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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La vérité a fait tomber davantage d'hommes que les balles de revolver.
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Ce tome est le premier d'une série à suivre. Sa première publication date de 2017. Il a été réalisé par Darko Macan pour le scénario, Igor Kordey pour le dessin et la supervision des couleurs, et par Desko pour la mise en couleur. La traduction et le lettrage ont été assurés par Fanny Thuillier. le personnage principal est inspiré de Bass Reeves (1838-1910), premier shérif adjoint noir de l'United States Marshals Service à l'ouest du Mississippi, qui a essentiellement officié en Arkansas et en Oklahoma. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.

Arizona, 1875. Alors que le ciel se pare de magnifiques tons pour le coucher de soleil, River Bass, un afro-américain, se trouve dans une situation intenable : au pied d'un très gros arbre, une corde autour du cou, les mains liées dans le dos, sur un cheval dont la longe est attachée à une des racines, mais qui résiste de plus en plus mal à la tentation d'aller manger les feuilles d'un buisson à deux ou trois pas de distance. Bass tente de le calmer avec des paroles douces, mais la corde se resserre inexorablement. Soudain un cavalier arrive au grand galop et prend les rênes de la monture de Bass pour l'empêcher de l'avancer. le colonel Terrence B. Helena présente ses excuses au pendu, tout en coupant la corde et en desserrant le noeud. Il lui explique la situation : la bonne nouvelle est que Bass n'est effectivement pas la personne qu'il cherche. La mauvaise nouvelle est que l'homme en question, un dénommé Bill Derby, s'est révélé véritablement pénible. Il a fichu la frousse à ses adjoints et Helena a dû régler ça tout seul. du coup, il a une proposition pour Bass. Il a entendu beaucoup de bien de lui, du mal aussi mais moins qu'il ne l'aurait cru. Il en est venu à se dire qu'il serait peut-être l'homme de la situation pour appréhender le gang que Bill Derby prévoyait de rejoindre. Il lui demande de réfléchir à sa proposition et il lui offre le chapeau de Derby, avec le trou là où la balle qui l'a tué a pénétré.

Le lendemain, par une belle journée, la famille Bass, monsieur & madame, ainsi que leurs six enfants, ont fini de manger. Bathsheba indique à son mari River qu'elle n'aime pas ce nouveau chapeau, car le trou en fait un mauvais présage. Elle n'aime pas l'idée qu'il pourrait être pendu à un arbre à cet instant précis, que les enfants et elle pourraient atteindre en vain son retour sans savoir qu'il est pendu quelque part. et elle n'aime pas le travail qu'on lui a proposé. River décide de la convaincre par la douceur, et leur plus grande fille fait sortir ses soeurs et frères pour assurer l'intimité nécessaire à ses parents. Après leurs ébats, Sheba livre le fond de sa pensée à son mari : la seule et unique raison pour laquelle ce colonel blanc veut qu'il soit son adjoint, c'est parce que River est un homme noir et qu'il doit arrêter un gang de noirs. C'est comme envoyer un chien chasser des loups, voilà ce que c'est. Elle défie River de lui dire le contraire. Quelques jours plus tard, le gang de Milord attaque la ville d'Olive Grove. Ils ont pillé la banque et s'enfuient à cheval, mais plusieurs habitants sont armés et leur tirent dessus.

Ce n'est pas la première fois que ce scénariste et ce dessinateur collaborent ensemble, et tout en menant à bien cette série, ils ont également réalisé un superbe diptyque : Colt & Pepper, Colt et pepper, tome 1 : Pandemonium à Paragusa (2020), Colt et Pepper, tome 2 : Et in Arcadia ego (2021). Un western de plus : certes la bande dessinée franco-belge ne manque pas d'excellentes séries dans ce genre, ce qui incitent les auteurs à se montrer originaux. Ces derniers ont choisi de mettre en scène un marshal adjoint afro-américain, ce qui en fait un personnage original et ce qui rend sa mission plus difficile du fait du racisme qui est bien présent dans ces pages. le lecteur peut se dire que les auteurs en font un peu de trop, ce qui nécessite de sa part un surcroît de suspension d'incrédulité consentie, mais il s'avère qu'un tel individu a bel et bien existé. Cet état de fait ramène l'histoire dans un domaine plausible, même si le lecteur sait bien qu'il s'agit d'un récit de type aventure, avec actes de courage et conventions de genre, comme les chevauchées dans des paysages naturels, des individus patibulaires sans foi ni loi, des échanges de coups de feu, tout ce qui fait un western classique. le lecteur plonge dans cette ambiance western dès la première page, avec ce bel arbre et ce ciel presque enflammé par le coucher de soleil.

