Hématite, tome 1 : Sérénade

Hématite est une vampire. En tant que vampire elle devrait aller à l'école Diaemus. Mais il faut croire que ses parents sont d'un genre nouveau, car ils lui ont permis d'intégrer l'école publique selon son souhait. Pourtant, fricoter avec des mortels ou des monstres au faible pedigree risque de lui attirer des ennuis. Reste à savoir si le jeu en valait la chandelle, et si les vrais amitiés peuvent vaincre les frontières de castes...

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Je crois avoir découvert l'existence de cette BD en feuilletant une revue jeunesse (laquelle, je ne saurais plus le dire). le dessin, le synopsis, le thème m'avaient attiré. Mais bien moins encore que le titre : Hématite.
Hématite. Un mélange magique entre le nom d'une fleur et celui du sang. Il fallait donc que j'en aie le coeur net.

Bonne pioche !

J'ai beaucoup aimer plonger dans cet univers, rencontrer Hématite et les autres. Dès les premières planches ont voit que l'imagination de l'autrice va nous transporter, et l'on se plait à chercher dans les détails des dessins.
L'histoire promet d'être intéressante et travaillée, le revirement suspecté arrive, mais dans une forme inattendue.
Mention spéciale pour les parents vampires, les régulateurs, les ténébreux troubadours, le familier Viktor, la petite goule, la lycanthrope, la squelette à couettes, le tentaculaire gélatineux, bref, pour tous ces personnages qui font de ce premier tome une introduction vraiment bien bâtie et qui donnent à cette série un intérêt certain.

La photo ne rend pas justice à la beauté de cette couverture avec ses effets et son magnifique dégradé de couleurs tirant sur le bleu vert, mais elle restitue assez bien ce sentiment de décalage que ressent Hématite vis-à-vis de son environnement.

En effet, la jeune fille vampire n'aime pas l'idée de boire du sang. Une aberration qui ne manque pas de mettre les nerfs de son père à rude épreuve, d'autant qu'en plus de faire honte à sa haute lignée, Hématite refuse d'étudier à la fameuse académie Diaemus où vont tous les vampires ! Elle lui a préféré une école où différentes créatures se côtoient. Une mixité pas vraiment au goût de ses parents ancrés dans un mode de pensée traditionnel, si ce n'est archaïque, ne laissant que peu de place à la tolérance et à la différence.

En plus d'une situation familiale complexe, la jeune vampire connaît également les affres de l'amour. Éperdument amoureuse d'un humain, Émile, elle n'ose lui exprimer ses sentiments ouvertement, préférant les coucher dans son carnet où son âme et son coeur sont mis à nu. Il y a quelque chose d'extrêmement poétique dans la mélancolie de cette vampire dont les aspirations profondes et très humaines la coupent de sa famille et, dans une certaine mesure, de la réalité.

Hématite semble quelque peu enfermée dans une relation fantasmée qui sublime les quelques échanges qu'elle a pu avoir avec cet humain qui lui a, sans le vouloir, ravi son coeur. Mais un concours de circonstances pourrait bien lier inexorablement ces deux personnes si différentes l'une de l'autre. L'une exaltée et aspirée par son âme de poétesse, l'autre par sa curiosité naturelle qui la pousse vers le monde de l'occulte auquel appartient Hématite… le final, plutôt brutal, laisse entrevoir une suite intéressante et riche en rebondissements !

Amour au sens presque noble du terme, préjugés, poids de l'héritage familial, décalage, entre les attentes des parents et les aspirations des enfants, mal-être, sentiment de ne pas être à sa place, racisme… Tout autant de thématiques développées avec force et sensibilité dans cette belle BD. L'amitié, valeur importante, que l'on soit vampire, humain ou goule, revêt également une place certaine, Hématite pouvant compter sur le soutien inconditionnel de sa meilleure amie.

Une amie dont la nature ne plaît guère aux parents de la jeune vampire, mais qui va se révéler pleine de ressources et de bonne humeur, bien que pas toujours de très bons conseils… Drunela contrebalance le caractère taciturne d'Hématite prompte aux emportements, n'oublions pas qu'elle reste une vampire après tout ! Elle sert un peu de médiatrice entre Hématite et ses autres camarades dont une louve-garou avec laquelle il va y avoir parfois quelques étincelles. Si cette louve-garou se révèle peut-être un peu caricaturale, elle offre une évolution intéressante et prouve qu'il est parfois utile d'aller au-delà des préjugés.

