lot. Dans une ambiance plutôt rétrofuturiste, franchement bien vue et bien imaginée.

Il ne faut pas s'attendre à un rythme effréné, ce n'est pas le style de ce récit. le roman prend le temps de développer des personnages d'une belle épaisseur, et une intrigue aussi subtile que sensible. Pour nous faire réfléchir sur le monde d'aujourd'hui, ses excès comme la manière dont la ménopause est encore vue comme une mort sociale. Et il est même question d'histoires d'amour.

Mais ce monde imaginé n'est pas si lisse, si tolérant, une sorte d'eusocialité larvée.

Le talent de l'écrivaine éclabousse chaque ligne, éblouie chaque paragraphe, d'une écriture aussi soignée qu'expressive. Où elle s'amuse avec les styles, utilise différentes plumes selon les passages, les personnages ou les idées développées. C'est aussi ludique qu'incroyablement fécond.

Quant à savoir ce que deviennent les femmes mûres lorsqu'elles quittent leurs foyers, la surprise sera de mise, croyez-moi.

Dans ce monde de demain où tout se recycle, Obsolète arrive à proposer du neuf. Sophie Loubière ne fait jamais les choses à moitié, et sa dystopie est un miracle, le genre de texte visionnaire, d'une beauté et d'une profondeur qu'on ne rencontre que peu. de quoi marquer le gros lecteur que je suis, de manière indélébile.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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L'opération Masse critique Mauvais Genre de Babelio est mon fournisseur officiel de bonne came.

C'est en effet bien grâce à cette opération et aux éditions Belfond Noir que j'ai pu lire ce roman époustouflant que je n'ai pas lâché une fois commencé.

Attirée par les très bonnes critiques qui commencaient à fleurir sur le site et intriguée aussi par ce recyclage pour les femmes de cinquante ans, me sentant concernée en quelque sorte étant pile (presque 51 ans pffff) dans l'âge ... critique ....

525 pages pour un beau livre broché à la couverture "Pop art" de Marion Tigréat qui au fond n'a pas vraiment de lien avec l'histoire de ce livre. Mais qui accroche bien le regard !

Roman d'anticipation, plus 200 ans au compteur de notre bonne vieille terre et Sophie Loubière plante là son décor dans ce monde que l'on ressent tout à fait plausible. L'auteure opère par ce biais un constat sur les dérives de notre société actuelle et c'est très bien fait et documenté.

Réchauffement climatique, catastrophes en tout genres, explosion d'une civilisation ultra consommatrice et terriblement insconsciente de ses impacts néfastes....

L'auteur sait parfaitement bien mettre en place ce monde futuriste et le décrire.

L'idée de ce déséquilibre entre les deux sexes avec trop de femmes et pas assez d'hommes, va permettre à l'auteure de placer son grand recyclage nécessaire pour les femmes de 50 ans.

L'un des personnages principaux et une femme justement, Rachel, on va la suivre tout au long de l'histoire depuis son départ programmé jusqu'à la fin ...Fin dont je vous laisserai la découverte.

Le livre est composé en quelque sorte de deux processus narratifs : On a Rachel qui se raconte, dans des chapitres numérotés et écrit en italique et on a tous les personnages du livre avec un narrateur omniscient, chapitres non numérotés.

Les hommes sont bien présents dans ce livre, ceux qui perdent leurs femmes dans ce grand recyclage.

Il y a Keen, l'archéologue le mari de Rachel et John le technicien réparateur mari d'Hasna.

A l'intérieur de ce roman d'anticipation aux allures de contes à la "Barjavel", l'auteure place une enquête au coeur de son livre. Un drame est survenu dans cette communauté paisible où la violence n'existe pas et où toutes les émotions sont contrôlées par les BHM (bracelet modérateur d'humeur) individuels.

Keen et John sont désormais bien seuls et ils vont avoir à coeur de résoudre l'énigme de ce drame. (Je ne vous raconte pas tout c'est bien de découvrir).

