AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,11

sur 70 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« le début des vacances résonne dans la gare et dans ma tête ».
La grande maison familiale accueille Mathilde, la narratrice, « de ses trois ailes de pierres chaudes », pour la semaine du 15 Août.
Plusieurs générations s'y côtoient chaque été, pendant les vacances : grands-parents, parents, oncles, tantes, petits-enfants…qui n'ont en commun que cette maison « érigée en symbole et transmise à chacun comme partie de leur identité ».
Cette année, le château est « serti de saphir » ; les corps se font bronzer autour de la piscine nouvellement construite, alimentant encore un peu le vieux rêve des grands-parents d'aménager le lieu, partagé en indivision, en maison de retraite pour toute la famille.
Seule ombre à cette représentation idyllique d'opulence bourgeoise, la vision de la gardienne dans son maillot mauve en « madone ouvrière enivrée d'oisiveté » et sa chair pleine étalée au bord de la piscine.
Rosana et les siens s'occupent du château depuis plus de vingt ans. Certes des liens d'affection se sont forgés au fil du temps… Tout de même, la largesse du grand-père lui permettant de profiter du bassin en l'absence de la famille n'est pas du goût de tout le monde. La contestation couve…et les conventions ont la vie dure…

La faute de goût, c'est celle du grand-père accordant aux gardiens, par pure compassion, un droit qu'ils n'avaient pas même demandé, puis, impuissant à défendre « son initiative quand les siens se sont insurgés » à l'idée que des « inférieurs » puissent se baigner dans leur piscine, est incapable de s'imposer en patriarche et revient alors sur sa décision.
« Finalement, c'est lui qui, par sa bonne volonté pataude mais couarde, a humilié Rosana ».

Mais la faute de goût, elle est aussi dans l'impossibilité de Mathilde à prendre position face au clan, en franchissant les limites de sa classe. On affecte l'indignation dans une bouffée d'aigreur qui retombe aussi vite qu'un soufflet mal cuit et on rentre dans le rang en courbant l'échine devant les aînés, bonne pour aller chercher « le fromage à la cuisine » et tenter de sauver l'honneur en abrégeant son séjour.

La résignation est amère, pourtant le lien familial perdure et perdurera, dans l'attendrissement, dans l'amertume ou la nostalgie. « Je reviendrai » dit Mathilde « dans un mois ou dans un an, sans raison ou pour un mariage, suppliée par ma mère, contrite ou heureuse d'être là, je reviendrai pour les regarder vivre ».

Entre tendresse et agacement, Caroline Lunoir écrit le sentiment de porte-à-faux de la narratrice face à cette tribu bourgeoise bien campée dans les privilèges de sa caste, une situation entre soumission et rébellion, posée en équilibre instable sur le fil inflexible d'une existence dorée que la génération engourdie à laquelle elle appartient ne parvient pas à casser, trop indissociablement rivée à une vie d'aisance pour arriver à déroger aux règles de classes ou aspirer à un semblant de révolte.

Ce premier roman de Caroline Lunoir augure de belles perspectives littéraires pour le futur. Les éditions Actes Sud ne s'y sont pas trompées en décelant chez la jeune écrivaine un joli don d'observation doublé d'une bien belle plume. Caroline Lunoir révèle déjà un univers et un style tout à fait personnels, des mots qu'elle lie avec un soin poétique en un beau bouquet colorée…sans faute de goût.
Avec ce récit qu'on suppose inspiré de son propre vécu, elle peint une fresque minimaliste avec une sensibilité d'aquarelliste. Des petites touches, délavées par ci, assombries par là, qui forment, dans un camaïeu à la fois tendre et incisif, le tableau d'une bourgeoisie encore bien trop empreinte des usages d'un autre temps pour se laisser aller à la clémence.

