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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce livre Rosetta Loy évoque des souvenirs de son enfance et de son adolescence, pendant la montée du fascisme en Italie, puis pendant la guerre. Nous voyons les choses par ses yeux d'enfant, puis d'adolescente. Mais ce voyage dans les souvenirs a un but, un objet. Celui de faire revivre, et d'essayer de comprendre le destin des voisins, des amis, et au-delà de l'ensemble des Italiens qui à un moment donné ont été catalogués comme juifs dans leur pays. Une attention toute particulière est portée sur le rôle et les positions de l'Eglise, en particulier des papes, Pie XI et Pie XII. Rosetta Loy alterne donc les réminiscences, le retour vers le monde de son enfance, et aussi les faits, les chiffres, nous livre un pan de l'histoire de son pays, qu'elle est allée chercher, pour comprendre, pour donner sens à ce qu'elle a pu vivre, ce dont elle a été témoin sans forcément le saisir réellement à l'époque des événements.

Un livre étonnant entre le sensible et la pensée, entre le particulier et le général. Il résume d'une manière très claire ce qui s'est passé, les faits historiques, en mettant en parallèle quelques destinées individuelles, comme celui de la Madame Della Seta du titre. le livre donne à comprendre, mais aussi à ressentir. Intelligent et émouvant.
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En ce qui concerne le sujet de la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement la dramatique machine mise en place dans toute l'Europe pour conduire à l'extermination d'une bonne partie de la population juive, j'ai beau empiler les lectures, j'ai toujours du mal à comprendre comment une telle ignominie a pu se produire. En achetant ce livre, parce que je voulais découvrir Rosetta Loy depuis longtemps, je pensais avoir affaire à un roman avant de m'apercevoir qu'il s'agit d'un récit mêlant souvenirs et investigation de la part de cette auteure qui tente elle aussi de comprendre l'incompréhensible. Elle qui avait huit ans, à Rome, lorsque la guerre a été déclarée. Elle qui est née sous Mussolini et dont l'enfance au sein d'une famille bourgeoise romaine ne lui a pas tout de suite permis de décrypter ce qu'il se passait autour d'elle, dans son immeuble ou dans sa rue. Alors elle enquête, recompose le contexte et examine ses souvenirs à l'aune des faits désormais connus. C'est captivant. C'est terrifiant.

J'ai rarement eu la nausée en lisant un livre et pourtant, j'ai souvent eu sous les yeux les descriptions de scènes à la limite du supportable. On sait de quoi les nazis et les fascistes étaient capables. Mais ici, il ne s'agit pas de scènes à grand spectacle ou de raconter l'horreur encore une fois. Non. Il s'agit du comportement de gens ordinaires, dans l'Italie fasciste. Et surtout, point central de ce livre, de l'attitude du Vatican et de l'Eglise catholique. Avec deux figures qui s'opposent, celles de Pie XI et de son successeur Pie XII. Rosetta Loy, à l'aide de recherches méthodiques dans les archives met à nue les hypocrisies, les contradictions, les connivences destinées à servir des ambitions politiques et des prises de pouvoir. Et se demande ce qui se serait passé sans le décès de Pie Xi qui avait chargé un trio de jésuites de lui préparer la matière à une encyclique sur le racisme et le nationalisme... que son successeur s'est dépêché d'enterrer. "Nul est en mesure de dire aujourd'hui de quelle manière ni jusqu'à quel point l'encyclique Humani Generis Unitas aurait pu changer le destin de millions de Juifs. Mais elle aurait sans doute posé à la conscience de près de cent millions de catholiques européens un problème qu'ils auraient eu beaucoup de mal à éluder".

La force du livre de Rosetta Loy c'est ce retour sur les souvenirs à hauteur d'enfant avec, en point de mire, la figure de Madame Della Seta, sa voisine, le goût des petits plats qu'elle cuisinait parfois pour eux. Et puis l'ombre de la famille Levi, les brimades dont elle n'avait pas pris conscience à l'époque en voyant son copain Giorgio Levi monter les escaliers son vélo sur l'épaule parce que la concierge de l'immeuble tenait à l'application stricte des règles : pas d'ascenseur pour les juifs. Ce n'est que plus tard qu'elle fera le lien. Alors ce qu'elle nous donne à voir avec ce livre c'est comment chacun, en ne résistant pas formellement, et même sans en avoir conscience, cautionne et participe à l'engrenage fatal. Ne pas dire non, c'est dire oui.