Et ce grand recyclage, Sophie Loubière nous le fait vivre de l'intérieur avec ces femmes mais également auprès de ceux qui restent : maris, conjoints, pères, enfants, amis.

Ce grand recylcage résonne comme une purge. Ce qui est décrit par La gouvernance comme formidable l'est-il vraiment ?

Quel sort est réservé à ces femmes, ces amantes, ces mères qui ne sont pas si obsolètes ...

Quant à vous, n'hésitez pas !

N'ayez pas peur la gouvernance territoriale gère tout !

Rejoignez ce futur pas si éloigné que ça, empruntez la navette du grand recyclage et accompagnez Keen et John dans leur quête de réponses

Une lecture que j'ai vraiment appréciée pour sa grande richesse et son originalité

Une belle découverte de cette auteure qui n'est pas partie pour le grand recyclage et continuera je l'espère à nous raconter de belles et interessantes histoires.

Merci encore à Babelio et au Editions Belfond Noir

et bien sur à Sophie Loubière pour cette lecture 5 étoiles !

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C'est en lisant de cendres et de larmes, un thriller aux accents fantastiques que j'ai eu le plaisir de découvrir la plume de Sophie Loubière. Lorsque j'ai découvert qu'Obsolète sortait, je me souviens avoir ressenti cette pointe d'impatience face à l'attente.

L'intrigue promettait un bon moment de lecture et je n'ai pas été déçue !

L'intrigue a beau se situer dans 200 ans après l'effondrement de la civilisation moderne, certaines thématiques sont déjà bien présentes et actuelles et n'ont rien du récit d'anticipation.

En partant de thématiques très actuelles, l'écologie, l'épuisement des ressources, la baisse de la natalité, tout en explorant en profondeur la place de la femme, Sophie Loubière crée un futur à la fois éloigné, mais très proche de nos préoccupations actuelles. le postulat étant que les solutions existent bien avant l'effondrement et pourtant, l'Homme dans toute sa capacité à fermer les yeux n'a pas anticipé cette fin annoncée.

C'est à la fois un thriller d'anticipation noir, une étude sociétale mais aussi une exploration de l'âme humaine avec ce qu'elle a de plus complexe, notamment avec l'éducation des enfants. La place de la femme mise au rebut, arrivant en fin de vie, à cinquante ans, doit se retirer. Enfin, elle est retirée de son foyer, déclarée obsolète, car elle ne peut plus procréer. Son rôle premier étant dévolu à la procréation, elle doit laisser sa place et permettre à l'homme de créer une seconde famille, car lui n'a aucun souci pour engendrer.

Outre cette thématique principale, Sophie Loubière, décortique l'impact du retrait de la femme sur sa famille,, tout en se penchant sur la revisite de certains faits historiques, balayés pour mieux déconstruire les idées afin d'en imposer d'autres.

Les sentiments sont tempérés par des implants qui permettent de ne plus ressentir ce qui pourrait perturber. Mais le fait de bannir les sentiments n'est pas toujours ce qui rend l'être humain plus humain. La complexité des sentiments, n'est-elle pas, malgré les horreurs, ce qui rend l'être humain plus empathique ? C'est une des questions que l'on se posera à plusieurs reprises. Sophie Loubière, se pose comme une visionnaire, en s'attaquant à la place de la femme dans le futur en observant ce qui se passe aujourd'hui. le fait est qu'il est difficile pour la femme de disposer librement de son corps, dans certains endroits du globe et ce qui aujourd'hui nous fait réagir, ne le fera certainement plus dans un futur où la terre compte davantage de femmes que d'hommes et où la diminution de la natalité implique la disparition de l'humanité.

L'auteure, pousse le lecteur à la réflexion à travers le portrait de plusieurs femmes, arrivées au moment du « Grand recyclage » et sa normalisation. Elle décortique les usages de cette nouvelle société, son évolution, mais aussi son mode de pensée.