En conclusion, Victoria Maderna et Federico Piatti ont trouvé avec Hématite un bel équilibre entre la puissance du sentiment amoureux, la force de l'amitié et la difficulté de certaines relations parents/enfants, tout en s'assurant de soigner l'ambiance d'une BD à l'esthétique très gothique. Il se dégage ainsi des illustrations et du texte une atmosphère ténébreuse et surnaturelle, mais aussi une impression de mélancolie emplie de poésie et de sensibilité. Et puis, difficile de ne pas être touché par une jeune vampire qui ne se sent pas à sa place, une thématique qui devrait parler à bon nombre de (jeunes) lecteurs et lectrices, et qui va trouver dans la poésie un moyen d'exprimer ce qu'elle n'ose énoncer.
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Une sympathique petite trouvaille dans le rayon BD jeunesse 2021, "Hématite" est ce que j''appelle affectueusement un "univers ténébreux sympathique", soit un décor fantastique sur la thématique des monstres, où ces derniers sont généralement gentils et tiennent la vedette, à la manière d'Amélia Fang, Fingus Malister, Mortina ou Mélusine.

C'est donc dans un monde où coexistent humains et créatures de l'obscure que vit Hématite, jeune adolescente vampire de 12 ans, et ses amis. Fille unique de M. et Mme Blackwood, Hématite refuse de boire du sang et a choisi de faire sa scolarité à l'école de quartier plus "publique" que ce collège pour vampires privé que voulais la voir fréquenter ses parents aristocrates. Elle verse dans la poésie, cultive de doux sentiment pour Émile, l'humain de sa classe, et subit les moqueries liés aux stéréotypes des vampires. En effet, Berthe ( Loup-Garou) a beaucoup de préjugés contre Hématite et a du mal à lui faire confiance. Ceci-dit, elles ont Drunela comme amie commune. Drunela est une goule ( une "Draugr" pour reprendre ses termes) qui semble être la meneuse de leur groupe d'amis et qui a une relation très solide avec Hématite. Donc, dans ce premier opus, nous suivons Hématite et ses sentiments pour Émile, sa relation houleuse avec ses parents et les amis de Drunela, ses étranges crises de colère, son ardent besoin d'être comprise et les premiers interdits qu'elle va briser avec son groupe d'amis. Mais le tome s'achève sur une note sinistre qui va faire basculer le récit vers une direction plus dangereuse et éthiquement questionnable.

Comme dans la plupart des premiers tomes de BD, on plante le décor, qui est vraiment bien! Ok, un monde de monstres n'est pas en soit nouveau, mais j'ai une mention particulière à faire aux personnages, qui eux sont assez rafraichissants. Drunela m'aura particulièrement surprise. D'ordinaire, en jeunesse, la "meilleure amie" n'incarne pas la meneuse du groupe, mais c'est le cas ici, malgré un physique qui semblait lui profiler un personnage détaché et secondaire. Au contraire, je trouve Drunela entrepreneuse, intelligente, audacieuse et rassembleuse. Son look tranche, mais c'est justement plaisant de sortir des conventions. Hématite est une âme sensible, incomprise, timide et empatique. Elle veut se conformer à son propre code moral, qui va aux antipodes des codes vampires et donc, de sa famille. Elle dégage souvent une forte mélancolie et des yeux tristes, mais malgré ses airs presque soumis, elle parvient à rester sur ses opinions. J'ai beaucoup aimé Berthe, jeune femme loup-garou ( yeah! Enfin une fille pour cette espèce!) costaude, franche, méfiante mais aussi capable de changer d'avis. Il y aussi Alphonse ( sorte de monstre en gelé jaune au cerveau visible dans sa tête, genre "The Blob"), seul gars du groupe ( alors ça c'est rare!) et Frida, zombie, qu'on aura du mal à décrire vu le peu d'infos à son sujet. Un personnage très tertiaire pour le moment. Enfin, il y a Émile, vêtu comme un bourgeois, plutôt calme et sérieux, qui verse dans les arts occultes et semble plutôt froid. On sait qu'Hématite a le béguin pour lui, mais en dehors de son physique, difficile de voir ce qu'elle lui trouve.

