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EAN : 9782714312785
384 pages
José Corti (05/05/2022)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Nous sommes attachés aux oiseaux, depuis longtemps et par des liens de toutes sortes : par l'émerveillement, la curiosité, la chasse, les rites... Par la langue aussi, car la virtuosité des oiseaux et leur façon d'enchanter les paysages posent aux hommes la question de leurs propres langages, de ce que leur parole à eux sait déposer de bien dans le monde. L'histoire de la poésie est d'ailleurs en grande partie consacrée à dire et entretenir ces attachements. Or voic... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre s'inscrit dans une genre particulier : l'écopoétique. C'est une forme de poétique (études des représentations et des formes du langage) en lien avec la nature. Ici, l'auteur prend l'oiseau comme sujet principal et en détaille avec érudition et vivacité toutes les caractéristiques : sa beauté, son chant, ses couleurs, sa capacité unique à voler. Cela l'amène à s'intéresser au langage et en particulier au symbole de l'oiseau dans la poésie, et même à la façon dont l'oiseau est un animal propre à exister à travers la poésie. Je conseille cette lecture aux amoureux des oiseaux... et de la poésie !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
OR VOICI QUE LES OISEAUX TOMBENT
Endeuillement, recueillement – extrait
   
Il nous faut aujourd'hui apprendre à faire avec, vivre avec, des deuils aux dimensions inédites : l'abandon de milliers de corps à leur sort, à leur errance ou à leur échouage sur nos rives ; les destructions actuelles ou anticipées des centaines d'espèces vivantes, de milliers de forêts et de territoires, mais aussi d'un grand nombre de langues, et de cultures et de formes de vie...
Vivre dans ce monde abîmé, à l'ère des disparitions multiples, ce sera sans doute faire quelque chose de ces disparitions : nous rapporter un peu mieux à ces pertes, les laisser nous prendre, nous saisir, nous affecter, nous « faire quelque chose » comme on dit, et nous faire si possible quelque chose de bien.
   
C'est cet état endeuillé et les gestes qu'il appelle que pensent aujourd'hui les Extinction studies, ces savoirs rassemblés autour de la notion d'extinction, « comme se rassemblaient jadis autour du feu les créatures conscientes de leur vulnérabilité ». La perte y est posée « comme une réalité polymorphe mais aussi comme la tonalité et l'expérience propres à notre temps ». ...
Savoir, aujourd'hui, c'est souvent savoir ce qu'on a perdu, qui on a perdu. Mais c'est aussi vivre avec cette perte, penser par le deuil et depuis la disparition : « Les Extinction studies pourraient bien travailler à exaucer le voeu secret de l'anthropologie, reformulé par la Théorie critique : se constituer en discipline ouvertement mélancolique, capable, dans son attention à la perte, de déjouer les mécanismes de la domination et de repenser les conditions de la vie commune* ». ...
   
Donna Haraway écrit après Thom van Dooren ou Deborah Bird Rose qu'il nous revient de « pleurer avec »** pour à la fois penser et vivre, c'est à dire pour mesurer nos conditions réelles de vie et de mort, savoir de qui nous dépendons, qui dépend effectivement de nous, nous rappeler et dire à force de mélancolie ce à quoi l'on tient et qui nous tient. Ça peut faire ricaner ce lexique, cette place faite au chagrin, quand on les voit comme une communion sensible un peu régressive, sans force d'accusation contre le destructeur en chef, le capitalisme financier. Reste sans doute qu'on ne défend que ce à quoi on s'est d'abord attaché.
   
pp. 172-173 / * Romain Noël, « Une science mélancolique », Critique, Vol. 860-861, 2019 / ** cité dans son article.
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ÉMERVEILLEMENTS, ATTACHEMENTS
La vocation écologique du poème – extrait
   
... l'oiseau au coeur de ce qu'il faut reconnaître, sans hésiter, comme une vocation écologique de la poésie, un contrat écologique même : ce chant d'amour où le poète et l'oiseau se rapportent l'un à l'autre naît dans un paysage, c'est à dire dans un plus vaste écosystème de vies et de paroles, où le poème est fait pour célébrer le retour de la sève, la floraison, les feuilles, les fruits, tout ce renouveau, l'expressivité végétale qui s'appellera, chez les trouvères du Nord, la « reverdie » (« Verdir, chanter », selon la formule ramassée de Raymond Queneau dans sa Petite cosmogonie portative).
C'est en effet le paysage entier, le milieu vivant tout entier, reverdissant, refleurissant, renaissant, qui enseigne le chant, le fait pousser, le nécessite :
   
« Pro ai del chan enssenhadors. entorn mi et ensenhairitz. praz e vergiers albres e flors. voutas d'auzelhs e lays e critz. per lo douz termini suau »
« Autour de moi j'ai d'excellents maîtres et maîtresses de chant : les prés et les vergers, les arbres et fleurs les mélodies d'oiseaux leur lais leurs cris, par la douce saison nouvelle »*
   
* Traduit et cité par Jacques Roubaud, La Fleur inverse. L'Art des troubadours, Paris, Les Belles Lettres, 2009, p. 146.
   
pp. 45-46
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Le « soudain » est sans doute le rythme temporel de l’oiseau, le rythme de son surgissement. Soudain l’oiseau, c’est la forme de sa venue, le rythme qu’il met dans le monde, sa façon de paraître et de créer une trouée.

...
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L’oiseau ne saurait être un thème en poésie. Il pose au poème la question du vivant, des façons qu’a le vivant de sonner et de se faire entendre ; il lui pose la question de la beauté, de la dépense, de la merveille, de ce que la beauté fait au monde et dans le monde ; il lui pose enfin la question de la voix, ou plutôt de « l’articulation d’une voix et d’une pensée », c’est-à-dire du langage, rien de moins.


… sujets d’un battement incessant entre l’ici et le lointain, le familier et l’inappropriable.

… l’oiseau ou la sauvagerie adorable.
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Le chant des oiseaux comme celui de la vie qui se louerait elle-même, qui jouirait d’elle-même : voilà le legs du poème.
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Vidéo de Marielle Macé
Marielle Macé est venue présenter son nouvel ouvrage Respire aux éditions verdier. Ce livre parle d'aujourd'hui, de nos asphyxies et de nos grands besoins d'air. Parce qu'une atmosphère assez irrespirable est en train de devenir notre milieu ordinaire. Et l'on rêve plus que jamais de respirer: détoxiquer les sols, les ciels, les relations, le quotidien, souffler, respirer tout court. Peut-être d'ailleurs qu'on ne parle que pour respirer, pour que ce soit respirable ou que ça le devienne. Il suffit de prononcer ce mot, «respirer», et déjà le dehors accourt, attiré, aspiré, espéré à l'appel de la langue.
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