Les pépés flingueurs sont de retour et leurs armes sont les mêmes : de savoureux dialogues, une bonne dose d'humour, servie par des situations cocasses. Peut-être un peu trop cocasses d'ailleurs. Bon, pas de suspens, c'est bon, mais un cran en dessous du premier tome.
Lupano choisit l'option, plutôt qu'une histoire au long cours sur plusieurs tomes, d'un nouveau récit, même si, bien sur, des éléments perdurent. Si, dans le tome précédent, c'était Antoine qui était rattrapé par son passé, cette fois c'est Pierre. Mais le résultat n'a pas la même cohérence. On a un peu l'impression d'un agglomérat de sketchs qui, en soi, sont plutôt réussis mais dont le fil conducteur n'a plus l'avantage de la surprise et assure moins le lien entre les trois compères. Par moments, chacun mène un peu son histoire dans son coin. Il y a quand même d'excellents moments, comme la découverte de la communauté anarchiste du troisième âge de Pierre "ni yeux, ni maîtres", d'autres un peu plus poussifs (mais jouissifs quand même, on ne se refait pas), comme l'attentat gériatrique lors d'un meeting de JF Copé. On retrouve moins, également, l'ambiance nostalgique du premier tome,
Lupano préférant mettre en avant le désir intact d'aller de l'avant des "seniors". La dimension critique est, je trouve, moins réussie, plus terre à terre, plus facile et s'éparpille sur plusieurs thématiques : ça tire à boulet rouge sur l'UMP, ça fustige les stratégies marketing des entreprises et ça nous rappelle que la planète il faut en prendre soin. Ce dernier point remet en scène la question de l'héritage (ce qui paraît inévitable, vu l'âge des personnages) mais le premier tome réussissait cette incroyable alchimie d'adresser, à travers une situations individuelle, une critique politique (au sens noble du terme), débarrassée de la dimension idéologique et surtout qui était universelle et intemporelle : qu'avez-vous fait du monde que vous nous léguer, vous les vieux ? Comment l'avez-vous géré ? Pour finir, le dessin est toujours aussi bon, expressif et dynamique.
Paul Cauuet a un vrai talent pour trouver la gueule de l'emploi de ses personnages, sans tomber excessivement dans le stéréotype (on est presque dans de l'archétype de l'ordinaire ).
Bien évidemment quatre étoiles tout de même car un
Lupano, même en petite forme, ça demeure au-dessus de la mêlée.