Il y a des livres comme ça qui marquent l'esprit pour leur force et leur intensité dramatique .
Autant dire que j'ai adoré ce roman que j'ai eu du mal à lâcher pendant les quelques heures où je l'ai eu en main . Un voyage immobile où mes neurones et mes synapses ont tellement sauté de joie en harmonie que j'en ai ressenti des vibrations dans tout le corps .
Je découvrais pour la seconde fois l'univers de
Jérôme Loubry mais là je dois avouer qu'il a mis la barre très haute avec ce type de récit à tiroirs que j'adore quand il est bien construit et bien écrit . Et là on peut dire que j'ai été gâté !
Là me voilà embarrassé pour vous dépeindre un résumé de l'histoire tout en disant assez mais pas trop pour dévoiler le pitch diabolique - et croyez-moi je m'y connais en Sudoku diabolique - que nous a concocté l'auteur .
Car il s'agit bien d'une construction à plusieurs étages de très très haut niveau qui m'a laissé littéralement sur le cul . Tellement ébahi ( et ébloui ) par ce retournement que j'ai du revenir quelques pages en arrière afin de vérifier si je n'avais pas loupé quelque chose ..
Pourtant tout avait commencé “normalement” ou presque : “ par une nuit sombre le long d'une route solitaire de campagne alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva” ...euh excusez-moi je crois que je m'égare . Tout avait commencé , disais-je, par une lettre , reçue par Sandrine à son bureau du journal local qui l'informait du décès de sa grand-mère maternelle , Suzanne Vaudrier , une aïeule qu'elle n'avait jamais connue et qui l'invitait à prendre connaissance de son testament par l'intermédiaire d'un notaire à proximité de sa dernière résidence : une île au large des côtes normandes .
Pour la parisienne , fraîchement débarquée de la capitale , l'arrivée dans cette petite bourgade de Province est synonyme de changement brutal : ses enquêtes journalistiques quotidiennes riment avec faits divers campagnards et les petits tracas des paysans avec leur cheptel bovin . Comme cet éleveur , un certain Frank Wernst , qui a retrouvé des croix gammées imprimées sur les peaux de ses vaches laitières .
Après les paysans et les odeurs du terroir , changement radical d'atmosphère avec l'air salé de la Manche et les embruns maritimes . Direction cette île mystérieuse où sa grand-mère a vécu , seule , l'essentiel de sa vie , après la deuxième guerre mondiale . Un morceau de terre de quelques kilomètres carrés perdus au milieu des flots tumultueux , où quatre habitants seulement vivent en permanence : le médecin Claude , le cuistot Victor , Françoise et la défunte Suzanne . le seul fil de vie qui la relie à la côte , quand la météo le permet , est ce bateau barré par Simon et son équipier , Paul . Une existence en huit-clos , vestiges des activités de l'île après - guerre . Mais , alors que la vie insulaire , solitaire , dure et plein de surprises , les habitants semblent comme contraints d'y rester ...ad vitam aeternam .
La première des nombreuses énigmes que va découvrir Sandrine avant que son destin ne bascule définitivement vers ...le néant . Mais nous n'en sommes qu'au commencement .
Je vous l'ai dit ce roman c'est du très très lourd . Qu'ai-je attendu si longtemps pour le sortir de ma PAL ? L'auteur , en rusé conteur d'histoires , n'aura de cesse que de semer de petits cailloux afin de baliser les chemins qui mènent à la vérité . Alliée à la construction machiavélique du scénario , l'écriture de
Jérôme Loubry agit comme un puissant aimant qui vous incite à tourner les pages presque mécaniquement , frénétiquement . Car il est définitivement impossible de quitter ce livre , un seul instant !
Bluffé par ce roman , rare , et fascinant . du grand art !