La voie directe

Extrait de l'avant-propos

Ce livre va vous révéler les méthodes employées par un Sage authentique pour guider pas à pas son disciple. C'est ce qui fait la valeur et l'originalité de cet ouvrage.
Nombre d'entre vous sont au fait de l'enseignement de Râmana Mahârshi, l'un des plus grands Sages du XXe siècle ; aussi cet enseignement ne sera-t-il pas présenté ou commenté de nouveau. Nous renvoyons le lecteur aux trois ouvrages précédents sur Bhagavân Râmana, particulièrement Le Son du silence.
Par contre, celui-ci diffère quelque peu des précédents, et dans une certaine mesure de ceux d'autres auteurs/traducteurs. Pourquoi ? Bhagavân expose ici son enseignement, ou, pour être plus juste, témoigne de sa réalisation du Soi, en termes particulièrement simples, directs et vivants. Comment ? En faisant parfois le «candide». C'est-à-dire qu'il joue le jeu du chercheur en posant les questions que tous et toutes nous nous posons (ou nous nous sommes posées), et qu'il donne ensuite les réponses toujours aussi simplement, en termes compréhensibles.
Même si ces «techniques» d'enseignement ou de transmission - ces «moyens habiles» disent les Tibétains - étaient présentes dans d'autres ouvrages, elles étaient, dirions-nous, «diluées» dans la richesse des mots et de l'enseignement du Sage, d'un texte le plus souvent très dense, avec de longs paragraphes, de longues expositions, et souvent de nombreuses notes et commentaires...

Le ton est ici celui de la transmission directe et vivante de maître à disciple. Direct. Précis. Simple. Cette transmission est issue de son expérience de l'Unité, de la Réalité.
Aussi les réponses de Bhagavân Râmana sont-elles courtes, entaillées d'exemples concrets, de métaphores. Parfois, il pousse encore plus avant le processus ou le raisonnement en se mettant à la place de la personne qui doute, ou qui n'a pas encore bien assimilé ce qui vient de lui être expliqué, avançant un hésitant ou un sceptique : «Oui, mais...». Le Sage anticipe aussi tous les questionnements, toutes les interrogations. Aussi joue-t-il encore le jeu, avec patience et amour, et délivre-t-il une réponse encore plus simple, encore plus juste, encore plus lumineuse. Tout est dit.
En ce sens, le chercheur est guidé, accompagné pas à pas avec une infinie sollicitude et une infinie patience. Vous trouverez ce procédé particulièrement dans le chapitre II sur l'état de veille et de rêve, sur la création, dans le chapitre III sur le rôle du mental et du contrôle du souffle ou prânâyâma, etc.

Les règles de vie telles que se lever à la même heure, faire ses ablutions, pratiquer le mantra-japa, etc., sont pour ceux qui ne se sentent pas attirés à pratiquer l’investigation du Soi, ou n’en ont pas l’aptitude. Mais pour ceux qui peuvent l’observer, toutes les règles et disciplines sont inutiles.

Juste avant de se réveiller du sommeil, il y a un état très court, libre de toute pensée. Celui-ci devrait être permanent.

Connaître son propre Soi c’est seulement être son propre Soi, car il n’y a pas de seconde existence. Ceci est la réalisation du Soi.

Ces instructions spirituelles et le satsang sont certainement l’essentiel, la « crème », les « perles » de l’enseignement de Râmana Mâharshi, me disait l’Âshram. Aussi sommes-nous heureux de le présenter au public français. Les paroles du Sage, présentées ici en treize chapitres, furent recueillies et transcrites par l’un des plus anciens et proches disciples, A. Devarâja Mudaliar. Il est le premier darshan de Râmana Mâharshi à la grotte de Virupaksha, dans les années 1910. Il entreprit une sâdhanâ auprès de lui dès 1930. Il s’établit au Srî Râmanâsramam en 1940 et y resta jusqu’en 1966. Ces paroles du Maître furent consignées en 1945 dans son livre, Gems from Bhagavân, publié en 1965 par Srî Râmanâsramam, Tiruvannamalai (ce livre eut un tel succès qu’il fut réédité neuf fois, la dixième en 2014 !).
Patrick Mandala

Bien que s’étant abandonné ainsi à la volonté divine, l’aspirant devra faire des efforts soutenus dans la pratique de la juste méthode enseignée par le guru et ce, tant qu’il sera toujours un chercheur et que son sens de l’ego n’aura pas disparu.

Si nous investiguons sans cesse la nature du mental, nous trouverons qu’il n’y a rien qui puisse être appelé « mental ». Ceci est la voie directe ouverte à tous.

La chose à faire est de se concentrer sur le voyant et non sur le vu, non sur les objets, mais sur la Lumière qui les révèle.

Q : Quel est ce Soi dans l’expérience présente ?
R : C’est la Lumière qui resplendit éternellement dans la grotte du Coeur [guhya hridaya] en tant que flamme de la Conscience « Je-Je » – l’éternel et bienheureux sat-chit-ânanda. Ceci est la réponse au vichâra et à son accomplissement. Le « Je » qui a déterminé et amené une quête dans sa propre nature, a enfin trouvé qu’il n’était autre que le pur Mental, l’Être immaculé, reposant de toute éternité dans la bienheureuse félicité. C’est turîya, le Quatrième [état], ou samâdhi (l’état le plus haut).

Voyez bien tous les différents états. Acceptez que seul cet état est l'Un suprême et véritable, et enga- gez-vous dans l'action; voyez votre propre vie comme un jeu.
Vous avez découvert Cela qui est la Réalité en votre Cœur, au-delà de toutes les apparences de ce monde. Aussi, sans laisser Cela disparaître de votre vue, jouez vous-même comme vous l'entendez dans ce monde.