"'Discriminer sans persécuter'. Comme le fil est subtil pour séparer les hommes entre les bons et les méchants. Entre les innocents et les coupables. Si d'autres veulent ensuite les "persécuter", c'est eux, les bourreaux, que ça regarde. Ponce Pilate ne s'était-il pas lavé les mains, montrant ainsi qu'il était innocent de la mort du Christ ?"

Un livre choc, essentiel. Un livre qui m'a profondément dérangée malgré tout ce que je savais déjà. Un travail impressionnant de justesse et de précision, remarquable dans sa volonté d'éclairer et son constant souci d'équilibre. A lire absolument.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Montée en puissance d'Hitler vue à travers le prisme d'une enfant issue de la bourgeoisie italienne. On assiste notamment aux différentes positions des papes consécutifs Pie XI et Pie XII vis-à-vis de la montée du fascisme et de l'antisémitisme.

À lire pour en savoir encore plus sur cette période trouble de l'histoire.



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Une très belle lecture. le récit d'une enfance favorisée dans les années 30 en Italie, prétexte à détailler l'évolution de la condition des juifs en Italie sous Mussolini, et le rôle ou le point de vue des papes Pie XI et Pie XIi ainsi que du clergé catholique européen. Les scènes légères ne le sont pas tant que çà. Une lecture de référence car c'est un beau défi de mettre tout ça dans un si petit livre. Peut-être à lire en italien si on le peut car certaines phrases ne sont pas très claires grammaticalement.
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"Ce sont des gens bien, malgré qu'ils soient juifs". Ce n'est pas exactement la phrase prononcée par un membre de la famille de l'auteur (je ne la retrouve pas) mais c'est l'esprit.
A Rome, Rosetta Loy, vit dans un bel appartement, au sein d'une famille de la très bonne bourgeoisie, avec nurse et personnel de maison.
Pas d'antisémitisme revendiqué, une certaine indifférence, on essaie de ne pas frayer avec le diable, mais sans prendre trop de risques.
Dans le même immeuble, Madame Della Sera, qui la veille quand elle est malade et la famille Levi dont le fils joue au ballon avec son frère. Ils seront tous emportés par le vent mauvais à croix gammée.
Je connaissais assez peu de choses sur l'Italie durant la seconde guerre mondiale, si ce n'est au travers de films tels que les déchirants "Une journée particulière" ou "Le jardin des Finzi Contini" et bien sûr, la figure grotesque, mais Ô combien dangereuse de Mussolini, ainsi que du rôle ambigu (litote) du pape Pie XII.
J'avais malgré tout l'image d'un pays dont l'antisémitisme était beaucoup moins marqué qu'en Allemagne. En fait s'il l'était moins, ce n'était pas de beaucoup...
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Sur le sujet très repris de la seconde guerre, l'auteure fait ici un focus sur l'Italie et la manière dont le pays a traversé les troubles, selon ses connaissances historiques et ce qu'elle a vécu elle, petite. Les deux perspectives sont habilement agencées et le thème fascinant, on y apprend beaucoup sur les personnalités historiques du pays d'alors et les batailles idéologiques qui s'affrontaient. Je savais Pie XI (qui était surnommé le Pape juif) très engagé auprès de la communauté juive mais ici l'auteure énumère grand nombre de ses engagements qui, malgré les millions de catholiques européens, n'ont pas pu empêcher le pire d'arriver.
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Petit mais très dense.

C'est à la fois un mémoire
autobiographique où l'auteur raconte ses relations avec ses voisins
juifs. La petite fille avec qui elle jouait portait une étoile de
David et qui a disparu.

Un livre d'Histoire sur l'application des lois antisémites sous Mussolini. Et c
est hyper précis il y a toutes les interdictions.

Les déportations

Et puis l'attitude de l'Église, du Vatican. Des deux papes Pie XI et Pie XII qui ont eu des attitudes différentes.

Et des prêtres courageux comme Bernard Lichtenberg le seul prêtre avoir protesté à Berlin contre la Nuit de Cristal et après avoir fait une prière publique pour les juifs. Il a été arrêté . Il a demandé à être envoyé à l'Est avec les juifs. Il est mort avant d'arriver à Dachau.

Et le père Dillard mort à Dachau pour avoir caché 80 enfants juifs.

Un très grand livre d'Histoire très documenté.

Une évocation émouvante des relations de voisinage.

Les voisins peuvent avoir des histoires qui ouvrent un enfant sur la
vie le monde. A travers eux l'auteure a perçu une histoire personnelle
de la grande Histoire tragique de la Shoah
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