Donc, j'ai trouvé pleins de belles qualités à cette BD. le traitement des personnage est vraiment intéressant, ils ont des personnalités distinctes, assez différentes, des expressions faciales efficaces et j'adore le fait qu'ils changent de vêtements chaque jours comme des êtres normaux ( dans la plupart des BD jeunesse, les personnages conservent les même vêtements tous les jours).

L'histoire coule bien, on se demande si la petite vampire fera ses premiers pas vers Émile, mais plus loin, on se rend compte qu'un autre enjeux s'ouvre du côté de Drunela, avec sa tante emprisonnée où une procédure interdite serait en cause. On apprend à mieux cerner l'univers en présence, les disparités d'espèces et de classe, ainsi que les lieux.

J'apprécie le fait qu'on revienne aux bons vieux vampires folkloriques qui se changent en chauve-souris aristocrates et vieux-jeux , très loin de cette version horripilante de la "Fascination" où ils avaient des airs de starlettes de soap américains au tempérament dépressif tout droit sortis de chaudières de paillettes de fée Clochette. Au moins, dans leur formule classique, ces vampires sont crédibles.

Je pense que cet univers a du potentiel, surtout si les auteurs gardent cet axe nouveau sur le traitement des personnages. J'aime beaucoup la présence de ces jeunes filles, qui sont plusieurs pour changer et qui nous livre un message de tolérance et d'ouverture d'esprit.

Côté dessin, là aussi je trouve que c'est du beau travail. On utilise les hachures noires pour renforcer l'obscurité et une palette terre pour le nuancier, ce qui fait ressortir certaines couleurs plus rares. D'ailleurs, j'aime le choix du bleu pour la couverture, qui nous sort de ce sempiternel Noir ou Rouge typiquement associé au Vampire. Après tout, c'est un bon choix de couleur pour Hématite et son gros côté "Fleur bleue". Et on peut cerner tout de suite à son regard tragique, les mains serrés sur son journal de poésie, de quel genre de personnage il s'agit, sans trop en révéler non plus.

À travers cet univers très Halloween, demeure le fait qu'il s'agit de traiter d'adolescence, de ses hauts et ses bas, les amitiés, la famille , le sentiment d'être incompris ou différent. Clairement, on reste dans quelque chose d'accessible et de touchant.

Espérons que la suite sache conserver cette étonnante douceur qui sied étonnamment bien à cet univers ténébreux.

Pou un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans.

Tout d abord un grand merci a Masse critique et aux éditions Dargaud pour cette BD .Hématite loin de Vampirella et d autres sanglantes héroïnes de "fumetti ". Cette stryge qui n aime pas le sang , cette fillette rêveuse qui poétise son âme en vers souvent désespérés qui a pour meilleure amie une goule et copine avec une momie et une louve garou , qui est amoureuse (malgré une absence physique de coeur ) d un garçon humain , mais ne peut nier sa lignée , ni ce qu'elle est quand elle ne parvient pas a maîtriser sa rage qui la défigure et provoque des drames Oui cette Hématite est attachante , tendre est disons le humaine .Une BD a siroter avec la paille de Dracula

Deep in earth my love is lying
And I must weep alone.
Edgar Allan Poe

Envoûtée par sa couverture et ses très jolies cases à l'intérieur j'ai décidé de lire cette petite histoire croc chouette.
On navigue dans un univers victorien-burton-punk (le dernier mot je l'écris juste parce que ça sonnait bien) avec une petite vampire en crise d'ado et d'amour, qui tente de se révolter contre tout. Sa nature, les brimades à l'école qu'elle subit, et les angoisses du futur. Rien de révolutionnaire en somme mais ça fonctionne. Et surtout l'atmosphère y est vraiment magnifique.
Je regrette juste que l'histoire ne soit pas (du tout) terminée à la fin de l'album et comme je ne vois pas de suite prévue j'ai bien peur que cette histoire parte dans les Enfers des planches à jamais suspendues.