Triste morale de cette histoire : quelles que soient l'affection, la connaissance, la reconnaissance que l'on porte aux gens de maison, le constat est toujours le même « on ne mélange pas les torchons et les serviettes »…
La lutte des classes a encore de beaux jours devant elle.
Commenter  J’apprécie          340
Caroline Lunoir a 30 ans à peine.
A la première personne, elle raconte quelques jours passés dans sa maison de famille, entre grands-parents et cousins.
Le bon goût est de rigueur : chez les locataires de cette résidence cossue et dans le style, un peu trop appliqué de ce premier roman.
La faute de goût résulte de l'autorisation donnée aux gardiens d'utiliser la piscine qui vient d'être construite. C'est la bonne qui la commet en acceptant cette invitation, alors que la bienséance aurait voulu qu'elle la refuse.
En à peine 100 pages, l'auteur met à nu la bien-pensance des familles bourgeoises, la dureté des rapports de classe, toujours bien réels.
Le propos est subtil, la conclusion ambiguë de cette longue nouvelle laisse planer un doute.
Commenter  J’apprécie          250
Mathilde est une jeune avocate parisienne, tous les ans au mois d'août, elle s'en va rejoindre sa famille dans la maison bourgeoise gérée par sa grand-mère au coeur de la campagne. Chaque année pour le week-end du 15 août, la famille au complet se réuni ce qui représente quatre générations. Cette année, le château s'est doté d'une piscine. Chacun fait ses petites concessions pour que règne un minimum d'harmonie. La faute de goût c'est entre autre que le grand-père permet à Rosana la gardienne, de venir profiter de la piscine quand la famille n'y est pas. Voilà qui n'est pas du tout du goût de la majorité de la famille qui se pose en maître et veut faire respecter les conventions dues à sa situation sociale. En fait les fautes de goûts sont multiples dans cette famille mais on s'en accommode ! Mathilde elle-même les constate mais comme les autres n'osera en faire part se contentant seulement de propos futiles. Une satire familiale subtile qui cerne bien le souci de savoir s'imposer dans une famille traditionaliste qui compte des générations complètement opposées. Malgré une écriture agréable je me suis vite lassée de cette famille qui se prélasse dans son conformisme de bonne famille, heureusement le livre est court !
Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
Commenter  J’apprécie          150
Mathilde, la narratrice, arrive dans la maison familiale en plein mois d'août. Les vacances auprès des grands-parents et des autres aïeux sont l'occasion d'évènements éculés que chacun prétend rendre inédits. Une piscine, récent fleuron du domaine, devient le centre d'un médiocre drame dont la conclusion tragique avorte sans panache. Dans la maison en indivision, les concessions et les chicanes sont le lot quotidien. Une question se pose alors : qu'est-ce qui fonde une famille ? « En dehors de ces quelques gouttes de sang que nous partageons et de cette maison, érigées en symboles et transmises à chacun comme partie de notre identité, rien ne nous réunirait. Éternel mais irrésistible contrat. La logique de lignée a ses limites. » (p. 28) Alors, « famille, je vous hais » ? Il n'est même pas question de cela. La vie au sein du domaine est nonchalance et passivité, comme la promenade commune qui a « l'ambigüité de la famille, elle est douce et lassante. » (p. 63)