Deux intrigues en une, chacune se construisant en parallèle de l'autre, et même si elles ne se rejoignent pas, elles mettent en exergue ce qui ne fonctionne pas dans ce 2224.

Sophie Loubière ne pouvait construire ce type d'intrigue, sans glisser une enquête sur la disparition de trois fillettes… Même si au paradis, il ne peut pas y avoir de mort, celle-ci amène une enquête particulière, tout en explorant les limites d'un tel système.

C'est assez compliqué de parler de ce livre sans divulguer l'intrigue, car tout est intéressant, tout est transposable à notre époque, tout fait froid dans le dos, malgré le tableau idyllique qu'on veut nous dépeindre…

En s'aventurant vers l'anticipation, avec une pointe de thriller, et un zest de polar, Sophie Loubière prend une certaine hauteur avec un univers dense réfléchi et plausible, puisqu'à travers des recherches très poussées, elle utilise ce qui existe en 2024, pour enfin le rendre aboutit en 2224. le grand recyclage ne concerne pas que les femmes, c'est toute une société qui se recycle, parfois au détriment de son humanité la plus profonde où le rôle premier de l'être humain est la procréation.

L'être humain n'étant plus maître de ses choix, sous l'égide d'un grand chef d'orchestre serait-il capable de discernement ? de faire la différence entre le bien et le mal lorsque tous les sentiments sont annihilés ? le fait de passer sous silence, ou d'arranger certains pans historiques, permet-il de gommer ce qui ne va pas chez l'Homme ?

Pour le savoir, il vous faudra découvrir ce livre truffé de bonnes idées, mais aussi diablement construit, où le talent de conteur frise la perfection. Je ne me suis pas ennuyée tout au long de ce récit dense et d'une grande intensité.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Spécialiste du noir, Sophie Loubière surprend ses lecteurs en les entrainant dans un roman d'anticipation.

Avec cette histoire, elle se présente en digne héritière de Margaret Atwood et de sa « servante écarlate ». Mais contrairement à son aïeule, dont j'avais eu du mal à adhérer à la prédiction de départ, j'ai parfaitement imaginé cet avenir hypothétique.

Quand on voit comment sont considérées les femmes de plus de cinquante ans à notre époque, il ne manque plus que la création d'un bracelet qui limite nos émotions, pour que la théorie du livre devienne réalité.

Cette histoire repose sur un gros travail de documentation et de réflexion qui permet d'expliquer et de justifier toutes les décisions prises par la communauté. Dans un but à priori légitime de protection et de survie, les protagonistes ont accepté leur nouvelle vie pragmatique et liberticide. Chaque loi répondait à une véritable problématique. Mises bout à bout, toutes ses règles enferment les personnes dans un univers sécurisé mais aseptisé.

Grâce au destin de plusieurs personnages, on comprend vite que ce monde « parfait » n'est pas sans défaut, ni sans faille. On assiste aux conséquences sur leurs quotidiens d'un tel mode de fonctionnement. Rachel nous offre la possibilité de connaitre la face cachée du « recyclage » des femmes pendant que son mari remet en cause la perfection du système en menant son enquête sur des meurtres maquillés.

