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EAN : 9782213661414
400 pages
Fayard (17/04/2013)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Dans la Seconde Guerre mondiale, le Japon a choisi le camp des puissances de l’axe ; il en partageait le projet impérialiste et une conception du dépeçage de la planète en fonction de sa sphère de domination. A lui devait bénéficier l’Asie, en particulier la Chine et les îles du Pacifique. La population japonaise a donc été mobilisée pour ce projet dès 1937, quand le pays commença ses premiers actes de conquête vers la Mandchourie. Pour les généraux et le gouverneme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

L'historiographie française de la Seconde guerre mondiale s'est focalisée sur la France et l'Allemagne. le Japon en est longtemps resté ignoré. Son histoire politique, le comportement de ses populations, la mémoire du conflit sont autant de sujets dont la recherche française s'est désintéressée.

C'est une raison de saluer l'impressionnant travail de Michael Lucken, professeur à l'Inalco. Comme Pierre Laborie l'avait fait pour l'opinion publique française, il dissèque les sentiments contradictoires qui ont agité la société japonaise durant la guerre. Comme Henry Rousso pour Vichy, il rend compte des polémiques historiques et des mémoires concurrentes. Il le fait notamment par le biais d'une étude des monuments aux morts qui n'est pas sans rappeler les travaux d'Antoine Prost sur les Anciens combattants de l'entre-deux-guerres.

Les conclusions auxquelles il parvient sont autrement plus nuancées que la vulgate héritée de la « vision américaine de l'histoire » forgée durant les années d'occupation par Ruth Benedict et Edwin Reischauer. Elle fait du Japon une société totalitaire entraînée dans un jusqu'au-boutisme suicidaire par une clique militariste fanatique. Elle dédouane l'empereur de toute responsabilité. Elle critique la duplicité du Japon dans l'après-guerre, qui fait profession de pacifisme mais prend la posture de la victime et refuse de présenter des excuses à ses voisins.

Ces trois idées reçues ne sont pas dénuées de fondements mais appellent des appréciations plus subtiles.

le Japon n'a jamais connu le totalitarisme d'Etat mis en oeuvre dans l'Allemagne hitlérienne, l'URSS stalinienne voire l'Italie fasciste. La société n'était pas verrouillée ; aucun système policier de surveillance et de délation ne fut mis en place ; la contestation demeurait possible. Mais la pression sociale y était si forte que le projet d'unité totale de la nation (kokutai) forgé au début de l'ère Meiji a réussi à y prendre corps.

L'empereur a joué un rôle capital. L'idéologie du kokutai ne laissait aucune place aux corps intermédiaires, instaurant une fusion organique entre le peuple et son chef. C'est en son nom que les combats furent menés et que les kamikazes lancèrent leurs opérations suicides à partir de 1944. Pour autant, l'empereur ne faisait pas l'objet d'un culte de la personnalité analogue à celui orchestré en faveur de Hitler, de Staline ou de Mussolini. Ses sorties étaient rares et solennelles. Les Japonais ne connaissaient pas sa voix qu'ils entendirent pour la première fois le 15 août 1945 leur ordonner de se rendre. Supervisant minutieusement les affaires de l'Etat, il fut épargné par Mac Arthur pour maintenir l'unité japonaise.

Après-guerre, les Japonais ont sanctuarisé le souvenir de la guerre plus qu'ils ne l'ont historicisé. En particulier, les souffrances occasionnées par les deux explosions nucléaires de Hiroshima et Nagasaki ont eu tendance à occulter tout le reste. Michael Lucken insiste sur les ambiguïtés du discours pacifiste : constamment associé au culte des morts, il commémore plus un passé douloureux qu'il ne construit un avenir serein. Mais, comme le montrent le mémorial pour la paix de Hiroshima et le musée de Chiran dédié aux kamikazes, des représentations historiques contraires se superposent entre lesquels l'Etat japonais a refusé d'arbitrer, à rebours du stéréotype occidental d'une société consensuelle. le regard que le Japon porte sur son histoire est moins duplice ou hypocrite que pluriel et contradictoire.
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Un passionnant essai sur les différentes formes de manipulations qui ont forgé la mentalité des japonais avant ,pendant et après la deuxième guerre mondiale . Très éclairant sur le rapport à l'histoire , à la mort , à la mémoire de ce peuple ( mais permet aussi de réfléchir à notre propre attitude devant des problèmes similaires ) . Enfin il éclaire bien la vie politique japonaise contemporaine jusque et y compris à Fukushima.
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critiques presse (1)
Liberation
01 juillet 2013
Michael Lucken éclaire tout en nuances le bellicisme et le nationalisme japonais au milieu du XXe siècle
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La dynamique belliciste fut d’autant plus puissante qu'elle s'appuyait sur un mouvement culturel de fond exaltant le geste de foi.
(...)
Les mémoires sont éclatées et les polémiques historiques incessantes.
(...)
La coexistence de plusieurs interprétations ne relève pas tant d'un choix politique qu'elle n'est l'expression de la faiblesse du pouvoir à unifier la nation autour d'un grand récit historique.
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L'occupation de l'archipel a été préparée très en amont et elle a impliqué des civils relativement jeunes qui souvent connaissaient et aimaient la culture japonaise.Le rôle de ces derniers fut d'autant plus important qu'en qualité d'intellectuels ils ont contribué après coup à l'écriture de l'histoire;
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La forme de racisme développée par les Japonais à l’encontre des Coréens et des Chinois au cours de la première moitié du xxe siècle est un développement pervers d’une politique d’affirmation de soi née en réaction au colonialisme occidental. Il n’a pas la profondeur historique ni l’ancrage religieux de l’antisémitisme des pays de tradition chrétienne.
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