Mais Mathilde ne fuit pas sa famille. Lucide et sans illusion, elle connaît l'histoire des siens, les lâchetés et les petits héroïsmes. Rien de comparable aux soubresauts des existences de ses aïeux n'a secoué ses jeunes années, mais Mathilde s'est construite, entre opposition et continuité, dans la froide sérénité d'une génération sans passion ni combat. le séjour estival dans le domaine familial écrasé de soleil lui permet de se raccrocher à une généalogie solide, de s'inscrire dans une histoire tangible, d'être vivante quelque part. « Je reviendrai. Dans un mois ou dans un an, sans raison ou pour un mariage, suppliée par ma mère, contrite ou heureuse d'être là, pour une réunion de famille ou pour un enterrement. Je reviendrai vérifier qui ils sont. Je débarquerai pour soigner un malaise, une solitude, et en récolter d'autres. Je poserai mes valises, je ne reste pas longtemps, hein, juste quelques jours, pour les écouter, pour les regarder vivre. Et je prendrai mon train, attendrie, agacée ou sombre. Un jour, mon dernier jour ici, je serai confusément atterrée de n'avoir pas su retenir des bribes de leurs vies pour ne pas qu'elles passent, sans bruit. Cette maison deviendra mon paradis perdu, un peu nauséeux, celui que je tresse déjà. Beau, fantasmé et triste. Comme pour tous les vieux cons. » (p. 94) Un sursaut, plein de malaise, la tire de l'indolence dans laquelle elle s'englue. le retour à Paris est une perspective sombre, mais qui la rend à elle-même, qui la redessine en dehors de la famille. Attraction/répulsion, à l'infini.

Mais alors, quelle est-elle cette faute de goût ? Est-ce d'avoir oser penser que les domestiques pouvaient jouir du même plaisir que les maîtres ? Est-ce d'être parisienne et indépendante dans un clan qui cultive l'esprit de famille ? On ne sait pas vraiment. Ce récit à la première personne est porté par une voix désabusée. On voudrait entendre celle de l'auteure, mais ce n'est pas ce qui compte. La mélancolie ensoleillée qui sous-tend les pages est gênante parce qu'elle renvoie à des horizons connus. Les relations familiales ne se ressemblent pas, mais les mêmes passions tièdes sont à l'oeuvre partout. Les grands emportements et les portes qui claquent, c'est finalement assez rare, surtout dans le monde bourgeois dépeint par la narratrice. En cas de conflit, le mieux à faire, c'est de prendre la porte en ménageant l'élégance et les apparences. Et c'est exactement ce qui se passe à la lecture. J'ai refermé le livre comme je quitterais une pièce sur la pointe des pieds, après avoir surpris une scène trop intime. Et surtout, j'ai refermé le livre en me disant que mes tristes guéguerres familiales me suffisent et que celles des autres ne sont en rien plus tragiques. Finalement, la faute de goût, c'est peut-être d'avoir étalé sur quelques 110 pages le morne 15 août d'une famille banale.
Commenter  J’apprécie          120
Une très bonne surprise que ce petit livre d'une centaine de pages ! La lecture est fluide et rapide, on se laisse vite emporter dans le monde de la narratrice, dans cette maison familiale où on a tous passé nos vacances, entouré de nos tantes, oncles, cousins, cousines et autres grands-parents. Derrière ce qui semble être un banal récit du quotidien se tisse une satire des moeurs bourgeois et de la famille dans sa forme la plus traditionnelle. du cousin séduisant et séducteur aux grands-tantes commères, en passant par les oncles effacés et la soeur mère-poule, tous les stéréotypes familiaux sont présents, et on est forcé de se reconnaître quelque part.
La faute de goût a été, pour moi, une lecture très agréable. C'est un livre qui s'apprécie avec une tasse de thé ou bien installé dans un fauteuil de bibliothèque par un après-midi neigeux. Même si ce premier roman de Caroline Lunoir semble parfois présenter un style d'écriture un peu trop travaillé, il constitue un roman doux et léger à dévorer pour se transporter, l'espace de quelques heures, dans nos souvenirs des semaines du 15 août.
Commenter  J’apprécie          110
La faute de goût, premier roman de Caroline Lunoir, est un bref récit (110 pages) des quelques jours que passent une jeune femme, Mathilde, auprès de sa famille, un week end de 15 août. Parenthèse dans la vie de la jeune femme, le récit commence par le départ de Paris et se termine par le retour à Paris. La boucle est bouclée pour ce récit aux modestes prétentions: analyser et recueillir les sentiments qu'inspirent chez la jeune femme ces retrouvailles épisodiques. Relations tendres avec les grands-parents, questions d'héritages entre les différents aïeux, préparation de repas pour de grandes tablées, cousins ou cousines avec lesquelles elle n'a rien de commun...
La narratrice porte un regard distant et lucide sur sa famille.
Il est dommage que la faute de goût porte si peu à conséquence. Evénement passagé qui ne marque finalement pas longtemps les esprits. Les conséquences de cette faute de goût ne sont pas tant la réaction de la famille que le départ anticipé de la jeune femme. On reste quelque peu sur sa faim. Dommage, car le style de ce récit est concis, fluide et tout à fait agréable.
Commenter  J’apprécie          70
Chronique douce -amère d'un été dans la maison familiale où le doux ronron des visites des cousins et des chipoteries entre les soeurs est perturbée par l'initiative du Grand -Pére de proposer à la domestique de se baigner dans la piscine.
On ne franchit pas les barrières sociales aussi facilement et la narratrice Mathilde préférera la fuite à l'affrontement.
C'est agréable à lire sans plus.
Commenter  J’apprécie          40
Quelques heures de lecture en perspective à s'immerger au sein d'une famille de la bourgeoisie traditionnel. C'est l'été et l'heure est venu pour la famille, les cousins, les oncles, les tantes et les petits enfants de se réunir de le château familial. Une vieille bâtisse qui abrite une partie des grand parents de l'auteur à l'année, ainsi que la famille du jardinier.