L'autrice mène donc de front ses deux narrations (celles qui partent, ceux qui restent) afin de nous plonger dans la réalité de ce futur ambigu. Elle intercale quelques chapitres didactiques, nous racontant les évènements qui ont façonné cette nouvelle manière de vivre. Ainsi, porté par sa plume magnifique, j'ai été envouté par ce roman total, intelligent et inquiétant. Un voyage dans le temps qui fait réfléchir. Un grand livre !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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La côte d'Opale en 2224. Face au déclin de la population suite au Grand Effondrement, la Gouvernance territoriale a décidé le Grand Recyclage des femmes à 50 ans de telle façon que leur mari soit Réattribué à une femme plus jeune qui soit en mesure de lui donner d'autres enfants. On ne sait pas ce que deviennent les Retirées car aucune n'est revenue pour raconter. Afin que la société vive en harmonie, que les émotions ne prennent pas le dessus et conduisent au chaos, chacun porte un BMH (bracelet modérateur d'humeur) qui les régule. Mais dans ce monde hyper-contrôlé, où chacun est fliqué en permanence, trois petites filles de 7-8 ans sont retrouvées mortes étranglées.
Ayant déjà lu trois romans noirs, que j'avais appréciés, de Sophie Loubière, mais n'étant pas friande de dystopie ou d'anticipation, j'ai longuement hésité à me plonger dans "Obsolète" et je ne le regrette absolument pas.
L'auteure innove totalement par rapport à ce qu'elle a déjà écrit avec ce livre qui est à la fois un polar, un roman d'anticipation et un féministe.
Le monde qu'elle décrit n'est pas une dystopie complètement déjantée, sortie d'une imagination très fertile, mais une projection cataclysmique mais vraisemblable de ce que nous vivons actuellement : place de plus en plus importante donnée à l'intelligence artificielle, ressources naturelles insuffisantes, températures extérieures caniculaires, baisse de la fertilité, submersion de territoires entiers..... Cela fait froid dans le dos, car on se dit que ce qu'elle invente comme le bracelet régulateur d'humeur, l'obsolescence d'une partie de la population, Big Brother is watching you...pourraient devenir une réalité.
Dans ce monde de 2224, nous suivons des personnages comme vous et moi dont, entre autres, Rachel, à qui il ne reste que 28 jours avant d'être Retirée. le texte alterne la description de la communauté qu'elle va quitter et son enfance, ses sentiments, ce qu'elle pense de sa vie à la première personne . Ce roman pose bien sûr la question de la place des femmes dans la société du futur mais surtout dans la nôtre, le Grand Recyclage pouvant être vu comme la métaphore de la ménopause qui invisibilise et désocialise les femmes qui ne peuvent plus procréer, partant du postulat, que bien sûr, je rejette, que la procréation est le rôle essentiel qu'inconsciemment on attribue aux femmes et qu'elles-mêmes s'attribuent parfois, se sentant inutiles après 50 ans. Il fictionnalise une réalité dans certains pays où le nombre de filles dépasse celui des garçons, donc on procède à un "tri" sélectif par l'avortement ou par l'élimination à la naissance.
Il chosifie la femme et en fait un objet en fin de vie à recycler comme un vieil aspirateur; ce qui est frappant, dans ce roman, c'est que les femmes ne se posent pas de questions et acceptent leur sort tellement elles ont été conditionnées.
Mais "Obsolète" reste un polar noir avec un double mystère : que deviennent les femmes Retirées? et qui a tué les trois fillettes? qui donne l'occasion à l'auteur de développer sa vision féministe de la place accordée aux femmes.
Ce roman est une vraie surprise car il est totalement différent des précédents. Et c'est une totale réussite, un tour de force qui m'a complètement happée pour son intrigue, pour la description d'un monde à venir, pour l'arrière-plan féministe. Il m'a rappelé "La servante écarlate" de Margaret Atwood pour le corps de la femme, machine à procréer et "Les heures rouges" (2018) de Leni Zumas, dystopie féministe, qui décrit la régression de la liberté des femmes à disposer de leurs corps, là aussi pas si dystopique que cela quand on observe ce qui se passe aux États-Unis.
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2224, après le Grand Effondrement, la Société s'organise autour d'une gouvernance gérée par l'intelligence Artificielle Maya et chaque être humain y est connecté grâce à un bracelet...
Natalité en berne, les femmes ménopausées sont envoyées en retraite dans un sanctuaire et remplacées dans leur foyer par une autre femme plus jeune et surtout fertile et ainsi de suite...
Mais, comme toujours, le moindre petit grain de sable fait enrayer la machine, ici, le meurtre de 3 fillettes va montrer les limites de ce nouveau système...
Sophie Loubière nous dresse un constat qui peut déjà être tristement d'actualité : avènement de l'I.A., dérives écologiques et modèle économique en fin de vie, on y est déjà avec 200 ans d'avance, et le futur n'offre que peu de perspectives positives...
Vivement la suite !!!
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« Obsolète », qui n'est plus en usage, désuet, périmé. Qui est irréparable, inutilisable, irrécupérable, perdu, fini.