L'artiste impressionne par le degré de détails de ses dessins et sa capacité à reconstituer l'époque et les environnements pour une véracité historique saisissante. En page six, le lecteur découvre la ferme modeste des Bass : une vue en extérieur du bâtiment construit à l'ombre de deux grands arbres magnifiques, les murs en pierre, l'enclos à cochon, les poules et le coq, le chien à l'ombre de l'avancée du toit, les deux chevaux dans leur enclos, le puits artésien, le tonneau en bois à demi enterré pour servir d'abreuvoir, le soc de charrue. L'aménagement intérieur a bénéficié de la même implication de l'artiste : la grande pièce principale, la table en bois et les bancs tout simples, la cuisinière à bois, les quelques casseroles et pots sur l'unique étagère, le baquet en bois, le lit des parents uniquement séparé de la pièce principale par une tenture et le crucifix accroché au-dessus du lit. Dans un dessin en double page, dix & onze, spectaculaire, le lecteur se retrouve dans la grand-rue, l'unique rue, d'Olive Grove. Par a suite, il se retrouve aux côtés de divers personnages dans des environnements comme un zone désertique rocailleuse pour un feu de camp et une nuit à la belle à étoile, un long chemin de terre, entre deux vastes prairies, menant à une ferme, avec son portique en bois pour marquer le début de la propriété, l'intérieur de cette ferme avec également sa grande pièce principale, le crâne d'un buffalo avec ses deux cornes suspendu à un autre portique, une haute éolienne avec sa girouette, une superbe chevauchée dans une zone désertique avec ses cactus et ses formations rocheuses en arrière-plan, l'approche de la petite ville de Dardanelle avec un début de végétation rase et éparse, et les bâtiments de cette ville une fois le gang en pleine action pour le pillage.

Il s'agit bel et bien d'un récit d'aventure, avec ses scènes spectaculaires. le lecteur admire les paysages naturels et leur belle mise en valeur grâce à la mise en couleurs qui vient rehausser les reliefs, installer une ambiance lumineuse, que ce soit la nuit tombée ou la belle luminosité d'une espace grand ouvert à perte de vue, qui vient ajouter des éléments descriptifs en couleur directe. le dessinateur emporte d'entrée de jeu le lecteur dans ces lieux, et rend plausible chaque situation, avec un dosage sophistiqué du spectaculaire en fonction des besoins. le lecteur en prend plein la vue avec le dessin en double page dix & onze : la demi-douzaine de membres du gang de Milord en train de s'enfuir à tout allure d'Olive Grove après avoir dévalisé la banque, et un groupe d'une vingtaine d'habitants en train de se défendre et de les attaquer, soit avec des armes à feu, soit avec n'importe quel outil contondant ou tranchant qui leur est tombé sous la main. Une scène d'une sauvagerie peu commune, à l'opposé d'une violence esthétique, attestant d'un affrontement fruste, désordonné, avec des individus qui ne sont pas des combattants de métier. C'est brutal, violent, barbare, primal, sans même parler de Myra abattu par un coup de feu à bout portant dans le visage. Par la suite, le lecteur se rend compte qu'il est totalement investi et impliqué dans des scènes comme des dialogues avec une tension à couper au couteau, les pauvres propriétaires de la ferme battus et attachés en plein soleil par le gang de Milord, leur fille qui risque de se faire abattre de sang froid pour éviter de laisser des témoins, la chevauchée dans les rues de Dardanelle.

Le scénariste maîtrise donc pleinement son dosage, et conçoit un récit qui fait la part belle à la narration visuelle, avec des moments où les dessins portent largement plus de la moitié des informations. L'intrigue s'inscrit dans un fil directeur très classique du western : un groupe de bandits mené par un chef autoritaire et qui écume la région pour s'approprier les richesses des patelins (piller les banques), et investir des fermes pour y séjourner en massacrant les propriétaires et leur famille, voire leur serviteur ou leur esclave, et consommer leurs ressources. le lecteur apprécie que le récit soit porté par l'intrigue comme une vraie aventure. Il ressent que le scénariste la raconte comme un adulte, avec des touches d'acceptation de l'état du monde (la réalité du racisme), d'indignation (le colonel demandant à son adjoint Steff s'il trouve normal qu'il y ait toujours eu des antis et des pauvres), de résignation (obligation de faire usage de la force et de la violence, de subir pour partie la loi du plus fort), de cynisme (tant pis pour les pauvres bougres qui connaissent une fin brutale, c'était inéluctable), d'acceptation (Sheba sait qu'elle ne pourra pas faire changer d'avis son mari), d'arbitraire (Milord peut décider d'abattre la fillette comme il peut très bien la laisser en vie, sans autre raison que l'impulsion du moment), d'injustice (Pourquoi River Bass se retrouve-t-il pendu une deuxième fois ?), et de pulsion de vie, de continuer à se battre malgré tout parce que l'alternative est pire. Il s'agit donc d'un récit profondément adulte sous ses atours de western et d'aventures.

