Le Temple (BD)

« le Temple » présente 5 nouvelles du maître de l'épouvante Howard Phillips Lovecraft, adaptées en bande dessinée par l'argentin Hernan Rodriguez. Ce dernier a parfaitement su rendre sur le plan graphique le talent génial de Lovecraft. Dans l'espace des cases, l'argentin sait déployer, par des couleurs et des dessins soignés, l'enchaînement séquentiel des mots que Lovecraft avait pu poser sur le papier. En ce sens, il lui rend véritablement hommage.
« La musique d'Eric Zann » est une nouvelle qui résume à elle seule le talent de Lovecraft et de son adaptateur. Annette vient d'emménager dans une nouvelle demeure. Son propriétaire lui indique qu'elle est la seule locataire du dernier étage. Pourtant, dès le premier soir, elle entend une musique extraordinaire résonner au-dessus d'elle, dans le grenier, qui l'empêche de dormir. le suspens et l'horreur montent crescendo, à l'image de la musique démoniaque que semble produire l'étrange voisin du dessus. Un soir, Annette n'y tient plus et monte rendre visite au musicien. Il lui fait vivre un concert particulier… jusqu'à l'apothéose en forme de bouquet d'étrangeté…
Ces nouvelles adaptées ne laissent jamais les protagonistes indemnes… ni le lecteur d'ailleurs, pour son plus grand plaisir !

« le Temple » est une véritable oeuvre d'art, à déguster visuellement !

Le Temple (1920, The Temple in Weird Tales 1925) nous invite dans un U 29, sous-marin allemand, en compagnie de son capitaine, Karl Heinrich, comte d'Altberg-Ehrenstein. Nous sommes en 1917, en pleine guerre, et l'équipage torpille un cargo britannique, le Victoria. Un marin de ce dernier sera retrouvé agrippé au bastingage, portant une étrange amulette, un morceau d'ivoire sur lequel est gravé la tête d'un jeune homme couvert de lauriers. le corps du marin sera remis à la mer, mais certains membres de l'équipage ont cru voir ses yeux s'ouvrir, révélant un regard moqueur. Une mutinerie va s'ensuivre, réclamant l'éjection du talisman. Imperturbable, le capitaine matera la révolte, éliminant un à un les récalcitrants jusqu'à se retrouver seul dans un bâtiment tombé en panne et ne cessant de glisser dans des profondeurs abyssales. Et là, ce sera la découverte d'une cité engloutie au centre de laquelle se trouve un immense temple. Atlantis ! le survivant opérera plusieurs reconnaissances en scaphandre et, alors que les ressources du sous-marin sont pratiquement épuisées, partira visiter le Temple dont les fenêtres venaient de s'éclairer. Il prendra le soin de confier ses notes au bon soin d'une bouteille.
Un texte court, dans lequel on ne rencontre pas directement de créatures et au cours duquel on n'utilise pas de livres maudits ! Mais évidemment, on voit s'esquisser ce qui sera ultérieurement la cité de R'Lyeh. Un texte amusant par la description caricaturale du militaire prussien imbu de sa personne est sûr de lui. Un des marins, alsacien, est qualifié par le capitaine de « porc superstitieux » !

C'est toujours un plaisir coupable et horrifique de lire Lovecraft. L'illustrateur a su retranscrire l'ambiance des textes de l'auteur. Je crois que j'avais déjà lu cette BD il y a quelques temps. J'ai préféré la seconde nouvelle : la musique d'Éric Zann.