« Obsolète » projette le lecteur dans le futur, en 2224 où la notion d'obsolescence programmée s'applique aux femmes de 50 ans. Dans ce monde, à cause de l'inaction des générations précédentes face au réchauffement climatique, la société doit repenser sa façon de vivre pour survivre. Il est question d'un événement appelé le Grand Effondrement, qui a, en quelque sorte, remis les compteurs à zéro et obligé les habitants de la planète Terre à repenser leur façon de vivre et de consommer. En 2224, les citoyens du monde n'ont plus le choix : ils doivent économiser les ressources pour survivre. Les villages sont désormais en autosuffisance énergétique, l'eau est devenue aussi précieuse que l'or et nécessite d'être absolument préservée. Pour cela, « La Gouvernance_territoriale », impose l'économie de ressources, l'autosuffisance énergétique, et la valorisation de l'équilibre écologique. Une « société idyllique » pacifique règne, allant jusqu'à réguler les émotions via des Bracelets Modérateurs d'Humeur (BMH).

Mais, dans « Obsolète », la chute dramatique de la fertilité menace la survie de la population, amenant la Gouvernance à promulguer une règle : le recyclage des femmes de 50 ans, remplacées par des plus jeunes, potentiellement plus fertiles. le récit tourne autour de cette notion de remplacement, explorant les implications pour ces femmes devenues « obsolètes ». Sophie Loubière examine alors comment la société normalise ce processus du « Grand Recyclage » à travers des portraits de plusieurs femmes, dont le personnage central, Rachel. À travers cette loi devenue la norme, elle décortique les usages d'une nouvelle société, comment elle évolue, par quels biais et selon quels modes de pensée.

En premier lieu, je voudrais dire mon admiration pour l'idée brillante qu'a eue Sophie Loubière, en concevant cette idée de l'obsolescence de la femme dans « Obsolète ». Se poser la question de l'avenir de la femme dans 200 ans fait sens, certainement dictée par les problématiques auxquelles font face les femmes de 2024. À l'heure où, aux États-Unis, dans certains États, les femmes n'ont plus le droit de disposer librement de leur corps, et où, en France, on a récemment entendu l'expression de « réarmement démographique », la question n'a jamais été aussi actuelle. Encore faut-il se donner les moyens de ses ambitions… Quelque 500 pages sur le sort des femmes auraient été certes intéressantes, mais à mon sens, insuffisantes.

Or, dans ce roman futuriste, et peut-être visionnaire, Sophie Loubière se donne les moyens de ses ambitions. « Obsolète » est un roman de grande envergure, extrêmement ambitieux, dans lequel l'auteure a fait un véritable travail de réflexions, et de recherches (recherches réellement bluffantes) où elle raconte à quoi ressemble le monde en 2224. Pour coller au plus près de la réalité, faire sentir et ressentir aux lecteurs l'ambiance et le cadre dans lesquels évoluent les humains, il fallait le plonger au coeur de cette nouvelle société. Il fallait l'immerger, lui faire découvrir comment la société s'est organisée pour préserver les ressources, et obtenir la conscience de chacun dans ce processus de recyclage global. En ce sens, « Obsolète » est le roman le plus intelligent et le plus travaillé qu'il m'ait été donné de lire dans le domaine de l'imaginaire. Sophie Loubière a pensé à tout : elle a ouvert tous ses chakras de l'imagination, en s'appuyant sur des techniques ou des objets déjà existants pour construire ce monde futuriste. Quel énorme travail, elle a accompli là !