Pour un western de plus, avec toutes les conventions bien établies du genre ? Oui, sans aucune hésitation. Igor Kordey est un conteur formidable, à la fois pour la vitalité et la justesse de ses personnages, pour ses mises en scène spécifiques à chaque situation, pour la qualité de sa reconstitution historique, pour le souffle et la lumière de ses grands espaces, pour le dosage parfait du spectaculaire quand nécessaire, pour son implication exemplaire dans les séquences visuelles complexes. En plus, le scénario fonctionne sur une dynamique simple et efficace, avec une soif de justice inextinguible, et des individus qui se comportent en adulte conscient du caractère imparfait et injuste de la vie et de la société, ce qui ne les empêche pas de faire leur possible pour l'améliorer en fonction de leurs moyens, avec un courage admirable.
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Quand la BD western rencontre Tarantino.
1875, River Bass, un black affranchi, se retrouve chargé en tant qu'aide US Marshall d'infiltrer un gang de noir, anciens esclaves, qui sème la terreur en Arizona. Leur chef Milord est un blanc, méprisant ses hommes, et trouvant son plaisir dans la violence. Bass ne doit sa survie qu'au témoignage complaisant d'un bon gars, Beef, qui, pour ses propres raisons, accepte de voir en lui un bandit qu'il a connu. Mais Bass n'est pas au bout de ses peines.
C'est saignant, tranchant, sans grande morale… bref l'analogie avec certains films de Tarantino s'impose. le tout serait assez sombre, sans une forme de deuxième degré, portée notamment le duo de blacks sympathiques, Beef et Pork, qui ne cessent de se chamailler. le dessin a un certain style, adapté au sujet.
Un western inattendu et plaisant.
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L'action se déroule en Arizona en 1875. Une bande d'esclaves noirs affranchis répand la terreur en attaquant des villes et des banques.

Le personnage principal est inspiré de Bass Reeves (1838-1910), premier shérif adjoint noir de l'United States Marshals Service à l'ouest du Mississippi. Il est recruté alors qu'il était sur le point d'être pendu. Sa compagne est persuadée qu'il a été recruté uniquement parce qu'il est noir et qu'il faut pourchassé des noirs, pour qu'il soit un chien chassant les loups.

Marshall Bass va intégrer le gang en se faisant passer pour un autre, il sera aidé en cela par un autre membre du groupe, Beef. le gang est dirigé par un véritable salopard (avec toutes les caractéristiques du méchant ou tous les clichés si l'on veut). Une vraie brute qui peut rappeler Lee van Cleef dans certains de ses rôles de méchants dans les westerns filmés des années 70.

Je ne connaissais aucun des auteurs, ni le scénariste, ni le dessinateur, ni le coloriste. Et je dois avouer que j'ai beaucoup apprécié leur composition. le scénario se déroule comme celui d'un film. Il en est de même pour les dessins : la variété des plans et les enchainements rendent la lecture facile et attractive. Les gros plans sont saisissants de même que les plans larges. J'ai passé beaucoup de temps à décortiquer certaines cases car la richesse graphique est extrême et les détails très nombreux. le travail sur les ombres des visages est impressionnant et permet de dégager beaucoup d'expressions en particulier sur les visages des hommes de couleur.

J'ai beaucoup aimé cette BD et j'ai hâte de lire la suite des aventures de Marshall Bass.
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Welcome to hell !
Si River Bass flirte avec la mort, il sait aussi faire danser la vie. Décroché in extremis d'une pendaison injuste par le colonel Terrence B. Helena qui l'avait lui-même suspendu à l'arbre, il accepte de devenir le premier marshal noir afin d'infiltrer la bande de Milord, un sinistre Blanc flanqué d'anciens esclaves affranchis, sanguinaires et hors-la-loi.
Grosse claque à la lecture de cette chevauchée du diable ! Chaque case dessinée, bourrée de détails, d'une rare force expressive, est sous tension. le texte est taillé à l'os et colle parfaitement à l'image. Les couleurs sont superbes, délivrant des atmosphères autant aurorales que crépusculaires. Baignant l'ensemble dans une ambiance fantastique, le trait, les ombres portées, les couleurs éclatantes rappellent l'oeuvre de Richard Corben (né en 1940), géant de la bédé américaine. L'humour et le graphisme décalent le récit horrifique vers le grotesque. le lecteur ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon, du Beef ou du Pork, « Hé, hé, hé… », « Hu, hu, hu ! ». L'histoire vraie à partir de laquelle s'inspire le récit vaut son pesant de plomb puisque le premier marshal afro-américain des Etats-Unis aura coffré plus de 3 000 criminels puis expédié ad patres, en état de légitime défense, 14 malfrats. le 2e tome vient de paraître et au regard de la maestria développée dans le premier opus, on peut s'attendre à nouveau à un grand plaisir de lecture.
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Ça c'est du western, un qui débouche les artères et tord les boyaux, l'histoire coule comme un bourbon très fort, et pas forcément dans le sens du courant. J'ai aimé le récit, le dessin, l'ambiance. Tarantino pourrait en faire un très bon film croyez moi !
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Deuxième album que je me suis offert lors du 48h BD la semaine dernière. BD et westerns j'adore ! J'ai donc découvert cet auteur et ce dessinateur que je ne connaissais pas, ma culture bedephile étant pauvre. Eh bien j'ai dévoré ce premier opus même si le dessin est parfois un peu sombre mais au service des histoires violentes. Je poursuivrai en tous cas cette série avec un plaisir certain . D'autant que la préface de Macan donne véritablement envie de découvrir ce destin revisité par ces 8 tomes pour le moment
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