"Mes parents ont pris la route avec Hu et moi. Ils me cachaient comme ils pouvaient, s'arrêtant ici et là pour quémander du travail. Baba était employé dans les champs. Mama nous gardait et cousait des vêtements à tous ceux qui voulaient bien l'embaucher. Long a fait un geste vers les amas de tissus qui traînaient par terre et que j'avais pris pour des habits dépareillés. Ce qu'ils étaient aussi sûrement.
- Elle les vendait sur les marchés, et moi je trâinais dans ses pattes quand Hu allait à l'école.
Long a fermé les yeux un instant, puisant je ne sais où le courage de continuer.
- Moi... je n'y allais pas. Je n'y suis jamais allé.
- Comment ça ? Pourquoi ?
Une fois de plus, j'ai senti combien j'étais ignorante. Long me donnait envie de l'écouter, de le suivre dans cette enfance dont je ne pouvais qu'imaginer les difficultés. Elle me faisait penser à un chemin escarpé, une route de tous les dangers, minée à chaque tournant. Il a posé ses deux mains sur la table qui nous séparait et a continué en me fixant sans ciller :
- Pas d'identité, pas d'école. Pas d'identité, pas de certificat de résidence. Pas d'identité, pas d'accès aux soins. Pas d'identité, pas de droit aux transports ... "
Citation choisie par Hiro
"Mais j'ai su immédiatement qu'elle était la pièce manquante au puzzle de ma vie."
Les Pêcheurs De Livres
Doucement, elle s'agenouille et, visage contre visage, elles font connaissances. Non... elles se retrouvent, se reconnaissent, reprennent le cours de leur vie. La leur, ensemble, celle qui n'aurait jamais du s'interrompre. Celle que personne n'a pu rompre.
Doucement, elle s'agenouille et, visage contre visage, elles font connaissance. Non.. elles se retrouvent, se reconnaissent, reprennent le cours de leur vie. La leur, ensemble, celle qui n'aurait jamais dû s'interrompre... celle que personne n'a pu rompre.
Que faisais-je pendant qu'il devenait vieux? Où étais-je? Tout occupée à grandir et à tenter de répondre aux immenses attentes de mes parents, j'en avais oublié de regarder celui qui m'aimait sans condition.
Tu crois que l'amour se mesure au nombre de cadeaux qu'on reçoit?
Comment pouvait-on vivre ainsi ? Comment pouvait-on grandir de cette façon ? Sans avoir droit à rien parce que né en trop ?
Toutes ces années à te parler, à tout te confier. Comme j'ai bien fait ! Comme tout s'ajuste. Comme tout s'éclaire. Je ne m'étais pas trompée. Tu existes pour de vrai. Je l'ai toujours su sans le savoir.
Tu te reposeras plus tard ! La vie est longue et tu n'as pas encore l'âge de ralentir.
Leurs mots étaient des fourbes, des traîtres, des lâches. Ils cherchaient à m’entraîner dans une comédie grotesque où chacun tenait un rôle pour mieux me berner. Un théâtre de faux-semblants, une pièce qui se jouait depuis si longtemps que les acteurs semblaient plus vrais que nature. Jusqu’à maintenant. Parce que maintenant je décelais les tromperies, les esquives planquées dans les répliques.