C'est un huis clos dans lequel l'auteur tente de dénoncer une certaine hypocrisie de classe. Le récit sent le vécu et l'ambiance est retranscrite avec précision. Certains s'y retrouveront d'autres découvrirons cet univers.
C'est écrit avec application, agréable à lire, mais le format vraiment court ne permet pas un développement en profondeur de la problématique des rapports de classes. Cela sent plutôt le «work in progresse» un premier jet littéraire qui donnera suite, je l'espère, à un ouvrage plus étoffé. Si grand maman le permet...
Commenter  J’apprécie          20
Mathilde vient se ressourcer au sein la grande demeure familiale pour quelques jours au mois d'août.

Elle regarde ce et ceux qui l'entourent (4 générations de parents et leurs progénitures). Elle prend alors conscience que malgré le caractère immuable du domaine, les membres de sa tribu familiale, eux, vieillissent et ne seront pas toujours là, pas comme ces vieilles pierres du domaine qui les voient à chaque occasion se réunir . Cette prise de conscience renforce le côté nostalgique du livre. Les descriptions fines et sensibles qu'elle fait de l'environnement de ce château de famille dépeignent une nature belle et fragile au coeur de l'été du sud de la France.

Elle retrace dans sa tête le parcours des grandes figures que sont ses arrières grands- parents et grands-parents. Comment ils sont devenus ce qu'ils sont. La place des femmes y tient une grande part : ce qu'elles ont traversé, les luttes et les combats qu'elles ont dû mener au travers des différentes époques qu'elles ont connues. Elle réalise avec un léger malaise qu'elle, Mathilde, hérite de tout cela sans rien avoir eu besoin de faire. Elle appartient à ce milieu de privilégiés, n'a connu ni guerres, ni luttes, ni privations (p 41 : "je n'ai rien à arracher pour exister").

Une belle galerie de portraits que l'on regarde prendre son temps autour d'un piscine fraichement construite. Premier roman bien écrit, stylé mais pas inoubliable. de plus, il se termine un peu "vite" à mon goût et quelques situations auraient pu être un peu plus creusées.
Commenter  J’apprécie          21
vacances en famille dans la maison des ancêtres dans laquelle on vient de construire une piscine. On nous promet le portrait d'une génération qui porte sur le monde un regard lucide et désabusé. On a une petite lecture agréable et courte mais qui n'offre ni tranchant ni acidité. ça se lit au bord de la piscine justement ...
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (126) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}