Le résultat est impressionnant de créativité, d'inventivité, et offre un cadre parfait pour traiter du sort des femmes, qui, dans le roman ne servent plus à grand-chose après 50 ans, puisqu'elles ne peuvent plus donner la vie, et à qui on promet une sorte de retraite dorée dans un endroit décrit comme le paradis sur terre. « Le Grand Recyclage est une étape de la vie. Un passage vers une autre source de joie, un horizon de lumière de tous les possibles. »

Imaginez un peu : vous êtes mariée, vous avez des enfants, un mari que vous aimez, un métier, une vie qui vous satisfait et hop, à 50 ans, vous dégagez et vous laissez votre place à une femme plus jeune, et plus fertile ! Vous devenez « Obsolète » parce que vous ne pouvez plus faire d'enfants, vous êtes ménopausée ! (oh le vilain mot !) Votre existence ne se résumait qu'à cela : repeupler la planète. Quant à votre famille, et vos propres enfants, ils devront composer avec cette nouvelle femme de substitution. Puisqu'on ne parvient pas à « réparer les femmes », il est normal de remplacer les « vieilles » ménopausées par des jeunes dans la fleur de l'âge. « Qu'elles se retrouvent bientôt sur le trottoir tels deux toasteurs mis au rebut était dans l'ordre des choses ». Quid des hommes dans cette affaire ? J'ai aimé le regard percutant sur ces petits rois que l'on éduque en leur faisant croire qu'ils sont essentiels au bon fonctionnement du monde. « Qu'est-ce qu'une femme, au fond, sinon un homme non accompli ? » Je vous laisse le découvrir…

L'une des interrogations centrales d'« Obsolète », qui m'a occupée durant toute ma lecture, concerne l'endroit où sont envoyées « les retirées », le Domaine des Hautes-Plaines. La construction du roman, les apartés en italique avec un personnage en particulier, les inserts liés à la propagande de la Gouvernance, ainsi les titres de parties comprenant un verbe à l'infinitif contribuent significativement à s'interroger sur les desseins planifiés pour ces femmes. Endoctrinement ? Réalité ? Propagande ? Fantasme ? Utopie ? Leurre ? Sophie Loubière pose ici une vraie question éthique et le lecteur est invité à s'interroger sur la nature de cette nouvelle réalité.

Parallèlement, que cache exactement ce nouvel Eden, paradis céleste où tout n'est que calme, ordre, et sincérité ? Où tout le monde accepte le fonctionnement imposé par la Gouvernance et où personne ne semble questionner l'ordre établi ? Sauf peut-être… Rachel qui, bien que sereine, se pose de plus en plus de questions… d'autant qu'un événement étrange va venir bousculer cette belle apathie générale ! L'écrivaine n'oublie pas de tenir son lecteur en haleine en semant les petites graines du doute et en réservant quelques surprises de taille à son lecteur.

À travers « Obsolète », Sophie Loubière compare deux époques : la nôtre, celle de tous les excès « Toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus féroce » et celle de Rachel, débarrassée de tout ce qui est superflu. Ainsi, les enfants dits « les apprenants » apprennent le monde tel qu'il existait avant eux : l'omniprésence du numérique, l'empreinte carbone, l'absence de confidentialité des données, l'ubérisation de la société, la « croissance éternelle, au détriment des ressources de notre planète. » de quoi s'interroger très sérieusement sur notre fonctionnellement actuel…

Alors ? Êtes-vous prêts à découvrir les bio-réfrigérateurs, l'aquaponie, le unwashing, le Bracelet Modérateur d'Humeur, l'art-thérapie, la stimulation visuelle, les cours d'empathie ? Êtes-vous en passe d'être vous aussi « retirée » parce que vous allez avoir 50 ans ou que vous les avez déjà ? L'enterrement de vie de maman, l'euthanasie raisonnée et le centre communal d'humidification vous attendent… Soyons des « Déesses jetables, avec panache. » !

