Les salauds gentilshommes, tome 1 : Les mensonges de Locke Lamora

-La...Division Minuit...Vous voulez dire...c'est une putain de blague. C'est vous l'Araignée ?
-Oui, répondit-elle, et, par les dieux, ça fait du bien d'enfin lancer ça à la face de quelqu'un qui peut l'apprécier.
-Mais, dit Locke, l'Araignée est...ou du moins je pensais que l'Araignée était...
-Un homme ? Vous comme le reste de cette ville, maître Ronce. J'ai toujours trouvé que les idées toutes faites étaient le déguisement ultime - pas vous ?

Jean, tu as mal compris. (Maranzalla donna un coup de pied nonchalant dans la rapière miniature, qui partit en cliquetant sur les dalles du toit.) Ces petits arrogants qui font encore dans leurs couches viennent ici pour apprendre l'art pittoresque et bien élevé de l'escrime, avec ses nombreuses limitations chics et ses proscriptions à l'égard des engagements déshonorants. Toi, en revanche, dit-il en se retournant pour donner une tape ferme mais amicale au milieu du front de Jean, tu vas apprendre à tuer des gens.

[Jean Tannen] Je ne sais plus ce que je dois ressentir à propos de tout ça. Mes parents m'ont appris à être honnête, que les lois et les dieux abhorrent la rapine. Mais maintenant, je découvre que la rapine a son propre dieu. Et je peux soit mourir de faim dans les rues, soit me sentir bien ici.
[Locke Lamora] Ce n'est pas si grave, dit Locke. je n'ai jamais rien fait d'autre, autant que je me souvienne. La rapine est une activité honnête, quand on la regarde sous le même angle que nous. On y travaille parfois vraiment très dur.

Je te donne la permission de courtiser ma fille.
Là, c’est l’heure de flageoler, non ? firent les genoux de Locke, mais son bon sens lança une contre-proposition : se figer sans rien faire, comme un homme qui se promène dans l’eau et qui voit un grand aileron noir foncer droit vers lui.

« -Je le sais parce que je l'ai cloué au plancher il y a une heure ou deux. Je lui ai coupé les doigts pour le faire parler et, quand il a eu avoué tout ce que je voulais entendre, je lui ai tranché sa putain de langue avant de cautériser ce qu'il en restait.
Tout le monde dans la pièce le dévisagea.
- Je l'ai aussi traité de peigne-cul. Il n'a pas apprécié. »

-Je ne vole que parce que ma chère vieille famille a besoin d'argent pour vivre.
Locke Lamora déclama cette réplique en levant son verre [...] Les autres commencèrent à le conspuer:
-Menteur! entonnèrent-ils.
-Je ne vole que parce que ce vilain monde ne me laisse pas mener d'honnêtes affaires! s'écria Calo en levant son verre.
-MENTEUR!
-Je ne vole que parce que je dois subvenir aux besoins de mon fainéant de frère jumeau, dont l'indolence a brisé le cœur de notre mère ! dit Galdo en donnant un coude de coude à Calo.
-MENTEUR!
-Je ne vole que parce qu'en ce moment j'ai de mauvaises fréquentations, déclara Jean.
-MENTEUR!
Finalement, ce fut au tour de Moucheron d'accomplir le rituel; le garçon leva son verre en tremblant légèrement et hurla:
-Je ne vole que parce que c'est trop marrant!
-SALAUD!

— C’est très étrange, reprit le Fauconnier, comme les preuves de nos victoires peuvent devenir l’instrument de notre perte.

Par les dieux, j’adore cet endroit, dit Locke en se tapotant les hanches. Parfois, je me dis que cette ville a été mise ici pour satisfaire les dieux et leur amour du crime. Les pickpockets détroussent les passants, les marchands détroussent ceux qu’ils parviennent à duper, le capa Barsavi détrousse les détrousseurs, les petits nobles détroussent pratiquement tout le monde, et le duc Nicovante sort parfois avec son armée et dépouille Tal Verrar ou Jerem, sans parler de ce qu’il inflige à ses propres nobles et à ses féaux.

- Tu as un plan ?
- Non, répondit Locke. Pas l’ombre d’un. Pas la moindre putain d’idée. Mais n’est pas comme cela que mes meilleurs stratagèmes commencent ? Je trouverai une ouverture… et après, je vais être méchant.

Il n'y a pas de meilleure liberté que celle d'être constamment sous-estimé.