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Citations sur Façons de lire, manières d'être (27)

Le lecteur oscille sans cesse entre la place qui lui est assignée par un dispositif syntaxique, qui lui fait sentir ce dont il est question, et la conduite de réappropriation par laquelle il regarde ce dispositif comme une "capacité" mise à sa disposition. Oscillation merveilleuse : promesse de vie poétique. Comme s'il fallait en effet se reconnaître, mais se reconnaître "juste à côté" : prolonger le texte, avec le sentiment d'avoir été précédé par lui, mais le prolonger dans ce que Proust appelle "une direction divergente de lui-même", c'est-à-dire l'altérer. (p. 227)

Se donner des modèles.
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La lecture silencieuse qui est désormais la nôtre n'est pourtant pas sans voix ni sans mouvements ; c'est une lecture pensive, qui déclenche en réponse la parole intérieure du lecteur. "Ne vous est-il jamais arrivé, lisant un livre, de vous arrêter sans cesse dans votre lecture, non par désintérêt, mais au contraire par afflux d'idées, d'excitations, d'associations ? En un mot, ne vous est-il pas arrivé de lire en levant la tête ?", demandait Barthes. (p. 40)

Infléchir ses perceptions.
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Ouvrant un recueil de poèmes de Francis Ponge, je lis par exemple ce titre : « Dans le style des hirondelles » , et me voici captée par une forme extérieure, invitée à en suivre le mouvement et à essayer en moi-même ce style, cette forme particulière du vivre.
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C'est cela la lecture réécrire le texte de l'oeuvre à même le texte de notre vie (BARTHES)
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Voilà sans doute le genre de processus qui anime la vie intérieure d'un lecteur. Chaque forme littéraire ne lui est pas offerte comme une identification reposante, mais comme une idée qui l'agrippe, une puissance qui en tire en lui des fils et des possibilités d'être. Il s'y trouve suspendu à des phrases, à ces forces d'attraction qui nourrissent en continu son propre effort de stylisation.
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Il n'y a pas d'un côté la littérature et de l'autre la vie, dans un face-à-face brutal et sans échanges qui rendrait incompréhensible la croyance aux livres - un face-à-face qui ferait par exemple des désirs romanesque de Sartre (...) une simple confusion entre la réalité et la fiction, un renoncement à l'action, une humiliation du réel, et par conséquent un affaiblissement de la capacité à vivre. Il y a plutôt, à l'intérieur de la vie elle-même, des formes, des élans, des images et des manières d'être qui circulent entre les sujets et les oeuvres, qui les exposent, les animent, les affectent. La lecture n'est pas une activité séparée, qui serait uniquement en concurrence avec la vie; c'est l'une de ces conduites par lesquelles, quotidiennement, nous donnons une forme, une saveur et même un style à notre existence.
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L'expérience du roman offre l'occasion d'"être" ses propres possibles, de s'augmenter en une vie plurielle, de tirer en soi-même les fils de l'humain et d'y essayer une forme qui vous devance; mais aussi bien d'éprouver le rétrécissement de ces possibles , de voir tomber derrière soi les orientations vitales comme des feuilles mortes; le cours de la vie est alors la course de chacun devant le resserrement de ses propres voies narratives.
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Considérons donc la lecture comme un exemple de conduite esthétique intégrée, qui se déploie sur un arc existentiel complet. Intégrée, c'est à dire : non isolée des autres moments d'une esthétique de la vie quotidienne, de toutes les autres conduites qui s'y trouvent mises en jeu. (p15)
Au moment où l'on lève les yeux, on essaie en effet des attitudes mentales, on prépare des souvenirs, on répond au livre en nouant dans un va-et-vient exemplaire un nouveau lien avec le monde, ce monde auquel on n'a pas fait que tourner le dos ; c'est la chance de rejouer dans la lecture et après elle l'accès au réel, mais aussi de l'accès à soi-même. (p41)
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Le théâtre de la lecture, comme celui du sommeil, est l'une de ces situations d'inaction apparente qui reposent pourtant sur la permanence de l'initiative individuelle, où l'on acquiesce à une certaine passivité - mais une passivité active, vigilante. (p. 53)

Infléchir ses perceptions.
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En 1939, la littérature offre donc une réponse en pleine saison osbcure. Nous voici au point où le lecteur, mû par l'espérance, s'insère à vif dans les formes. Comme si la clôture du récit suffisait à faire l'expérience de ce que c'est qu'un sens, à projeter figuralement sa propre vie. Cette esthétisation , cet espoir fondé formellement, justifie chez Sartre une comparaison musicale, un appel répété à la "mélodie".
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