« Obsolète » est une exploration futuriste sur l'obsolescence des femmes, un roman d'anticipation qui dégage un formidable souffle créateur ! Sophie Loubière construit avec brio son histoire autour de cette problématique, interrogeant la société fictive et par extension, notre propre réalité contemporaine. La fiction offre une réflexion percutante sur le devenir de la femme et de la fertilité, mettant en lumière les inégalités de genre et les dérives, s'il y en a, d'une société centrée sur le remplacement des femmes « obsolètes. »

Brillant, subtile, lucide et tout à fait captivant !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Coup de génie ou visionnaire, Sophie Loubière interroge et remue avec son roman Obsolète. En 2224, après le Grand Effondrement, le monde a dû s'adapter. Désormais les femmes de 50 ans doivent partir au Grand Recyclage pour laisser la place à des femmes plus jeunes, et surtout plus fécondes. Est-ce cela qui nous attend donc dans un futur proche ?
Et sur le sujet, les avis sont dithyrambiques. Dans un pays, où le patriarcat règne en maître, laisser présager un avenir de recyclage dès la ménopause, il y a de quoi s'alerter. Pourtant l'histoire fait son effet, car c'est ce qu'on attend de la population : du renouvellement, des naissances en hausse, et des enfants en bonne santé. Pourtant la femme de 50 ans, libérée des archétypes et de la pression sociale, pourrait bien connaitre les meilleurs instants de sa vie.

Une histoire qui pourrait en rappeler tant d'autres avec des univers postapocalyptiques tous plus caricaturaux les uns que les autres. Mais non, détrompez-vous ! Auteure de romans noirs, Sophie Loubière se livre à une expérience de haut vol dans le registre de l'anticipation car c'est bien de cela qu'il s'agit. Non pas à mon sens un roman policier mais bien un univers dystopique basé sur des faits potentiellement probables qui font froid dans le dos. Un monde aseptisé où tout parait sous contrôle, surtout nos émotions. Ici la violence n'existe pas, et la vie communautaire est au centre de tout. Vous regarderez votre mère, votre soeur ou votre tante monter dans un camion du Grand Recyclage sans la moindre larme. de quoi en terroriser plus d'un !!

Quel roman ! Splendide. Un récit engagé pour les femmes mais qui ne bascule par vers le féminisme grandiloquent. Non. Un texte épuré, avec un formidable travail de recherche et d'analyse. C'est brillant. Un roman à recommander ! Une question subsiste : coup de génie ou visionnaire ?
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2224.. quelque part en France après le grand effondrement.
La population mondiale est passée sous la barre des dix millions.

La gouvernance territoriale nous observe et contrôle nos sentiments via des bracelets modulateurs d'humeur et Maya qui possède toutes les réponses (hey Google !) est toujours présente près de nous.

Tout va bien dans le meilleur des (nouveaux) mondes ?
Et non.
Non car les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes et il est primordial que la natalité progresse.
Coûte que coûte.

Alors à l'aube des 50 ans les femmes sont retirées pour être recyclées et pour laisser leur place à d'autres qui pourront enfanter.
Que deviennent ces femmes pour qui l'heure de l'obsolescence a sonné ?

Sophie Loubière nous propose un roman d'anticipation dystopique de très bonne facture.

Un travail important de recherches a été effectué pour rendre la lecture immersive.
Les personnages sont bien campés, attachants.

Il m'a manqué des détails environnementaux pour me permettre de visualiser les lieux de vie, la ville.
Mais je chipote.

Obsolète c'est aussi un polar avec des enfants retrouvés morts dans ce monde pourtant rendu idyllique.
Des pères vont enquêter..

C'était ma première lecture de cette auteure et ce fut une excellente surprise.
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